Besoins énergétiques
La région en quête d’électricité
par Éric Cyr
Les besoins énergétiques de la région sont en pleine expansion et les élus et les dirigeants des entreprises minières, principal vecteur économique des localités de la MRC de Caniapiscau et de l’Ouest du Labrador, sont en mode de représentation afin de trouver de nouvelles perspectives d’approvisionnement en électricité, peu importe la source qu’elle soit hydroélectrique ou éolienne.
Les deux lignes de transport d’électricité, en provenance de la centrale hydroélectrique de Churchill Falls, qui alimentent l’Ouest du Labrador, qui ont été construites dans les années 1960, ne suffisent plus pour répondre à la demande. Des membres de la communauté des affaires et des politiciens locaux ayant constaté que ces infrastructures sont saturées réclament une ligne de transmission électrique additionnelle de 1000 mégawatts (mW) avec une station terminale et une ligne de répartition d’électricité dans l’ouest du Labrador qui s’avère nécessaire selon eux afin que les villes de Labrador City et de Wabush entrent dans l’ère de l’acier vert. Ces derniers ont fait valoir, lors du récent sommet socioéconomique sur l’avenir du Labrador Ouest « The Future of Lab. West Summit », que la situation actuelle freine les projets de modernisation et d’expansion des minières de l’endroit en réclamant une nouvelle ligne afin d’appuyer celles déjà existantes, un ajout essentiel afin que la région puisse contribuer davantage à l’économie de cette province. Le gouvernement provincial est réceptif à cette demande et avance que la construction d’une telle ligne pourrait commencer dans deux ans.
Selon le député provincial du Labrador-Ouest, Jordan Brown, du Nouveau Parti démocratique, cette avenue est essentielle afin de propulser l’industrie minière de sa circonscription dans la filière de l’acier vert.
« On doit impérativement s’orienter dans cette direction afin de ne pas être écarté du marché mondial du fer. Il faut s’adapter à la demande et cela va nécessiter des investissements majeurs afin de ne pas sonner le glas des compagnies minières qui exploitent des gisements ferreux localement. »
Le président et chef de la direction de la Compagnie minière IOC, Mike McCann, explique pour sa part qu’une analyse économique démontre que si le projet se concrétise, le produit intérieur brut (PIB) de cette province pourrait croître de 2 %.
Manigances et transparence
Une délégation d’Hydro-Québec incluant la vice-présidente de la direction, cheffe des infrastructures et du système énergétique pour la société d’État, Claudine Bouchard, était de passage à Fermont durant quelques jours à la mi-mars afin notamment de prendre connaissances des besoins énergétiques additionnels des minières ArcelorMittal et Minerai de fer Québec (MFQ) et discuter avec des représentants de ces entreprises. Après avoir été approchés à l’avance par le journaliste du Trait d’union du Nord à deux reprises au téléphone pour fixer un rendez-vous et après avoir reçu à leur demande les questions, les responsables d’Hydro-Québec ont finalement décliné une entrevue avec la haute dirigeante en prétextant que, selon le chargé d’équipe des relations avec les médias pour Hydro-Québec, Maxence Huard-Lefebvre : « Malheureusement, l’horaire de Mme Bouchard ne lui permettra pas d’accorder une entrevue lors de sa visite… De plus, nous ne pouvons pas discuter des dossiers de nos clients en entrevues, ceux-ci étant traités de manière confidentielle. »
Avenir énergétique du Québec
Une rencontre entre Hydro-Québec et les élus de la Côte-Nord à laquelle a participé le préfet de la MRC de Caniapiscau et maire de Fermont, Martin St-Laurent, a eu lieu à Sept-Îles, le 5 avril 2024. D’autres blocs d’énergie pourraient être attribués pour la Côte-Nord. Québec met en priorité deux axes pour les projets nécessitant une grande consommation énergétique : les réductions de gaz à effet de serre (GES) et la création de richesse collective. La société d’État estime qu’elle aura besoin de nouveaux approvisionnements d’électricité à compter de 2027 afin de viser l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050. L’ancienne présidente-directrice générale de la société d’État, Sophie Brochu, voulait amorcer une réflexion sur la tarification de la consommation d’électricité par les acteurs industriels, trop bas selon elle, avant de quitter son poste.