Transport aérien régional
Une interprétation douteuse
par Éric Cyr
Malgré les explications sommaires des raisons ayant entraîné la récente paralysie du service de vols commerciaux à l’aéroport régional de Wabush au Labrador, qui a commencé ses activités en 1961 et qui est sous la responsabilité du gouvernement fédéral, des doutes subsistent au sein du public en ce qui concerne la capacité des autorités aéroportuaires à assurer la sécurité des passagers.
Selon l’ancien superviseur de structures, surfaces et entretien mobile pour le ministère des Transports du Canada à l’aéroport local, Kirk King, le démantèlement du service de sécurité incendie aéroportuaire, qui a été réinstallé récemment et qui est maintenant fonctionnel après avoir été retiré durant près de cinq ans à l’aéroport de Wabush n’était pas dû à une baisse de la demande, mais plutôt à la volonté du ministère d’éviter des exigences de sécurité plus strictes. Celui-ci explique que les règles de sécurité ont été réécrites pour économiser de l’argent et que la suppression de ce service durant près de cinq ans n’aurait pas dû se produire. Les agents de sauvetage et lutte contre les incendies d’aéronefs qui ont repris du service respectent les exigences et les normes de la règlementation canadienne de l’aviation depuis le 1er octobre 2025 et donc la problématique ayant entraîné la fermeture de l’aérodrome aux vols commerciaux ne relève pas d’un manque d’effectifs ou de compétences. Le problème serait plutôt lié à l’incapacité de Transports du Canada qui aurait failli à entretenir son matériel conformément aux spécificités opérationnelles. La raison pour laquelle l’aéroport a été fermé durant près de deux jours serait l’usure des pneus d’un camion de pompiers, qui ont une durée de vie légale de dix ans, car c’est un véhicule d’urgence, n’ont pas été remplacés malgré une demande en ce sens qui datait de plus de deux ans et demi.
Selon le co-fondateur du groupe Advocates for Safer Airports in Canada (Coalition pour des aéroports plus sûrs au Canada), Chris Bussey, le ministère fédéral des Transports a profité de la diminution de l’achalandage aérien durant la pandémie qui a entraîné une baisse du trafic commercial aérien qui est passé sous la barre annuelle des 180 000 passagers commerciaux durant ce ralentissement directement causé par la Covid-19 en 2020 pour justifier le retrait du service de sécurité incendie local. La croissance importante de la présence d’avions Boeing 737 et des vols nolisés transportant des travailleurs en navettage (fly-in/fly-out), qui sont demeurés en activité durant cette période, aurait dû avoir plutôt l’effet inverse en contribuant à une mise à niveau de ce service en l’adaptant à la taille et à la fréquence des aéronefs et non pas à une rétrogradation de la classification de l’aéroport. Au lieu de cela, les responsables ont contourné cette obligation en retirant les vols nolisés de l’équation ce qui leur a permis d’éviter des coûts additionnels que ce nouveau calcul aurait nécessités par l’embauche de pompiers supplémentaires et l’achat d’équipements. M. Bussey explique que le volume annuel de passagers commerciaux dépasse à nouveau annuellement les 180 000 voyageurs aériens. Il juge que l’interprétation des données à l’époque par les autorités fédérales relève de la mauvaise foi et que considérant les chiffres actuels cette aérogare fonctionne en deçà des attentes nationales et internationales en matière de sécurité et que Transports Canada devrait baser ses décisions sur les risques réels et non sur une comptabilité « créative ».