PĂ©nurie de logements sur la CoÌte-Nord
Des groupes communautaires inquiets
par Ăric Cyr
Le dernier rapport sur le marchĂ© locatif produit par la SociĂ©tĂ© canadienne dâhypothĂšques et de logement (SCHL) rĂ©vĂšle que le taux dâinoccupation des logements en location sur la CoÌte-Nord est trĂšs en deçà du seuil dâĂ©quilibre du marchĂ© et que le prix des loyers augmente en flĂšche. Des organisations communautaires ont braquĂ© les projecteurs, le 8 fĂ©vrier dernier, sur cette problĂ©matique qui affecte lâensemble du territoire nord-cĂŽtier.
CitĂ© des BĂątisseurs, un groupe de ressources techniques, la Table des groupes populaires de la CoÌte-Nord et le Front dâaction populaire en rĂ©amĂ©nagement urbain (FRAPRU) ont fait part de leurs inquiĂ©tudes Ă propos de la dĂ©tĂ©rioration des conditions de logement dans la rĂ©gion. Ils ont aussi dĂ©voilĂ© de nouvelles informations sur la situation des mĂ©nages locataires en se basant sur des donnĂ©es du recensement de Statistique Canada de 2021, analysĂ©es dans la 8e Ă©dition du « Dossier noir logement et pauvreté » du FRAPRU.
Les organismes demandent au gouvernement du QuĂ©bec de planifier un vĂ©ritable grand chantier de logements sociaux sous diffĂ©rentes formes et de prĂ©voir un financement Ă©chelonnĂ© sur plusieurs annĂ©es plutĂŽt que le faire au compte-goutte budget aprĂšs budget. Ils rĂ©clament aussi un programme pĂ©renne et spĂ©cifiquement dĂ©diĂ© au logement social pour assurer la mise en chantier rapide de ces logements. Ils pressent aussi le gouvernement de la Coalition avenir QuĂ©bec (CAQ) dâintervenir pour mettre un frein Ă la flambĂ©e du coĂ»t dĂ©mesurĂ© des prix de loyers et dâaccentuer les protections lĂ©gales renforcĂ©es contre les Ă©victions abusives visant Ă augmenter les tarifs des loyers.
Selon les organismes communautaires, ces chiffres rĂ©cents illustrent lâimportance que QuĂ©bec devrait accorder au dossier en planifiant sur-le-champ un grand chantier de logements sociaux et en implantant dâautres mesures structurantes pour Ă©viter que la situation du logement ne continue de se dĂ©grader et ne dĂ©gĂ©nĂšre encore plus. Ă leur avis, il est impĂ©ratif de prĂ©voir, dĂšs maintenant, un financement pour plusieurs annĂ©es plutĂŽt que de le faire au compte-goutte budget aprĂšs budget, ainsi quâun programme pĂ©renne et spĂ©cifiquement dĂ©diĂ© au logement social pour assurer la mise en chantier rapide de ces logements.
Selon les rĂ©centes donnĂ©es de Statistiques Canada, la proportion de mĂ©nages locataires sâest accrue sur la CoÌte-Nord et atteint 28,7 % de la population. DĂ©jĂ en 2021, 1650 mĂ©nages locataires de la rĂ©gion, soit 16 % dâentre eux, vivaient dans un logement inabordable consacrant plus de 30 % de leur revenu pour se loger. Ces organismes communautaires constatent que lâitinĂ©rance est de plus en plus visible sur le territoire nord-cĂŽtier et que les demandes dâaide de locataires se multiplient. Il existe actuellement une prolifĂ©ration des demandes pour des projets de logements sociaux. Or, le seul programme de QuĂ©bec destinĂ© Ă financer des projets de logements sociaux et communautaires ne rĂ©pond pas aux besoins des locataires Ă faibles revenus, observe la directrice de CitĂ© des BĂątisseurs, Doris Rochette. Le fonctionnement par appel de projets et lâabsence de financement pour les Ă©tudes dâavant-projet ralentissent le dĂ©veloppement alors que les besoins sont pourtant urgents. Mme Rochette dĂ©plore que les montants de contributions obligatoires des municipalitĂ©s Ă la rĂ©alisation des projets soient trop Ă©levĂ©s et dĂ©passent les capacitĂ©s financiĂšres de petites villes.
« Câest clair, le programme dâhabitation abordable (PHAQ) imposĂ© par la CAQ depuis deux ans ne livre pas la marchandise », renchĂ©rit la porte-parole du FRAPRU, VĂ©ronique Laflamme. « Le rapport sur le marchĂ© locatif 2024 de la SCHL montre Ă quel point la situation du logement est catastrophique. Câest incomprĂ©hensible que le gouvernement refuse les mesures structurantes, Ă commencer par un programme dĂ©diĂ© au logement social qui fonctionne », sâindigne-t-elle.
Lâexplosion rapide du coĂ»t des loyers ces derniĂšres annĂ©es rend encore plus prĂ©caire le sort de ceux et celles Ă faibles et modestes revenus. Les intervenants remarquent que plusieurs locataires ne connaissent pas leurs droits et sont mal outillĂ©s pour se dĂ©fendre alors que la CoÌte-Nord est une des seules rĂ©gions au QuĂ©bec oĂč il nây a pas dâorganisation de dĂ©fense des droits des locataires. « Face Ă ces situations, des organismes de la rĂ©gion ont dĂ©cidĂ© de mettre sur pied un organisme rĂ©gional de dĂ©fense des droits des locataires qui aura comme mission de dĂ©fendre, dâinformer et de mobiliser les locataires de la rĂ©gion », annonce le coordonnateur de la Table des groupes populaires de la CoÌte-Nord, Michel Savard.