Motoneige
Un défi bisannuel d’envergure
par Éric Cyr
L’édition 2020 de la course internationale d’endurance à motoneige Cain’s Quest a pris son envol sur la rue Elm à Labrador City, le 7 mars dernier, après l’alignement des coureurs et le chant de l’hymne national sous les encouragements d’une foule nombreuse juchée des deux côtés de la piste, notamment sur des bancs de neige et des balcons, et venue assister au départ des participants originaires de deux continents.
C’est dans une ambiance électrisante que des motoneigistes chevronnés de 48 équipes en provenance d’Amérique du Nord et d’Europe composées de deux coéquipiers d’expérience, incluant pour la première fois pas un, mais deux équipages féminins et des représentants de quatre nations autochtones (Cris, Naskapis, Innus, Inuits), se sont élancés par paires sous le vrombissement des moteurs et les applaudissements des spectateurs.
Certains agitaient des drapeaux, notamment ceux du Labrador et de la Finlande, et des banderoles. Les athlètes sont originaires de plusieurs nationalités incluant le Canada : Ontario, provinces atlantiques du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse (un Acadien du Cap-Breton), de l’île de Terre-Neuve et du Labrador ainsi que du Québec, mais aussi des États-Unis (Maine, Alaska). D’autres compétiteurs viennent d’aussi loin que de la Suisse (Fribourg) et de la Finlande (Laponie).
Fourmillement du départ
Des dignitaires se fondent parmi la population, des policiers patrouillent le périmètre de sécurité, des ambulanciers sont stationnés à proximité du fil de départ, des journalistes, qui ont au préalable réalisé des entrevues, se positionnent pour avoir une vue d’ensemble, des caméramans filment la scène, des photographes captent des images. Un animateur présente les équipes et motive le public avant le décompte entre les départs. Certains admirateurs et médias plus audacieux se sont positionnés aux abords du lac Wabush où les motoneigistes accélèrent véritablement pour tenter de se tailler une place parmi le peloton de tête.
Rudesse des éléments
Après une nuit de sommeil à l’hôtel North Two à Happy-Valley-Goose-Bay, certaines motoneiges devront déjà subir des réparations. Déjà neuf abandons pour des raisons mécaniques après deux jours, il ne reste que 39 équipes bien déterminées à terminer le parcours. La troisième journée, 13 équipes avaient abandonné. Les deux équipages de femmes sont toujours bien cramponnés. C’est un parcours extrêmement difficile qui les attend encore sur des sentiers non damés à travers les régions sauvages du Labrador où les coureurs en plus de leur courage, de leur détermination et de leur ténacité doivent composer avec les rigueurs du climat nordique et les caprices de Dame nature qui peuvent se déchaîner à tout moment. L’objectif ultime pour les équipages après avoir serpenté le Labrador durant plusieurs jours et s’être enregistré à 17 points de contrôle est de franchir le fil d’arrivée au club de motoneige White Wolf à Labrador City. La 4e journée, une équipe est victime d’une avalanche. Le lendemain 11 mars, un blessé grave, Bryan Rich, de l’équipe innue Bernice de Sheshatshiu au Labrador, nommée en l’honneur de sa nièce de 21 ans assassinée dans sa communauté, a dû être évacué d’urgence en hélicoptère vers l’hôpital de Goose-Bay après un carambolage avec sa motoneige. L’équipe féminine finlandaise s’est résignée à déclarer forfait tout comme la moitié des formations soit 24 sur 48. Une équipe canado-américaine de femmes tient bon. En 2018, 24 des 41 équipes avaient abandonné l’épreuve pour diverses raisons principalement mécaniques, mais aussi à cause de blessures. Au moment de mettre sous presse, la course n’était pas terminée.