Guerre commerciale
Le Québec en mode riposte
par Ăric Cyr
Dans une rare dĂ©claration ministĂ©rielle prononcĂ©e au Salon rouge de lâAssemblĂ©e nationale, le 4 fĂ©vrier 2025, le premier ministre du QuĂ©bec, François Legault, a tenu Ă faire le point sur la menace tarifaire imposĂ©e par le prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump qui plane sur lâĂ©conomie du QuĂ©bec en sâadressant aux Ă©lus. Le discours prononcĂ© a laissĂ© planer un doute auprĂšs des autres formations politiques qui ne se sont pas mises au diapason de ces belles paroles.
Le chef du Parti quĂ©bĂ©cois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, a critiquĂ© lâapproche de la Coalition avenir QuĂ©bec (CAQ), en dĂ©nonçant son manque de coopĂ©ration et de collaboration avec les autres partis. « DĂšs le 9 janvier, nous avons offert au gouvernement du QuĂ©bec de former une Ăquipe QuĂ©bec qui inclurait les oppositions, les acteurs Ă©conomiques et les experts de sorte Ă parler dâune seule voix et coordonner les prĂ©occupations comme les propositions. La CAQ a balayĂ© du revers de la main cette proposition et a prĂ©fĂ©rĂ© mener les nĂ©gociations seule, ce qui nâa pas empĂȘchĂ© le Parti quĂ©bĂ©cois de faire des propositions. Constatant que nous ne disposons dâaucune information de la part du gouvernement et que les actions de la CAQ demeurent trĂšs opaques, nous souhaitons Ă©viter les erreurs de la pandĂ©mie de mĂȘme que prĂ©venir les dĂ©cisions prĂ©cipitĂ©es qui pourraient causer plus de tort que dâapaisement de la situation. »
Le PQ a Ă©noncĂ© des constats et se pose des questions fondamentales quâil juge importantes dans les circonstances.
– La premiĂšre vague de contre-tarifs annoncĂ©s par le gouvernement du Canada ne reprĂ©sente que le 1/10 de la valeur de nos importations des Ătats-Unis. Il ne sâagit donc pas dâune mesure aussi forte que ce quâon a bien voulu nous prĂ©senter ; cette premiĂšre phase nâentraĂźnera pas nĂ©cessairement une onde de choc ni de grandes remises en question immĂ©diates aux Ătats-Unis. Les revenus gĂ©nĂ©rĂ©s par ces tarifs ne suffiront bien Ă©videmment pas Ă pallier les pertes gĂ©nĂ©rĂ©es par cette guerre commerciale.
– Nous ne savons toujours pas ce quâil est advenu de la demande de François Legault voulant que les tarifs soient redistribuĂ©s pour soutenir les entreprises dans chaque province plutĂŽt que dâĂȘtre versĂ©s dans le budget consolidĂ© du gouvernement du Canada.
– La question est essentielle, car QuĂ©bec vient de faire le pire dĂ©ficit de son histoire Ă 11 milliards, notamment parce que la CAQ a dĂ©pensĂ© sans compter au cours des derniĂšres annĂ©es. Ce dĂ©ficit est grave au point dâamener le gouvernement Ă faire des coupures dans toutes les directions depuis quelques mois : en santĂ©, en Ă©ducation et dans les services sociaux. Le QuĂ©bec nâa donc pas de marge de manĆuvre et risque de voir ses revenus diminuer en cas de rĂ©cession. Augmenter ce dĂ©ficit pourrait causer une dĂ©cote du QuĂ©bec, ce qui nous entraĂźnerait dans une spirale vers le bas et avec elle notre coĂ»t dâemprunt ne cessera dâaugmenter.
– BĂątir des barrages et dâautres projets dâHydro-QuĂ©bec nâest pas une solution immĂ©diate et directe Ă une Ă©ventuelle crise Ă©conomique que la situation actuelle pourrait provoquer. Lâaffirmation de François Legault indiquant que « lâimmense chantier dâHydro-QuĂ©bec va nous aider Ă crĂ©er des emplois qui vont remplacer ceux qui sont perdus » ne tient pas la route. Il faut compter un minimum de
5 ans avant que se crĂ©e un seul emploi dans des projets dâinfrastructure de cette nature. Stimuler les projets Ă©nergĂ©tiques nâest pas pour autant une mauvaise idĂ©e, mais ce nâest pas un plan de match si des difficultĂ©s Ă©conomiques surviennent Ă court terme.
– MĂȘme constat pour lâaffirmation « On va aussi regarder la possibilitĂ© dâaugmenter nos investissements dans les infrastructures ». Dâailleurs, il faut rappeler que le projet de loi dâaccĂ©lĂ©ration des projets dâinfrastructures durant la pandĂ©mie nâa pas donnĂ© les rĂ©sultats escomptĂ©s.
– Une escalade des tarifs entraĂźnera en toute probabilitĂ© le retour de lâinflation, avec les consĂ©quences quâon connaĂźt sur le consommateur quĂ©bĂ©cois.