Franc-maçonnerie
La loge Anik au Labrador depuis 1976
par Éric Cyr
Considérée à tort ou à raison comme une société secrète depuis des siècles, la franc-maçonnerie est certainement, si tel est le cas, la société fraternelle séculière la plus ancienne et la plus connue du grand public. Bien que différentes origines soient attribuées aux francs-maçons, la plus répandue fait référence au métier de maçon qu’ils exerçaient principalement en Europe au Moyen-Âge alors qu’ils oeuvraient à la construction d’églises, de cathédrales et de châteaux. D’ailleurs, le compas et l’équerre, des symboles très significatifs dans la franc-maçonnerie, rappellent cette époque et sont liés à des traditions médiévales.
Pour démystifier cette confrérie
Ils étaient nombreux à travailler en tant que tailleurs de pierre et c’est à cette période que serait née la première loge sur les chantiers afin de nourrir et d’abriter ces travailleurs venus de partout. Leurs voyages dans plusieurs pays leur ont permis d’apprivoiser différentes techniques de construction, mais aussi d’assimiler de nombreuses connaissances en côtoyant des bâtisseurs de cultures et de confessions variées. Ils auraient travaillé sur plusieurs projets d’architecture de concert avec les Chevaliers de l’ordre du Temple (les Templiers), avec qui ils auraient entretenu des liens étroits, en utilisant une technique très spécifique appelée « géométrie sacrée ». La discrétion des francs-maçons remonte peut-être au fait qu’ils devaient se méfier de l’Inquisition qui a « officiellement » sonné le glas de l’ordre des Templiers. Plusieurs traditions des francs-maçons sont échelonnées sur des siècles. La légende se mélange parfois à l’histoire et il est difficile de bien démêler les deux. La première grande loge maçonnique fut fondée à Londres en Angleterre en 1717 par contre, les origines exactes de la franc-maçonnerie sont plus nébuleuses. Des documents attestent la présence de loges en Écosse dès 1598 où la maçonnerie serait possiblement née. Les rites maçonniques les plus répandus dans le monde sont le rite d’York, le rite émulation, le rite écossais ancien et accepté et le rite français. Tous les membres des Shriners, qui financent des hôpitaux pour enfants, sont obligatoirement au départ des francs-maçons.
Des lois universelles
Malgré leurs liens historiques avec la chrétienté, ils ont été excommuniés par l’Église catholique en 1738, et de nombreuses références bibliques intégrées à leurs rituels, les francs-maçons sont ouverts aux autres religions et prônent un caractère inclusif sans discrimination. D’ailleurs selon le grand maître du District Grand Lodge de Terre-Neuve-et-Labrador issu de la grande loge d’Écosse, W. Scott Bartlett qui était à la loge Anik no. 1707 à Labrador City dans le cadre d’un banquet lors de l’assermentation des membres officiers, le 9 septembre dernier : « La franc-maçonnerie n’est pas une religion et n’endosse aucune cause politique, mais accepte des gens de multiples croyances. L’objectif est de rassembler des hommes bons et d’en faire des hommes meilleurs. Nous sommes essentiellement une association philosophique et philanthropique. Les francs-maçons contribuent à des œuvres de bienfaisance et de charité de façon désintéressée. La franc-maçonnerie propose des valeurs qui reposent sur les lois universelles de la vie, non pas des dogmes ou des règles sociales édictées par des hommes en quête de pouvoir pour asservir leurs semblables. » Comme s’il se doutait que le journaliste allait lui poser la fameuse question se rapportant au caractère du secret, le frère Frederick Hiscock lance à la blague : « Nous sommes une société avec des secrets, mais pas du tout une société secrète ! » Assez loin de la théorie du complot.
Il existe 11 loges qui relèvent de la grande loge d’Écosse et 32 loges de la grande loge de Terre-Neuve-et-Labrador. Le Québec pour sa part compte 74 loges franc-maçonniques. Il y aurait plus de 6 millions de francs-maçons à travers le monde.