Monde médiatique
Un photojournaliste Ă Fermont
par Ăric Cyr
Un photojournaliste du quotidien La Presse, Martin Tremblay, Ă©tait de passage Ă Fermont, du 20 au 22 septembre derniers, afin de rĂ©diger quelques articles sur diffĂ©rents sujets notamment sur Hydro-QuĂ©bec, le tourisme et les activitĂ©s miniĂšres Ă la mine du Mont-Wright dâArcelorMittal.
Celui qui exerce ce mĂ©tier depuis 18 ans et qui a produit de nombreux reportages internationaux durant sa carriĂšre rĂȘvait dâemprunter la TransQuĂ©bec-Labrador depuis un bon moment. « Ăa faisait longtemps que je caressais le rĂȘve de conduire sur la route 389 tout en rĂ©alisant plusieurs reportages. Il faut dire que je suis nĂ© Ă Churchill Falls au Labrador. Mon pĂšre a ĆuvrĂ© Ă lâĂ©dification de cette centrale hydroĂ©lectrique tout comme Ă la sĂ©rie de barrages Manic-Outardes sur la CĂŽte-Nord du QuĂ©bec. Il a aussi travaillĂ© Ă la station Esker durant sa jeunesse en tant que mĂ©canicien durant la construction du chemin de fer QNS&L qui relie Sept-Ăles Ă Schefferville. Il remontait notamment des tracteurs en assemblant des piĂšces. Au dĂ©part, je voulais faire ce parcours en Ă©tant accompagnĂ© de mon frĂšre et de mon pĂšre, mais ce dernier est malheureusement dĂ©cĂ©dĂ© avant que lâon ne puisse concrĂ©tiser le projet. Cette dĂ©marche pour moi câest un peu comme marcher dans les traces de mon pĂšre. »
La route des géants
Durant son trajet sur le seul lien routier menant vers le Labrador, Martin Tremblay en a profitĂ© pour sâarrĂȘter et escalader les sentiers du mont Harfang dans les monts Groulx-Uapishka et faire du kayak sur lâimmense rĂ©servoir.
« Les couleurs sont exceptionnelles. En tant que photographe professionnel qui a beaucoup voyagĂ© Ă lâinternational, je considĂšre que jâai observĂ© le plus beau coucher de soleil au QuĂ©bec Ă la station Uapishka et certainement parmi les plus beaux que jâai eu la chance de voir durant mes nombreux dĂ©placements. »
Ăvidemment, le journaliste chevronnĂ© aurait aimĂ© se rendre sur les lieux oĂč il a vu le jour et jusquâĂ Happy-Valley-Goose-Bay, mais le contexte actuel liĂ© Ă la Covid-19 a freinĂ© son Ă©lan en raccourcissant son pĂ©riple puisque la frontiĂšre du Labrador, qui fait partie de la bulle de lâAtlantique, demeure fermĂ©e aux non-rĂ©sidents de ces quatre provinces. « Ce nâest que partie remise », confie-t-il.
Correspondant de guerre
Le reporter et photographe a couvert plusieurs conflits armĂ©s Ă travers le monde notamment en Afghanistan (Asie centrale), en IsraĂ«l (Proche-Orient), au Rwanda et au Niger (Afrique). Il explique quâen temps de guerre les reprĂ©sentants des mĂ©dias sont devenus des cibles et doivent se fondre dans le paysage en cachant leur prĂ©sence, car il y a beaucoup de kidnappings. « Jâai de lâintĂ©rĂȘt pour ce champ dâactivitĂ© qui peut parfois sâavĂ©rer pĂ©rilleux. Jâai le goĂ»t de montrer les injustices sur notre planĂšte, dâillustrer la rĂ©alitĂ© des victimes, de leur donner une parole. » Il fait part de nombreuses pĂ©ripĂ©ties vĂ©cues durant ses expĂ©riences sur le terrain et entre autres le fait quâau Niger, la famine sâattaquait malheureusement particuliĂšrement aux enfants avant de sâattarder Ă son expĂ©rience en Afghanistan.
Afghanistan
Martin Tremblay raconte quâĂ la suite des bombardements amĂ©ricains qui ont chassĂ© les talibans de lâAfghanistan, les djihadistes ont pris la relĂšve. Câest Ă cette pĂ©riode quâil a sillonnĂ© ce pays. « Les gens Ă©taient privĂ©s de tout ce qui Ă©tait relatif au plaisir. » Il Ă©tait sur place avec sa collĂšgue MichĂšle Ouimet en 2003 quand le premier soldat canadien est mort lorsque sa jeep a percutĂ© un engin explosif. CâĂ©tait alors une mission de paix qui sâest par la suite transformĂ©e en mission de guerre en 2007. Bien dĂ©cidĂ© Ă y retourner, il intĂšgre un peloton du Royal 22e rĂ©giment de Val-Cartier quâil a suivi lors de lâentraĂźnement en Alberta avant de le rejoindre dans le feu de lâaction en Afghanistan durant six semaines avec le journaliste Hugo Meunier. Il a croisĂ© sur place dâautres membres de la presse comme Patrice Roy, devenu plus tard lecteur du bulletin de nouvelles du diffuseur public Radio-Canada, et le camĂ©raman Charles Dubois qui y a perdu une jambe. « Le jour de notre arrivĂ©e, ce fut une journĂ©e sanglante, deux militaires sont morts. On Ă©tait plongĂ©s en pleine situation de guerre. On suivait lâarmĂ©e lors de ses dĂ©ploiements sur le terrain et le risque dâembuscade Ă©tait bien rĂ©el. On a fait 23 fois la une durant cette pĂ©riode tumultueuse oĂč jâai eu la chance de rencontrer une femme policiĂšre Ă Kandahar et qui, en tant que femme occupant un poste important, Ă©tait constamment en danger. Elle a depuis malheureusement Ă©tĂ© assassinĂ©e. »
Pour suivre le photojournaliste qui a remporté le prix Antoine-Désilets de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec pour la meilleure photo de presse à plusieurs reprises, vous pouvez consulter Instagram : @phototremblay ou le site internet : www.martintremblay.ca