PĂ©nurie de logements
La région fortement touchée
par Ăric Cyr
La pĂ©nurie de logements qui sĂ©vit actuellement au pays nâĂ©pargne pas la rĂ©gion de Fermont et du Labrador Ouest ainsi que Schefferville et constitue un problĂšme criant qui nuit grandement aux petites et moyennes entreprises (PME) puisque les commerces et les organisations de moindre envergure peinent Ă recruter du personnel afin de combler leurs besoins.
Le phĂ©nomĂšne des travailleurs volants (fly-in/fly-out) vient accentuer le caractĂšre incertain du recrutement local qui se retrouve dans un cul-de-sac compte tenu de lâabsence dâendroits oĂč loger dâĂ©ventuels employĂ©s.
Selon la doyenne de la petite communautĂ© francophone Ă Labrador City, Lise Boucher : « Ce nâest pas une situation nouvelle puisque le logement est au cĆur des prĂ©occupations chaque fois que le cycle des mĂ©taux est Ă la hausse et semble relayĂ© aux oubliettes par la suite. On discutait dĂ©jĂ du sujet lors du dernier boom minier durant lequel certains citoyens ayant habitĂ© ici toute leur vie et ne touchant pas de salaires Ă©quivalant Ă celui du domaine minier ont dĂ» se rĂ©signer Ă contrecĆur Ă dĂ©mĂ©nager ailleurs Ă la suite de lâaugmentation exorbitante du prix des loyers convoitĂ©s par plusieurs. » Câest aussi le cas de certaines femmes victimes de violence conjugale qui ont dĂ» quitter leur foyer par nĂ©cessitĂ© et qui ne rĂ©ussissent pas Ă se reloger.
Rareté
Malheureusement, la loi de lâoffre et de la demande prĂ©vaut et les miniĂšres, qui contribuent Ă crĂ©er la pĂ©nurie, ont le beau jeu Ă Fermont puisquâelles contrĂŽlent la grande majoritĂ© des habitations de lâendroit oĂč la location dâune chambre peut actuellement atteindre jusquâĂ 3000 $ par mois pour un entrepreneur dont les travailleurs ne sont pas pris en charge par lâindustrie. Ce nâest cependant plus le cas au Labrador Ouest oĂč le libre marchĂ© immobilier sâest installĂ© depuis le milieu des annĂ©es 1970 Ă la suite de contestations judiciaires par dâanciens employĂ©s souhaitant conserver leurs maisons achetĂ©es aux compagnies miniĂšres qui ont fait valoir leurs droits et ont obtenu gain de cause.
Il existe cependant Ă©galement une rĂ©elle raretĂ© de logements Ă Labrador City et Ă Wabush oĂč le parc immobilier ne rĂ©ussit pas Ă combler les besoins grandissants et oĂč les prix ont subi un bond important. LĂ aussi, il est quasiment impossible de trouver un endroit oĂč se loger et certains entrepreneurs, notamment Dexter Construction, ont construit des unitĂ©s dâhabitation afin dâaccommoder leurs travailleurs. AprĂšs avoir fait ses calculs, un autre entrepreneur, PG Construction & Expertise, a plutĂŽt choisi dâacheter lâhĂŽtel Wabush pour loger ses employĂ©s, ce qui lui revenait moins cher que de les loger ailleurs dans la communautĂ©.
Urgence dâagir
Ă Fermont, oĂč les visiteurs doivent prĂ©voir plusieurs mois Ă lâavance afin dâavoir une chance de rĂ©server une chambre Ă lâhĂŽtel local, oĂč le CPE Le Mur-mĂ»r peine Ă conserver des Ă©ducatrices, oĂč la Coop Metro a Ă©tĂ© contrainte de rĂ©duire ses heures dâactivitĂ©s et oĂč le dĂ©panneur de la station-service Esso Ă©prouve de la difficultĂ© Ă combler son horaire, lâadministration municipale Ă©tudie la possibilitĂ© de mettre en branle un projet dâhabitation destinĂ©, entre autres, Ă aider des commerces et organismes locaux Ă loger certains de leurs employĂ©s et qui pourrait inclure des logements pour les retraitĂ©s et les aĂźnĂ©s.
Selon le maire de Fermont, Martin St-Laurent : « Lâadministration municipale est consciente de cette problĂ©matique et y travaille activement. Nous allons demander au gouvernement du QuĂ©bec de reconduire une loi privĂ©e qui permettrait Ă Fermont de subventionner de nouvelles constructions ou dâaccorder des rabais de taxes aux constructeurs. Cette loi devrait ĂȘtre en vigueur pour 2022 et nous remercions la dĂ©putĂ©e de Duplessis, Lorraine Richard, dâappuyer la Ville dans ce dossier. Nous avons interpellĂ© la SociĂ©tĂ© du plan Nord afin de mettre sur pied un programme de rĂ©novation domiciliaire « RĂ©no-Fermont » pour aider les propriĂ©taires Ă rĂ©nover leur rĂ©sidence et nous demandons une enveloppe de plusieurs millions de dollars qui serait rĂ©partie sur 5 ans. Nous travaillons actuellement Ă dĂ©velopper un nouveau secteur rĂ©sidentiel au nord de la rue Franklin qui comprendrait une centaine de terrains Ă construire. Un OBNL a Ă©tĂ© mis sur pied afin de construire une quarantaine de logements Ă coĂ»t abordable. Nous dĂ©pannons aussi les organismes du milieu dans la mesure oĂč la Ville a des unitĂ©s vacantes, par exemple nous louons prĂ©sentement deux logements Ă des Ă©ducatrices du CPE. Il reste beaucoup Ă faire, mais le conseil municipal continuera Ă y travailler sans relĂąche. »