Économie
Bar ou microbrasserie?
par Éric Cyr
Véritable monument de la scène nocturne du Labrador Ouest, le K Bar, situé dans le Bruno Plaza au 118, rue Humphrey à Labrador City, pourrait fermer ses portes de façon définitive au début mars, après plus de 43 ans d’activité pour être remplacé par une microbrasserie.
Fin d’une époque?
Ouverte en 1975, la discothèque qui portait alors le nom de Kaboulo Bar/Disco a connu son heure de gloire durant l’âge d’or du disco, phénomène qui a envahi la planète au milieu des années 1970. La boîte de nuit affichait à l’époque des stroboscopes lumineux et une boule en miroir à facettes au plafond. Les temps ont changé et elle est aujourd’hui menacée de disparition pour des raisons commerciales.
Un promoteur souhaite récupérer l’espace pour y établir une microbrasserie et une salle avec des robinets à bière en fût où il proposerait également, une tendance écologique et économique en vogue à certains endroits de la Nouvelle-Angleterre et des provinces atlantiques, la vente en vrac de cruchons, connus sous le nom de growlers, que l’on peut faire remplir de bière soutirée du fût. Des tonnelets pourraient aussi être offerts aux autres bars et restaurants. L’entreprise Iron Rock Brewing qui a déjà tenté d’obtenir l’autorisation de s’implanter à Labrador City revient à la charge et a déposé une seconde demande pour un projet de microbrasserie de 8,4 hectolitres auprès du département des Affaires municipales et de l’Environnement de Terre-Neuve-et-Labrador. La compagnie avait d’abord lorgné du côté d’un édifice situé au 211, avenue Drake qui s’est entretemps transformé pour accueillir le restaurant Baba Q’s Smoke and Grill qui loge actuellement à cette adresse. Le brasseur a par la suite retiré sa demande initiale et en a déposé une autre, le 19 décembre dernier, proposant dorénavant de s’établir à l’étage inférieur du Bruno Plaza qui est plus adapté à ses besoins.
Les affaires sont les affaires
La propriétaire de l’établissement actuel, Anne Argot, qui a acheté le K Bar en 1992, a fait des rénovations et emploie sept personnes. Considérant le ralentissement de l’économie causé par la fermeture de certaines mines, cette dernière n’a pas cru bon de renouveler son bail à long terme en 2015, optant plutôt pour une location mensuelle. Celle qui occupe les lieux depuis plus de 25 ans a reçu en décembre dernier un avis du propriétaire l’invitant à quitter les lieux d’ici mars. Un des propriétaires du Bruno Plaza, Roger Hodge, a confié au journal The Aurora que c’est purement une décision d’affaires qui assure une stabilité à long terme.
Cette nouvelle a suscité beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux de la part de résidents nostalgiques tristes à l’idée de l’éventuelle fermeture de cette institution locale. Les citoyens ont pu s’exprimer sur le projet et une décision devait être rendue à ce sujet le 2 février par le ministre Graham Letto.
*1 hectolitre = 100 litres