Clauses discriminatoires envers des handicapés
Une plainte aÌ lâONU contre le gouvernement du QuĂ©bec
par Ăric Cyr
La ConfĂ©dĂ©ration des organismes de personnes handicapĂ©es du QuĂ©bec (COPHAN), la plus grande organisation de dĂ©fense des droits des personnes en situation de handicap de langue française en AmĂ©rique du Nord qui reprĂ©sente une cinquantaine dâorganismes affiliĂ©s, a dĂ©posĂ©, le 23 janvier 2024, une plainte Ă lâOrganisation des Nations Unies (ONU) contre le gouvernement du QuĂ©bec.
[]
« RĂ©cemment, des actions gouvernementales et judiciaires ont mis en lumiĂšre une injustice flagrante envers les personnes invalides au QuĂ©bec », peut-on lire dans la plainte. La COPHAN explique que les citoyens invalides reçoivent, aÌ lâapproche de leurs 65 ans, une lettre de Retraite QuĂ©bec les informant de lâimposition dâune pĂ©nalitĂ© pour avoir pris une retraite anticipĂ©e alors quâils nâĂ©taient pas en mesure de travailler. Cette mesure discriminatoire est non seulement contraire aux principes fondamentaux des droits de lâhomme, mais elle compromet Ă©galement la dignitĂ© et le bien-ĂȘtre des personnes handicapĂ©es.
La CAQ fait cavalier seul
Les clauses discriminatoires de la loi sur le rĂ©gime de rentes du QuĂ©bec (RRQ) ont Ă©tĂ© contestĂ©es avec succĂšs devant les tribunaux par un collectif dâorganismes de dĂ©fense des droits des personnes en situation de handicap, le 28 juillet dernier. Bien que tous les partis dâopposition Ă lâAssemblĂ©e nationale du QuĂ©bec souhaitent, de façon unanime, quâun amendement Ă ce sujet soit apportĂ© Ă cette loi (voir lâarticle intitulĂ© RRQ et rente dâinvaliditĂ© :
faire cesser lâinjustice envers les retraitĂ©s invalides, qui a Ă©tĂ© publiĂ© dans lâĂ©dition du 27 novembre 2023 du Trait dâunion du Nord), le gouvernement de la Coalition avenir QuĂ©bec (CAQ) de François Legault sâentĂȘte Ă ne rien faire pour remĂ©dier Ă cette situation. Le gouvernement Legault a plutĂŽt dĂ©cidĂ© de porter la cause en appel, obligeant de ce fait les personnes contestant cette dĂ©cision aÌ comparaĂźtre, peu importe leur condition physique. « Ces actions soulĂšvent des prĂ©occupations graves quant au respect des droits fondamentaux des personnes handicapĂ©es au QuĂ©bec », explique le prĂ©sident du conseil dâadministration de la COPHAN, Paul Lupien. « Je suis moi-mĂȘme quelquâun qui va sâappauvrir aÌ cause de cette loi inĂ©quitable. »
La COPHAN demande que cette enquĂȘte examine spĂ©cifiquement les points suivants :
-La conformitĂ© des politiques actuelles du QuĂ©bec avec les normes internationales des droits de lâhomme, en particulier en ce qui concerne les droits des personnes handicapĂ©es ;
-Les implications des actions gouvernementales et judiciaires rĂ©centes sur la dignitĂ©, lâĂ©galitĂ© et le bien-ĂȘtre des personnes handicapĂ©es au QuĂ©bec ;
-La nĂ©cessitĂ© dâune rĂ©forme immĂ©diate des politiques fiscales et de retraite afin de garantir une Ă©quitĂ© et une inclusion accrue pour les personnes handicapĂ©es.
La COPHAN croit que lâONU, en tant quâinstance mondiale dĂ©fendant les droits de lâhomme, a un rĂŽle crucial aÌ jouer dans la rĂ©solution de cette situation inacceptable et que lâattention de la communautĂ© internationale sur cette affaire est indispensable pour garantir la protection des droits des personnes handicapĂ©es au QuĂ©bec et prĂ©venir de futures violations.
La COPHAN défend directement ou indirectement les droits de plus de 1 million de personnes en situation de handicap au Québec.