Danse gumboots
Des mines dâAfrique du Sud jusquâĂ Fermont
par Ăric Cyr
Le formateur de danse gumboots, Just AĂŻssi, Ă©tait de passage Ă lâauditorium de la polyvalente Horizon-Blanc dans le cadre dâune activitĂ© de la rentrĂ©e scolaire, le 29 aoĂ»t dernier. Le chorĂ©graphe et percussionniste, qui a dâabord Ă©tĂ© musicien, fait la promotion et expose les plus belles influences de la scĂšne afro Ă travers le pays grĂące Ă une approche de mentorat et de pĂ©dagogie incluant diffĂ©rentes facettes culturelles. Celui-ci a offert une introduction Ă cette danse rythmĂ©e et dynamique nĂ©cessitant lâusage de bottes en caoutchouc aux Ă©lĂšves de tous les niveaux de lâĂ©cole Des DĂ©couvertes, de la polyvalente Horizon-Blanc et de la commission scolaire anglophone Eastern Shores.
La voracité miniÚre, le berceau de cette danse
Just AĂŻssi a expliquĂ© aux Ă©lĂšves attentifs les origines de cette danse africaine percussive accompagnĂ©e de chants se pratiquant, selon la tradition, Ă lâaide de bottarleaux (des bottes de caoutchouc ou gumboots en anglais). Celle-ci tire son origine dâAfrique du Sud au dĂ©but du XXe siĂšcle Ă lâĂ©poque du rĂ©gime sĂ©grĂ©gationniste systĂ©matique des populations de couleur, lâapartheid (qui a rĂ©cemment Ă©tĂ© dĂ©mantelĂ© Ă la suite de lâĂ©lection prĂ©sidentielle de Nelson Mandela). Ă lâĂ©poque, des compagnies miniĂšres exploitent des gisements dans ce pays africain et profitent dâune main-dâĆuvre bon marchĂ© issue des communautĂ©s noires avoisinantes. Le fond des mines est gorgĂ© dâeau et les mineurs noirs travaillent pour la vaste majoritĂ© pieds nus et mouillĂ©s occasionnant de multiples problĂšmes de santĂ©. Au lieu dâinstaller des systĂšmes de drainage et des pompes pour vider lâeau, ce qui aurait Ă©tĂ© coĂ»teux, ces entreprises mercantiles, plus soucieuses de leur capital financier que de leurs employĂ©s, choisissent plutĂŽt de distribuer des bottes de caoutchouc Ă©conomiques aux travailleurs pour empĂȘcher les blessures et les maladies. Les conditions de travail dĂ©plorables dans les mines Ă©taient trĂšs pĂ©nibles et câest dans ce contexte difficile que cette danse fut dâabord un mode de communication non verbal, puisquâil Ă©tait interdit aux mineurs de parler entre eux, un code composĂ© essentiellement de claquements entre les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments situĂ©s Ă portĂ©e avant de prendre un aspect de contestation revendicatif de la culture populaire grĂące aux jeunes qui se sont appropriĂ© ce mode dâexpression avant de le mĂ©tamorphoser et de le rĂ©pandre dans la capitale des affaires Johannesburg et dans dâautres pays du continent africain. « Câest un hĂ©ritage Ă partager qui illustre la constance et la joie de ces mineurs face Ă lâadversitĂ© quâils surmontaient grĂące au rythme. »
Les élÚves semblaient à la fois curieux et enthousiastes de pouvoir expérimenter une initiation à cette danse de plus en plus pratiquée au Québec.
Bien que les origines exactes du gumboots demeurent floues et peuvent ĂȘtre inspirĂ©es de la culture traditionnelle de certaines tribus africaines, la premiĂšre prestation aurait eu lieu dans lâenceinte dâune mine et les danseurs dâorigine swazie et zouloue auraient Ă©tĂ© des mineurs. Les compagnies miniĂšres coloniales demandaient parfois aux danseurs de prĂ©senter des spectacles aux visiteurs et la danse permettait alors aux travailleurs de sâexprimer dans leur langue, inconnue de leurs employeurs, et certains allaient jusquâĂ se moquer ouvertement de leurs patrons durant leur performance sans que ceux-ci sâen rendent compte.