Drapeau du Québec
Célébration de l’emblème national
par Éric Cyr
Le drapeau du Québec, symbole de fierté et d’identité nationale, a célébré ses trois quarts de siècle, le 21 janvier 2023. Le fleurdelisé a flotté pour la première fois au sommet de la tour centrale de l’hôtel du Parlement dans la capitale nationale québécoise à la suite d’un arrêté ministériel du gouvernement de Maurice Duplessis qui lui a accordé le statut de drapeau officiel, il y a 75 ans le 21 janvier 1948.
En termes héraldiques, le drapeau du Québec est défini de la manière suivante : « D’azur à la croix d’argent cantonnée de quatre fleurs de lys du même ». La fleur de lys qui apparaît sur le drapeau du Québec est l’un des plus anciens emblèmes du monde et a occupé une grande place dans l’ornementation en Europe, plus particulièrement en France où elle se retrouvait sur la bannière royale et le drapeau du royaume de France. Les lys blancs du drapeau québécois sont inspirés du lys doré, symbole de la monarchie française.
Je me souviens
Déjà en 507, une première fleur de lys orne le drapeau du roi des Francs, Clovis 1er, considéré comme le premier roi de France. En 1179, le roi français Philippe Auguste reçoit lors de son sacre la bannière fleurdelisée qui l’accompagne dans ses campagnes militaires. L’explorateur et navigateur malouin Jacques Cartier l’utilise aussi comme emblème lors de ses voyages en terre d’Amérique au XIVe siècle. La fleur de lys se retrouvait aussi sur plusieurs bannières de bataillons de l’infanterie française lors de la guerre de Sept Ans, le premier conflit d’envergure mondiale de 1756 à 1763. Elle aurait été présente durant cette période sur des étendards militaires sur des lieux emblématiques et notamment sur ceux des troupes du général français Montcalm lors de la bataille du Fort Carillon (aujourd’hui Fort Ticonderonda) en 1758 au sud du lac Champlain dans l’état de New York, et lors de la bataille des plaines d’Abraham à Québec en 1759.
Dans le vent
En 1902, un prêtre catholique, l’abbé Elphège Filiatrault de Saint-Jude hisse un drapeau azur qu’il a confectionné à partir du modèle de la bannière de Carillon en y ajoutant une croix blanche. C’est à ce moment que serait né le fleurdelisé qui ressurgira quelques décennies plus tard en haut du mat de l’Assemblée nationale. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’élite canadienne-française du Québec se mobilise pour l’adoption d’un drapeau typiquement québécois qui remplacerait l’Union Jack britannique qui flottait dans le ciel depuis la Conquête de la Nouvelle-France en 1759. À cette période, de nombreuses pressions populaires alimentées par une panoplie d’organisations nationalistes réclament l’adoption d’un drapeau. Talonné par le député indépendant, René Chaloult, qui trouve humiliant de voir l’Union Flag flotter sur le parlement de Québec, le premier ministre de l’époque, Maurice Duplessis, cède finalement à cette requête qui marquera l’histoire du Québec, mais en y ajoutant sa touche personnelle. Les fleurs de lys sur l’étendard militaire, l’ancêtre du drapeau québécois, étaient inclinées et pointaient vers les armoiries qui se trouvaient au centre, ce qui ne convenait pas à Duplessis qui a décidé de redresser les fleurs de lys comme il l’explique lors du déploiement de la nouvelle représentation du Québec. « Comme elles apparaissaient légèrement penchées aux quatre coins du drapeau, ordre a été donné pour qu’elles se dressent à l’avenir bien droites vers le ciel, afin de bien indiquer la valeur de nos traditions et la force de nos convictions. »
Un autre symbole identitaire national issu de l’héritage français au Nouveau Monde, le drapeau acadien, appelé parfois le tricolore étoilé, a été adopté par le peuple acadien le 15 août 1884.