Mycologie
En quĂȘte de champignons sauvages
par Ăric Cyr
Une Ă©quipe de quatre mycologues semi-professionnels sâest dĂ©placĂ©e dans la rĂ©gion, du 28 aoĂ»t au 5 septembre 2022, afin de cueillir Ă des fins scientifiques des champignons sauvages qui poussent sur le territoire fermontois. Ils feront ainsi un premier inventaire des espĂšces locales et en dĂ©couvriront peut-ĂȘtre certaines qui sont rares ou inconnues de la science. Lâobjectif ultime est de rĂ©pertorier tous les champignons qui poussent en sol quĂ©bĂ©cois et de les rĂ©unir dans une vaste base de donnĂ©es en continuel dĂ©veloppement contenant 3252 diffĂ©rents macrochampignons et myxomycĂštes inventoriĂ©s jusquâĂ maintenant au QuĂ©bec.
Câest un premier dĂ©placement Ă Fermont pour ces passionnĂ©s de randonnĂ©es en forĂȘt qui se sont dâabord intĂ©ressĂ©s Ă ce monde inexplorĂ© par curiositĂ©. Ils souhaitent que leurs travaux puissent contribuer Ă enrichir les connaissances sur le sujet et faciliter les recherches sur la biologie et le cycle de vie des champignons qui demeurent mĂ©connus.
Connexion mutualiste
Ces passionnĂ©s espĂšrent que les dĂ©couvertes dans le domaine, qui ont dĂ©jĂ dĂ©terminĂ© que les champignons sont essentiels Ă lâĂ©quilibre Ă©cologique, permettront de dresser une liste dâespĂšces menacĂ©es afin de conserver celles qui sont en danger.
Mme Lebeuf confie : « Ce que bien des gens ne savent pas, ou quâils ne voient pas, câest quâil existe des liens symbiotiques inextricables entre les rĂšgnes fongique et vĂ©gĂ©tal. Un rĂ©seau souterrain dans lequel le mycĂ©lium des champignons, constituĂ© dâun enchevĂȘtrement de filaments dans le sol, sâassocie de façon bĂ©nĂ©fique, sous le manteau de lâhumus, avec le systĂšme racinaire des arbres et des plantes, formant ce quâon appelle des mycorhizes. Cet Ă©change dâĂ©lĂ©ments nutritifs est essentiel Ă la croissance et Ă lâexistence des deux entitĂ©s. Les champignons, qui sont capables, grĂące Ă leurs enzymes, de dĂ©composer et de dissoudre les roches, puisent les minĂ©raux dans le sol et les rendent accessibles aux vĂ©gĂ©taux qui rĂ©compensent les champignons en retour en leur fournissant des sucres produits par la photosynthĂšse quâils ne peuvent synthĂ©tiser eux-mĂȘmes puisquâils sont exempts de chlorophylle. Outre les minĂ©raux, les champignons fournissent aux arbres de lâeau, ce qui leur permet de bien mieux rĂ©sister aux sĂ©cheresses. »
Par ailleurs, les champignons jouent un rĂŽle majeur dans lâĂ©quilibre forestier naturel en dĂ©composant, de concert avec les bactĂ©ries, les insectes et les vers de terre, les matiĂšres organiques et en les transformant en humus qui devient un Ă©lĂ©ment nutritif pour les vĂ©gĂ©taux. Sans la prĂ©sence des champignons, les arbres et les plantes mourraient Ă©touffĂ©s par leurs propres dĂ©chets.
Les chercheurs bĂ©nĂ©voles, qui participent Ă des forums internationaux, contribuent Ă un travail collaboratif mondial visant un partage des connaissances. Ils photographient leurs collections, les dĂ©shydratent, les identifient selon lâendroit oĂč ils poussent et selon le type de sol avant de les mettre en sac en leur donnant un numĂ©ro de collection afin de les conserver dans un fongarium (herbier de champignons) et de les analyser plus tard au microscope. Par la suite, MycoquĂ©bec effectue le sĂ©quençage et lâanalyse de lâADN afin de dĂ©terminer, par comparaison avec les sĂ©quences de rĂ©fĂ©rences existantes, si lâespĂšce est dĂ©jĂ connue ou pourrait ĂȘtre nouvelle pour la science.
Pour en savoir davantage, consulter le site internet mycoquebec.org, le blogue mycoquebec.org et la page Facebook Mycoquébec.