vendeur itinérant
Nomadisme jusquâĂ Fermont
par Ăric Cyr
Originaire du Saguenay, Guy Simard a sillonnĂ© les routes du QuĂ©bec et du Nouveau-Brunswick durant de nombreuses annĂ©es dans le cadre de son travail de vendeur itinĂ©rant. AprĂšs avoir beaucoup voyagĂ© et parcouru de vastes et magnifiques territoires, câest Fermont quâil a choisi comme rĂ©sidence secondaire et oĂč il pose ses pĂ©nates quelques mois par annĂ©e.
Avec plus dâun demi-siĂšcle au compteur, ce nâest pas la fatigue qui lâa poussĂ© Ă sâĂ©tablir dans le Nord quĂ©bĂ©cois, mais bien lâamour de ce lieu, des grands espaces, et lâhospitalitĂ© de ses gens. Il a appris le mĂ©tier il y a prĂšs de trois dĂ©cennies avant de croiser chez son fournisseur Ă QuĂ©bec un compĂ©titeur, RenĂ© Leblanc. Ce dernier, qui se prĂ©parait Ă prendre sa retraite, a offert de lui vendre son commerce et son circuit et de lâaccompagner pour lui montrer le parcours, lâaider Ă se familiariser avec la clientĂšle et lui prĂ©senter ses contacts. Câest donc cette rencontre fortuite qui a stimulĂ© la fondation de lâentreprise Les Aliments Guy Simard. Il reste toujours en contact avec celui qui lui a appris lâanglais, ce qui lui a Ă©tĂ© fort utile puisquâil devait se dĂ©placer jusquâau Labrador. Les deux hommes ont finalement travaillĂ© 5 ans ensemble. « Je nâapprends pas vite », confie M. Simard en riant.
Il se remĂ©more la premiĂšre fois oĂč il est arrivĂ© Ă Fermont en dĂ©cembre sous un froid sibĂ©rien. Il portait seulement une veste Louis Garneau et de petits souliers. Un policier lâapercevant ainsi vĂȘtu le taquine en lui disant : « Tâes habillĂ© pour aller souper en ville. » Lors de son retour en fĂ©vrier suivant, il sâĂ©tait procurĂ© un manteau arctique Canada Goose et des bottes de motoneige.
Avec son allure de dur Ă cuire, il pourrait Ă premier abord sembler intimidant, mais quiconque lui parle sâaperçoit rapidement quâil cache derriĂšre son sens de lâhumour une grande sensibilitĂ©. « Quand jâai dĂ©cidĂ© de mâinvestir plus sĂ©rieusement Ă Fermont, il y avait une problĂ©matique de logement et câest un ami qui mâa offert lâhĂ©bergement sur place afin de me donner une chance de dĂ©nicher quelque chose qui me conviendrait », explique-t-il dâun timbre de voix grave et rauque. Celui-ci poursuit sur un ton moqueur : « Il ne prenait pas pour la mĂȘme Ă©quipe de hockey que moi alors jâai dĂ©cidĂ© de dĂ©mĂ©nager. »
Guy Simard a finalement eu une occasion en 2016 dâacheter une maison mobile au parc de roulotte quâil a entiĂšrement rĂ©novĂ©e. Il y affiche des tableaux dâartistes locaux et des photos de son chien et de ses chats, ses bĂ©bĂ©s. « Je me suis fait un petit nid douillet oĂč je me sens chez moi et oĂč je peux accueillir des amis. Je me suis bien intĂ©grĂ© Ă la communautĂ© que jâestime particuliĂšrement. Je trouve les gens sympathiques. Câest dâailleurs lâaccueil chaleureux qui mâa incitĂ© Ă prendre la dĂ©cision de mâĂ©tablir ici. »
Bien quâil rĂ©side Ă Fermont en moyenne six mois par annĂ©e, M. Simard ne se considĂšre pas comme un citoyen par intermittence. Il participe activement Ă la vie municipale et sâinvestit dans certains organismes communautaires locaux. « Jâadore Fermont. Heureusement que ma blonde, la belle Nancy, est comprĂ©hensive, mais quand je monte dans le Nord, câest un peu des vacances pour elle. Il y a aussi le climat hivernal rigoureux qui me fige tellement que ça mâaide Ă conserver mon air de jeunesse », lance-t-il Ă la blague.
Comme tout bon citoyen local, il est Ă©cĆurĂ© du piteux Ă©tat de la route 389. Il se dĂ©place maintenant en avion et fait livrer sa marchandise.