Partis politiques fédéraux
Beaux parleurs, mais faux jetons ?
par Ăric Cyr
Les radios locales ont dĂ©noncĂ© lâincohĂ©rence des partis politiques fĂ©dĂ©raux dans la bataille contre Meta et les autres gĂ©ants du Web, le 14 avril 2025. Tout juste avant le dĂ©clenchement de lâĂ©lection fĂ©dĂ©rale, les principaux partis politiques ont achetĂ© pour prĂšs dâun million de dollars de publicitĂ© Ă Meta, une entreprise amĂ©ricaine qui refuse de payer sa juste part fiscale au pays et qui a banni les mĂ©dias canadiens de ses plateformes selon un article de la Presse canadienne.
LâAssociation des radiodiffuseurs communautaires du QuĂ©bec (ARCQ), lâAlliance des radios communautaires du Canada (ARCC) et lâAssociation des radios rĂ©gionales francophones (ARRF) se sont unies afin de dĂ©noncer lâincohĂ©rence de ce placement publicitaire de plus de 900 000 $ sur les rĂ©seaux sociaux. Un sentiment de dĂ©ception et dâincomprĂ©hension envers ces formations politiques est inĂ©vitable puisquâau mĂȘme moment, tous les partis confondus sâaccordent pour soutenir lâachat local. Un sentiment de patriotisme qui ne semble cependant pas atteindre les politiciens dans leurs achats de publicitĂ©s. Et la situation ne sâest pas amĂ©liorĂ©e depuis le dĂ©clenchement de lâĂ©lection fĂ©dĂ©rale.
Trouvez lâerreur
Le regroupement des radios pose une question toute simple :
«âNos politiciens ne devraient-ils pas soutenir notre information, nos mĂ©dias, notre dĂ©mocratieâ?â»
Les mĂ©dias dâici auraient pu se partager la somme considĂ©rable investie dans Meta, prĂšs dâun million de dollars, particuliĂšrement dans le contexte de la bataille avec les gĂ©ants du Web et de la guerre commerciale. Pourtant un parti politique ou un candidat qui achĂšte de la publicitĂ© dans un mĂ©dia local pose un geste concret qui reconnaĂźt et encourage la qualitĂ© de lâinformation en rĂ©gion, tout en contribuant Ă lâessor des communautĂ©s qui y vivent.
Appuyer la censure
Rappelons que le gouvernement fĂ©dĂ©ral avait cessĂ© dâacheter de la publicitĂ© sur Instagram et Facebook en 2023 comme rĂ©action Ă la dĂ©cision de Meta de bloquer, au Canada, la totalitĂ© des contenus provenant de mĂ©dias dâinformation. Cette censure de lâactualitĂ© est en lien avec le projet de loi C-18, qui depuis a Ă©tĂ© adoptĂ©. Cette loi force les entreprises du numĂ©rique des Ătats-Unis Ă indemniser les mĂ©dias pour le partage de leur contenu. Pour lâinstant, Meta nâa pas rĂ©visĂ© sa position et depuis janvier, le gouvernement canadien a quand mĂȘme recommencĂ© Ă y acheter de la publicitĂ© au dĂ©triment des mĂ©dias locaux et rĂ©gionaux contribuant ainsi Ă leur dĂ©clin.
Pendant ce temps, les ventes publicitaires des radios canadiennes et québécoises sont majoritairement en diminution, une conséquence liée au glissement des investissements vers les géants du Web, alors que la désinformation et la propagande gagnent du terrain sur ces plateformes et fragilisent la démocratie.
Et la presse écrite
Selon le directeur gĂ©nĂ©ral de lâAssociation des mĂ©dias Ă©crits communautaires du QuĂ©bec (AMECQ), Yvan NoĂ© Girouard, le scĂ©nario est pire concernant le placement publicitaire pour les mĂ©dias de presse Ă©crite dont la situation est plus prĂ©caire et de nombreux journaux membres de lâassociation ont dĂ©jĂ disparu dont cinq seulement en 2024. « Concernant la publicitĂ© gouvernementale, nous travaillons en Ă©troite collaboration avec lâagence CPS MĂ©dia et la FĂ©dĂ©ration des tĂ©lĂ©visions communautaires autonomes du QuĂ©bec pour faire dĂ©bloquer la publicitĂ© auprĂšs de diffĂ©rents ministĂšres et sociĂ©tĂ©s dâĂtat. »