Opportunités
Fermont, un diamant touristique à l’état brut
par Oskar Muszynski
Le marché du minerai de fer plonge à nouveau et pour Fermont, c’est un peu une cloche de rappel. On se demande si la ville sera toujours là dans 50, 100 ou 150 ans. Il existe pourtant une solution qui permettrait de se tourner vers l’avenir avec sérénité, à savoir une évolution d’une économie minière à une économie touristique, plus rentable sur le long terme.
Qu’on le veuille ou non, Fermont est une ville mono-industrielle. L’économie tourne quasi exclusivement autour de l’exploitation du minerai de fer. Or, comme la plupart des ressources naturelles, le minerai de fer n’est pas durable sur le long terme. Viendra un jour où la ville devra faire face à cette réalité et devra choisir entre fermeture ou asphyxie lente. Avant d’en arriver là, il faudra trouver un moyen de rendre Fermont viable sur le long terme.
Pour Serge Côté, président de l’Association touristique de Fermont (ATF) depuis 2011 et propriétaire du gite « Chez Alexis », la solution pour que Fermont traverse le temps est le tourisme. Cette option peut s’avérer selon lui extrêmement rentable. Seulement voilà, tout ou presque reste à faire et le travail à mener est gigantesque. « Actuellement, le tourisme n’est pas développé à Fermont. Tout est à faire, mais tout est faisable. Il faut s’y mettre », indique M. Côté. Il ne manque pas de place ni d’attraits. La région est riche en murs d’escalade vierges, en rivières (Pékan et Moisie par exemple), en sentiers à travers les différents sommets qui bordent la ville ou les quelques pourvoiries déjà en place.
Un évènement pourrait sans aucun doute être le fer-de-lance du développement touristique, propulsant Fermont sur la scène internationale : la course de chiens de traineau. « Cela ferait de Fermont une destination qui se démarque à travers toute l’Amérique pour un créneau principal qui serait l’activité de chiens de traineau », explique Serge Côté. Il faut dire que l’activité dans le secteur de chiens de traineau à Fermont est des plus prometteuses. Le Défi Taïga, course de 200 km qui a lieu chaque année à Fermont au mois de mars, est la course la plus importante de l’Est Canadien (l’Ouest ayant sa fameuse Yukon Quest). L’évènement attire chaque année bon nombre de mushers, dont certains témoignent d’un désir de s’établir de manière permanente à Fermont tant les possibilités sont immenses.
Le président de l’ATF ajoute : « Le Défi Taïga permettrait un accès plus facile aux Européens et aux Américains de l’Est à une course de chiens de traineau. C’est super l’Ouest, mais les distances sont plus compliquées. Le Défi Taïga n’entrerait pas en compétition avec la Yukon Quest ou l’Iditarod, qui n’ont pas lieu à la même période. Au contraire, celui qui participe à une course dans l’Ouest, peut ensuite participer à celle de Fermont. À partir du moment où il y a trois grandes courses [au Canada], on pourrait envisager d’organiser une compétition nationale, et pourquoi pas après mondiale. »
L’idée d’une diversification de l’économie fermontoise par le tourisme est belle, mais les embuches qui se dressent devant celle-ci sont de taille. Afin de la mener à bien, cela nécessite tout d’abord d’importants investissements financiers, ainsi qu’une coopération massive des citoyens et de différentes municipalités de la région, que ce soit Fermont, Labrador City ou Schefferville. Par ailleurs, les compagnies minières contrôlent une grande partie du marché immobilier, ce qui freine l’implication des habitants. En effet, il semble difficile de s’impliquer dans quelque chose que l’on ne possède pas réellement.
Serge Côté et l’ATF restent toutefois confiants en l’avenir touristique de Fermont. Des projets sont d’ailleurs en cours afin d’exploiter au mieux les monts Serverson, comme la construction d’un refuge.
L’exemple norvégien
Le cas de Fermont, ville mono-industrielle qui doit chercher son salut dans une diversification économique, n’est pas le premier et ne sera pas le dernier. La ville de Longyearbyen, en Norvège, a également été confrontée à un avenir incertain. Exploitant des mines de charbon dans l’archipel des Svalbard (qui abrite la Réserve mondiale de semences), la ville décida d’investir massivement dans le tourisme. La construction d’un port de croisière ainsi que de nombreuses infrastructures touristiques ont permis à la municipalité d’attirer une population grandissante, ainsi que l’université du Svalbard, qui se concentre sur les études liées à la biologie et aux sciences naturelles. Aujourd’hui, une seule mine reste encore en activité, la transition est réussie. Longyearbyen a misé avec brio sur son avenir. Pourquoi pas Fermont?