Schefferville
Une exposition itinérante
par Éric Cyr
Une exposition ambulante relatant quelques pages d’histoire de Schefferville, de Matimekush-Lac John et de Kawawachikamach, proposée par l’écrivaine et ancienne résidente du lieu, Jocelyne Lemay, « Une montée vers le Nord », s’est arrêtée à Fermont au local vitré en face de l’escalier central au deuxième étage du centre commercial du mur-écran, du 3 au 6 juin 2024.
L’exposition historique, qui relate une partie du passé de l’une des trois villes-champignons de la MRC de Caniapiscau qui ont poussé à la suite de la découverte de gisements de fer avec une incursion dans celui des deux communautés autochtones voisines, a été présentée au Musée régional de la Côte-Nord à Sept-Îles, d’octobre 2021 à mars 2022, puis au centre d’achats Les Galeries montagnaises également à Sept-Îles avant de se déplacer par la suite à Schefferville et d’être exhibée à Labrador City, le 1er juin, à la demande de la minière Rio Tinto IOC avant d’être déployée à Fermont. Elle devrait être de retour à Sept-Îles en septembre selon un souhait d’IOC.
Dans le cadre de cette exposition qui regorge de multiples objets : drapeaux, épinglettes, cartes postales, photos, livres historiques (La grande aventure du fer et L’héritage de Caïn). Mme Lemay invitait le public dans un voyage au cœur de l’histoire qui traverse le temps sur une période de plus d’un siècle. Elle a quitté sa ville natale par la voie ferrée, qu’elle a rebaptisée la route d’acier, en novembre 1988, juste avant le début de la démolition de la ville qui était prévue au printemps 1989 et qui a duré quelques années à la suite des conséquences de la fermeture de la mine de fer d’IOC en novembre 1982, avant de s’établir à Sept-Îles.
L’auteure qui a publié en 2015 le livre Terre rouge, considéré comme un document de référence historique, qui traite entre autres de la vie à Schefferville incluant l’époque de la ruée vers le fer, les grands moments de son histoire et sa quasi-disparition est une passionnée de cet endroit méconnu du Québec. « Cette exposition est une démarche de longue haleine qui découle directement de la parution de mon livre qui aborde le même sujet. À l’origine, cet ouvrage écrit qui relate une période de grands développements de la mer jusqu’au 55e parallèle en plus de divers événements marquants de l’endroit principalement depuis sa fondation. » L’exposition présente le chantier de Burnt Creek devenu Knob Lake puis rebaptisé Schefferville, mais aussi de la présence des communautés innue et naskapie en plus de la prospection qui a permis la découverte de gisements de minerai de fer. Le père Louis-François Babel et ses guides des Premières Nations ont été les premiers à signaler du « gravier rouge » sur le territoire en 1866. Ce n’est qu’à partir de 1937 que les 400 millions de tonnes furent découverts.
« La démarche s’est étirée sur de nombreuses années puisque j’ai commencé à amasser des souvenirs et des photos à l’âge de douze ans. Quand j’ai constaté que je ne pouvais inclure dans l’impression toutes les photos que j’aurais aimées et que je devais faire des choix, l’idée d’une exposition en complément à la publication a germé dans mon esprit et j’ai finalement concrétisé cette aspiration. En fait, ce sont les boîtes de souvenirs de mon grand-père et de mon père qui m’ont amenée à vouloir relater l’histoire du milieu où j’ai vu le jour et où j’ai grandi. »
Mme Lemay se veut un peu la gardienne du riche passé de Schefferville où à une certaine époque, des gens de 22 différentes ethnies se sont côtoyés. « Saviez-vous que durant près de trois ans, 6900 hommes ont travaillé en œuvrant sur sept chantiers dont celui de la construction du chemin de fer qui mène à Schefferville, que la reine Élisabeth II s’est rendue à Schefferville en 1959 et que cette localité nordique a déjà accueilli les Jeux de l’Arctique ? »
confie la Scheffervilloise de cœur qui travaille pour que cette exposition soit accueillie au Musée Shaputuan à Uashat (Sept-Îles).