Environnement
Destruction du Nord québécois valorisée
par Ăric Cyr
Le gouvernement libĂ©ral dĂ©fait de Philippe Couillard a offert un legs empoisonnĂ© aux QuĂ©bĂ©cois dans une sorte de testament morbide qui permet la destruction gratuite de lâenvironnement au nord du 49e parallĂšle, qui compose prĂšs de 70 % du territoire quĂ©bĂ©cois, Ă la suite de lâadoption dâun nouveau rĂšglement entrĂ© en vigueur le 20 septembre dernier et qui porte atteinte Ă un maillon dĂ©terminant de la biodiversitĂ© du QuĂ©bec.
Présent funeste
Selon le diffuseur public Radio-Canada, cette dĂ©cision a suscitĂ© lâĂ©tonnement chez des fonctionnaires et des juristes et la consternation chez des environnementalistes et des scientifiques. QuĂ©bec permet dorĂ©navant la destruction de milieux humides et hydriques sertis au nord du 49e parallĂšle quĂ©bĂ©cois, qui remplissent dâindispensables fonctions Ă©cologiques, sans exiger de compensation par de lâargent ou des travaux de restauration, ce qui pourrait carrĂ©ment aller Ă lâencontre de lâobjectif de la loi et de lâintĂ©rĂȘt des QuĂ©bĂ©cois. Le document signĂ© par la ministre de lâEnvironnement de lâĂ©poque, Isabelle MĂ©lançon ne semble pas tenir compte du fait que la majeure partie de lâeau douce du QuĂ©bec se retrouve justement dans cette vaste rĂ©gion nordique qui englobe 78 % des milieux humides et hydriques.
LâAssemblĂ©e nationale bernĂ©e
Auparavant, le gouvernement du QuĂ©bec exigeait des compensations pour des destructions de milieux humides et hydriques incluant cours dâeau, Ă©tangs, lacs, marais, marĂ©cages, milieu riverain, plaines inondables, riviĂšres, ruisseaux et tourbiĂšres, peu importe lâendroit oĂč ils se trouvent sur son territoire. Maintenant, le nord du 49e parallĂšle quĂ©bĂ©cois est exclu de lâĂ©quation. Ătrange coĂŻncidence, la zone exemptĂ©e rappelle comme par hasard le secteur dâapplication du Plan Nord des libĂ©raux. Les dĂ©putĂ©s de lâAssemblĂ©e nationale avaient pourtant votĂ© Ă lâunanimitĂ© lâannĂ©e derniĂšre la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques qui se donne pour cible dâĂ©liminer les pertes nettes de ces milieux dans lâensemble du QuĂ©bec, de tout le QuĂ©bec. En excluant le Nord, le rĂšglement ne permet absolument pas lâatteinte de lâobjectif par la loi, bien au contraire.
ColĂšre et consternation
Le gouvernement Couillard a justifiĂ© cette dĂ©cision passĂ©iste par le fait que lâactivitĂ© humaine est moins prĂ©sente dans le Nord quĂ©bĂ©cois. Bien que les pressions anthropiques sont beaucoup moins importantes en milieu nordique, plusieurs groupes environnementaux ont dĂ©noncĂ© cette absurditĂ©, qui semble replonger le QuĂ©bec Ă lâĂ©poque de Duplessis, en rĂ©agissant vivement Ă cette aberration qui prĂŽne une destruction sans limites et sans consĂ©quence pour les pollueurs et promoteurs de projets qui abiment ou dĂ©truisent le milieu naturel.
LâAction borĂ©ale a rĂ©agi en qualifiant cette façon de penser dâarchaĂŻque et de dĂ©passĂ©e. Un tel type de destruction des milieux humides, notamment des tourbiĂšres qui sont fort utiles pour capter et sĂ©questrer le carbone et qui emprisonnent jusquâĂ 95 % de celui-ci au nord du 49e parallĂšle, pourrait mettre en pĂ©ril lâatteinte des cibles de rĂ©duction des gaz Ă effet de serre Ă lâĂ©chelle du QuĂ©bec.
Le gouvernement du QuĂ©bec qui semble parler des deux cĂŽtĂ©s de la bouche a pourtant lui-mĂȘme reconnu que « le nord du 49e parallĂšle constitue lâun des derniers endroits de la planĂšte prĂ©sentant un potentiel de conservation de vastes territoires naturels et dispose de ressources fauniques exceptionnelles, dont des riviĂšres Ă saumon rĂ©putĂ©es mondialement. »