Tournage cinématographique
Un réalisateur fait du repérage à Fermont
par Ăric Cyr
Le directeur, producteur, rĂ©alisateur et scĂ©nariste franco-polonais, Edward Porembny, qui roule sa bosse depuis belle lurette un peu partout Ă travers le monde, sâest dĂ©placĂ© en train jusquâĂ Fermont sur le chemin de fer desservi par Transport ferroviaire Tshiuetin durant une semaine Ă la fin octobre 2023 afin de faire du repĂ©rage et pour le tournage dâimages locales destinĂ©es Ă un Ă©ventuel film documentaire qui devrait traiter de lâhiver quĂ©bĂ©cois. Il sâest aussi arrĂȘtĂ© dans la communautĂ© innue de Pessamit prĂšs de Baie-Comeau et Ă Sept-Ăles sur la CoÌte-Nord dans le cadre de ce voyage exploratoire.
Lâartiste du septiĂšme art compte plus dâune cinquantaine de films Ă son actif depuis le dĂ©but de sa carriĂšre amorcĂ©e, il y a plus de trois dĂ©cennies, Ă Paris en France oĂč il a obtenu un diplĂŽme en cinĂ©ma Ă lâĂcole supĂ©rieure dâĂ©tudes cinĂ©matographiques (E.S.E.C.) et en art Ă lâUniversitĂ© de Paris-VIII-Vincennes-Saint-Denis. Il sâest par la suite installĂ© Ă Londres en Angleterre oĂč il a rĂ©alisĂ© des documentaires et des sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es pour certaines des plus grandes chaĂźnes internationales de tĂ©lĂ©vision notamment la BBC et Channel 4 (Royaume-Uni), HBO (Ătats-Unis), Canal +, France TĂ©lĂ©visions, France 2, France 3, TF1 (France), Arte (France-Allemagne), Al Jazeera (Qatar), TVP (Pologne) et NRK (NorvĂšge).
La Pologne ayant retrouvĂ© son indĂ©pendance aprĂšs la chute du mur de Berlin, en 1989, et rejoint lâUnion europĂ©enne, en 2004, Edward Porembny a donc dĂ©cidĂ© de sâĂ©tablir Ă nouveau dans son pays natal oĂč il a fondĂ© la sociĂ©tĂ© de production cinĂ©matographique et tĂ©lĂ©visuelle, AMP Polska, Ă Varsovie, qui se concentre sur la coproduction internationale.
Edward Porembny est un passionnĂ© de son domaine qui sait propulser ses crĂ©ations et celles quâil chapeaute. Il a entre autres rĂ©coltĂ© treize prix lions lors de la 65e Ă©dition du festival international de la crĂ©ativitĂ© Lions Cannes (contenu publicitaire) sur la Croisette, en 2018, dont trois Lions dâor pour son court mĂ©trage To the Last Tree Standing, traitant de la forĂȘt de Bialowieza, la derniĂšre forĂȘt vierge de plaine dâEurope et un site du patrimoine mondial de lâUNESCO.
Il a aussi produit les documentaires Here I Am et Men For Hire pour HBO 2 (meilleurs chiffres dâaudience selon HBO Europe). La sociĂ©tĂ© quâil dirige a ensuite livrĂ© pour ARTE le long mĂ©trage Madame Tyson vendu dans 13 pays et un documentaire tĂ©lĂ©visĂ© Wresting In Dakar en coproduction avec le Royaume-Uni, la NorvĂšge et la France et coproduit le long mĂ©trage documentaire avec la NorvĂšge, I Am Kuba. La sociĂ©tĂ© a reçu un financement de Creative Media pour dĂ©velopper les trois nouveaux films : le docu-fiction La vie et les morts de Max Linder, Old & Crazy et Cold War Jokers.
Ă la dĂ©couverte dâun artiste visuel globetrotteur
SpĂ©cialiste de films documentaires, le producteur, directeur et rĂ©alisateur Edward Porembny, qui Ă©tait de passage dans la rĂ©gion Ă la fin octobre, sâest confiĂ© sur sa perception de son mĂ©tier qui en fait nâen est pas vĂ©ritablement un, mais constitue plutĂŽt un art et une passion.
Edward Porembny a commencĂ© Ă faire de la photographie dĂšs son plus jeune Ăąge Ă Varsovie en Pologne. PersuadĂ© quâil faut provoquer son destin et que rien nâest prĂ©destinĂ©, il a obstinĂ©ment orientĂ© son parcours dans le sens de ses aspirations cinĂ©matographiques en logeant dans une modeste chambre de bonne Ă Paris en France lors de ses Ă©tudes. Câest Ă cette pĂ©riode quâil a envoyĂ© son premier film, Lâhomme assis, un court-mĂ©trage, sur une cassette vidĂ©o au journaliste et producteur de la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision thĂ©matique UshuaĂŻa du groupe TF1, Nicolas Hulot (devenu par la suite une personnalitĂ© publique bien connue) qui lâa remarquĂ© et a contribuĂ© Ă propulser sa carriĂšre.
« Je ne crois pas que je puisse parvenir Ă produire un film sans ĂȘtre totalement passionnĂ© et obsĂ©dĂ© par mon sujet », confie Edward Porembny, qui explique que chaque projet personnel quâil propose Ă des investisseurs pour obtenir du financement demande beaucoup de persĂ©vĂ©rance et de tĂ©nacitĂ©. « Il faut convaincre ceux qui injectent des capitaux, dans la plupart des cas des chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision, de lâintĂ©rĂȘt et de la pertinence de la matiĂšre que lâon souhaite traiter et dont le tournage peut parfois sâĂ©chelonner sur plusieurs annĂ©es. Par la suite, la dĂ©marche implique dâaller sur le terrain Ă la rencontre de gens de diffĂ©rents milieux, mais le processus est alĂ©atoire et comporte son lot dâimprĂ©vus et de stress », poursuit le cinĂ©aste qui, Ă ses dĂ©buts, sâest dĂ©jĂ retrouvĂ© seul dans un dĂ©sert dâAustralie aprĂšs avoir demandĂ© Ă son Ă©quipe de tournage de le laisser temporairement sur place dans une sorte de quĂȘte initiatique afin quâil puisse sâimprĂ©gner du silence et des lieux.
« Jâai ressenti lâintensitĂ© du silence absolu et de la solitude face Ă lâimmensitĂ© du vaste territoire. Jâavoue quâĂ ce moment jâai connu la peur et que jâai pleurĂ©. Quelle joie de revoir mon Ă©quipe ! », raconte celui qui sâest aussi retrouvĂ© Ă une autre reprise dans le couloir de la mort dans une prison du Nevada aux Ătats-Unis pour rencontrer des condamnĂ©s Ă la peine capitale dans le cadre de son travail. « Il faut savoir faire preuve dâintuition et sâadapter Ă diverses situations parfois singuliĂšres et qui ne sont pas toujours faciles Ă vivre.
Edward Porembny, qui a Ă©tĂ© fascinĂ© durant son adolescence par les films Apocalypse Now et 2001 : lâodyssĂ©e de lâespace, adore dĂ©couvrir de nouvelles rĂ©alitĂ©s et est convaincu que ce quâil fait est important pour faire Ă©voluer la sociĂ©tĂ© et quâil est essentiel que le public puisse voir et ressentir Ă travers son approche et son regard les rĂ©alitĂ©s des personnes et des milieux visitĂ©s et exposĂ©s par la camĂ©ra. Lâexplorateur croit quâune meilleure comprĂ©hension des diffĂ©rentes civilisations, cultures et modes de vie contribue Ă lâenrichissement de lâhumanitĂ© et favorise la paix dans le monde. « Les rĂ©alisateurs de films documentaires ne sont pas lĂ pour le divertissement de masse, mais ont un rĂŽle majeur Ă jouer afin de dĂ©mystifier des rĂ©alitĂ©s parallĂšles et dâaider Ă orienter les spectateurs vers une meilleure tolĂ©rance des diffĂ©rences en misant sur les similitudes des comportements de lâĂȘtre humain. »
M. Porembny est impressionnĂ© par la fabuleuse luminositĂ© des ciels du Nord et par la nature borĂ©ale quâil trouve merveilleuse. « Jâai toujours Ă©tĂ© fascinĂ© par lâimage. Il faut voyager afin de dĂ©couvrir le monde et ne pas avoir peur de confronter les rĂ©alitĂ©s parallĂšles en sacrifiant son confort afin de vivre des aventures enrichissantes. Bien loin de son premier film, Lâhomme assis, lâhomme qui nâenvisage aucunement la retraite est aujourdâhui debout et en perpĂ©tuel mouvement.