Parti libéral du Québec
D’un scandale à l’autre
par Éric Cyr
L’ancien premier ministre du Québec, le libéral Jean Charest et un ancien collecteur de fonds du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Bibeau, sont visés par une enquête de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) alors que les partis d’opposition scandalisés demandent à l’actuel premier ministre libéral Philippe Couillard de rendre des comptes.
La grande famille libérale éclaboussée
Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, continue de défendre les amis libéraux selon le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, dont le parti a exigé et obtenu une enquête de la Vérificatrice générale (VG), d’abord rejetée par le premier ministre, sur différentes ententes entre le gouvernement libéral et l’ex-grand argentier libéral Marc Bibeau. Selon la CAQ, l’actuel directeur de cabinet de M. Couillard, Jean-Louis Dufresne, a été au centre d’un système d’influence qui a bénéficié à la famille libérale et a défendu les intérêts économiques de Bibeau avec qui il a eu des liens d’affaires.
Les spectres libéraux hantent le gouvernement
Le chef de l’opposition officielle, Jean-François Lisée, du Parti québécois (PQ), à l’instar des autres partis d’opposition s’est dit « frustré » de constater que l’enquête visant M. Charest n’ait pas encore abouti et il a fait un lien direct entre ces révélations et les accusations de fraude, d’abus de confiance et de corruption qui visaient l’ancienne ministre dans le cabinet Charest et ancienne vice-première ministre du Québec de 2007 à 2011, Nathalie Normandeau, et l’ex-ministre et organisateur politique libéral, Marc-Yvan Côté, arrêté par l’UPAC au printemps 2016 et qui fait face à des accusations de complot, de corruption de fonctionnaires, de fraudes envers le gouvernement et d’abus de confiance au terme d’une enquête sur l’octroi de financement politique en échange de contrats publics. Ce dernier, qui a comparu devant la commission Gomery et dont la réputation a aussi été entachée par la commission Charbonneau, avait été banni à vie du Parti libéral du Canada pour son implication dans le scandale des commandites dans les années 1990. Selon le chef péquiste, on a maintenant la preuve que l’UPAC a travaillé jusque l’an dernier à essayer de faire une démonstration qu’en haut de la pyramide, il y avait Jean Charest et Marc Bibeau.
« Mme Normandeau n’a pas travaillé toute seule, M. Côté n’a pas travaillé tout seul. Les firmes d’ingénieries n’ont pas travaillé toutes seules : il y avait une tête à ce réseau », poursuit M. Lisée.
Des squelettes dans le placard
La CAQ a demandé que la VG, qui a finalement obtenu le mandat d’étudier les liens commerciaux, notamment les contrats de location et les baux conclus entre les entreprises de Marc Bibeau et toute organisation du gouvernement et de se pencher plus précisément sur les conditions d’octrois et les conditions financières de ces derniers, afin d’assurer aux Québécois que les contrats signés avec les entreprises de Marc Bibeau par le gouvernement du Québec ont été conclus à la valeur marchande et conformément aux meilleures pratiques dans leur attribution.
Les libéraux et la mafia
La CAQ dénonce l’aveuglement volontaire et symptomatique de Philippe Couillard qui a finalement cédé en faisant appel à la VG : « Il faut toujours attendre que l’évidence lui saute aux yeux pour qu’il bouge. Qu’il le veuille ou non, le passé rattrape Philippe Couillard qui s’est entouré des mêmes personnes au cœur du système d’influence libéral : les mêmes proches de Marc Bibeau, les mêmes qui ont servi sous Jean Charest. »
La députée caquiste de Montardville, Nathalie Roy, a exigé la tenue d’une commission parlementaire pour entendre le sergent détective Yves Francoeur de la Fraternité des policiers du Service de police de la Ville de Montréal qui allègue selon la CAQ que : « des enquêtes criminelles bétons ont été bloquées, notamment parce que celles-ci touchaient deux membres du caucus libéral dont un député libéral qui est toujours en fonction et qui aurait favorisé un promoteur immobilier proche de la mafia. » Selon Mme Roy, on parle d’une enquête criminelle pour fraude, trafic d’influence, modifications législatives dans un dossier immobilier.
Charest-Couillard, deux faces d’une même pièce?
Selon le chef de la CAQ, François Legault : « Philippe Couillard essaie de prendre ses distances des années Bibeau-Charest, de faire croire que tous les problèmes appartiennent au passé. Il est consternant de le voir aussi passif. Il se lave les mains de l’époque du gouvernement Charest, alors qu’il en était une des têtes d’affiche! Philippe Couillard doit comprendre que les Québécois sont en colère. Ils en ont assez des histoires de copinage libéral. On apprend chaque jour de nouveaux liens entre l’entourage du premier ministre et les grands argentiers du Parti libéral. Les scandales et révélations troublantes, eux aussi, se multiplient. »