Le Bloc québécois a déposé, le 29 octobre dernier, une motion à la Chambre des communes exigeant que le gouvernement fédéral présente des excuses officielles aux 497 Québécoises et Québécois qui ont injustement subi les exactions de la loi sur les mesures de guerre promulguée, le 16 octobre 1970, par Ottawa.
Voici le texte de la motion dĂ©posĂ©e par le Bloc quĂ©bĂ©cois : « Que la Chambre rĂ©clame des excuses officielles du premier ministre au nom du gouvernement du Canada pour la promulgation, le 16 octobre 1970, de la loi sur les mesures de guerre et le recours Ă lâarmĂ©e contre la population civile du QuĂ©bec afin dâarrĂȘter de façon arbitraire, dâincarcĂ©rer sans accusation et dâintimider prĂšs de 500 QuĂ©bĂ©coises et QuĂ©bĂ©cois innocents. »
Il y a cinquante ans, le 16 octobre, et dans les jours qui ont suivi, des soldats de lâarmĂ©e canadienne et des policiers ont fait irruption dans des milliers de foyers quĂ©bĂ©cois pour procĂ©der Ă des perquisitions et des arrestations. PrĂšs de 500 citoyens innocents ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s sans mandat et des dizaines de milliers dâautres ont Ă©tĂ© interpellĂ©s. « Le Bloc quĂ©bĂ©cois est contre toute forme de violence. En octobre 1970, le gouvernement Trudeau a suspendu les droits et libertĂ©s au QuĂ©bec et a lancĂ© lâarmĂ©e contre la population du QuĂ©bec », rappelle le chef du Bloc quĂ©bĂ©cois, Yves-François Blanchet.
Injustement écroués
« Des citoyens innocents ont Ă©tĂ© menacĂ©s, intimidĂ©s Ă la pointe dâune mitraillette, arrĂȘtĂ©s et incarcĂ©rĂ©s dans des conditions qui sont rĂ©servĂ©es Ă de grands criminels. Imaginez un seul instant que des soldats armĂ©s sâintroduisent avec fracas dans votre maison, en pleine nuit, et vous interpellent Ă la pointe dâune mitraillette⊠Il sâagit bien ici, dâune violence politique indigne dâune sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique », a signalĂ© la dĂ©putĂ©e de Manicouagan, MarilĂšne Gill. « Le gouvernement fĂ©dĂ©ral, ce mĂȘme gouvernement qui se proclame contre la violence et lâextrĂ©misme Ă travers le monde, doit faire montre de compassion Ă lâĂ©gard des 497 citoyens quĂ©bĂ©cois ainsi quâĂ leurs familles qui ont vĂ©cu des moments de terreur et qui ont dĂ» composer avec les sĂ©quelles de ces agressions. CâĂ©tait inadmissible il y a 50 ans et ça lâest toujours aujourdâhui. Ottawa doit sâexcuser », a conclu la dĂ©putĂ©e bloquiste nord-cĂŽtiĂšre.
MalgrĂ© la demande officielle du Bloc quĂ©bĂ©cois et bien quâun demi-siĂšcle se soit Ă©coulĂ© depuis lâapplication injustifiĂ©e de la loi sur les mesures de guerre, en octobre 1970, le gouvernement fĂ©dĂ©ral sâentĂȘte Ă ne pas prĂ©senter dâexcuses aux QuĂ©bĂ©cois pour les centaines dâarrestations arbitraires menĂ©es au QuĂ©bec durant la crise dâOctobre. Le gouvernement Trudeau choisit donc de perpĂ©tuer encore aujourdâhui une injustice historique grave commise envers la nation quĂ©bĂ©coise et fait preuve dâun manque total de compassion. Le dĂ©putĂ© bloquiste de Montarville, StĂ©phane Bergeron, qui, lors du dĂ©pĂŽt de la motion, a directement interpellĂ© le fils de celui qui Ă©tait Ă lâĂ©poque premier ministre du Canada et qui avait autorisĂ© la mise en Ćuvre des mesures de guerre, en lui demandant de rendre justice aux victimes sâexprimait aussi Ă la suite du vote, le 2 novembre. « Le premier ministre Trudeau est pourtant prompt Ă faire preuve de contrition lorsque cela sert ses desseins politiques et sâinscrit dans cette perspective multiculturaliste quâil privilĂ©gie. Les seuls, en fait, auxquels le parti libĂ©ral fĂ©dĂ©ral a toujours refusĂ© de prĂ©senter des excuses sont les Acadiens, les MĂ©tis et les QuĂ©bĂ©cois ! Et pour comble dâinsulte, Justin Trudeau ne sâest mĂȘme pas donnĂ© la peine de se prĂ©senter au vote, laissant ses dĂ©putĂ©s porter lâodieux de cette inique dĂ©cision. »
Un mensonge
Le chef du Bloc quĂ©bĂ©cois, Yves-François Blanchet a aussi pris la parole : « La ligne de fracture est claire entre la nation quĂ©bĂ©coise et les provinces canadiennes. Les dĂ©putĂ©s de la Chambre des communes ont adhĂ©rĂ© Ă une version de lâhistoire du Canada qui semble pour le mieux biaisĂ©e. Le fondement de ce mensonge institutionnel repose sur la fausse croyance que la loi sur les mesures de guerre a Ă©tĂ© promulguĂ©e en rĂ©ponse Ă lâenlĂšvement et Ă lâassassinat du ministre Pierre Laporte, que nous condamnons et dĂ©plorons sans Ă©quivoque, et pour contrer une insurrection armĂ©e dirigĂ©e par nul autre que RenĂ© LĂ©vesque, entre autresâŠĂvidemment tel que la GRC lâavait bien dit au premier ministre Trudeau pĂšre, tout cela est faux. La mort de Pierre Laporte a suivi la promulgation et ne lâa pas prĂ©cĂ©dĂ©. Elle sert encore aujourdâhui de prĂ©texte pour justifier lâinjustifiable soit la suspension des libertĂ©s civiles. » Le Bloc quĂ©bĂ©cois est par la suite revenu Ă la charge sur cette question lors de sa journĂ©e dâopposition aux Communes pour demander Ă la Chambre de sommer le gouvernement canadien de sâexcuser dâavoir promulguĂ© la loi sur les mesures de guerre en 1970.