La nationale 389
Cobayes de la route
par Ăric Cyr
Certains camionneurs ont lâimpression dâĂȘtre des cobayes de la route interprovinciale 389 qui sert de terrain dâexpĂ©rience pour le ministĂšre des Transports du QuĂ©bec (MTQ) qui y applique toutes sortes de produits censĂ©s amĂ©liorer les conditions routiĂšres et faciliter la conduite, mais dans les faits, les rĂ©sultats sont plutĂŽt douteux et ont souvent lâeffet inverse.
Le camionneur « Ti-oui NoĂ«l » Ă©crit sur la page Facebook Charrieux de la 389 : « Le matĂ©riel qui est Ă©tendu sur la route 389 quand câest sec câest comme du ciment, mais quand câest mouillĂ© câest glissant comme de la glace. » Un autre chauffeur de poids lourds, Yvan Bellemare commente : « Le petit sinueux entre Manic-5 et le Relais Gabriel devient comme du savon quand il pleut. » Selon le conducteur professionnel Yves Briand surnommĂ© « Lâarbre de NoĂ«l » qui pratique ce mĂ©tier depuis bientĂŽt 45 ans, le problĂšme Ă©mane du MTQ qui nĂ©glige ses obligations envers les usagers et coupe les coins ronds. « Jâai dĂ©jĂ vu ça des routes de gravier, jâai fait la baie James oĂč ils mettaient de la pierre dynamitĂ©e, de la petite roche noire en hiver. Ce serait idĂ©al pour la 389. » Il explique que câest lâĂ©tat de la route qui fait dĂ©faut.
Ce dernier fait écho aux propos tenus par son confrÚre Alain Bourque alias « mononcle Alain » qui pratique ce métier depuis 40 ans et qui dénonce le laxisme de Transports Québec dans ce dossier « Les chauffeurs sont toujours sur le qui-vive et redoutent cette route imprévisible. »
MĂȘme son de cloche de la part de Claude Doyon qui exerce cette profession depuis 42 ans et qui est restĂ© coincĂ© Ă deux reprises dans des cĂŽtes mal entretenues le 29 octobre dernier. « Il nây a plus de gravier et il manque dâopĂ©rateurs, on ne voit pas de machines dans le chemin et le fond est en glace. Sâils sont incapables dâentretenir la route quâils la ferment et ils lâouvriront quand elle sera sĂ©curitaire. Ce nâest pas normal de ne pas pouvoir monter les cĂŽtes et de partir Ă reculons en tentant de le faire. » « Lâarbre de NoĂ«l » pense quâun retour au transport de marchandises par la voie ferrĂ©e devrait ĂȘtre envisagĂ© compte tenu du piteux Ă©tat de la route.
LâexpĂ©rience et les expĂ©riences
Les conducteurs professionnels considĂšrent que les deux portions de route sinueuses soit celle de 15 kilomĂštres (entre le km 240 et le km 255) et de 67 kilomĂštres (entre Fire Lake et le Mont-Wright) sont extrĂȘmement dangereuses. De plus, le macadam entre les kilomĂštres 256 et 264 a Ă©tĂ© enlevĂ© cet Ă©tĂ© et cette portion de route nâest actuellement pas entretenue. « Câest une vĂ©ritable tuerie. Il y a des secteurs de la route oĂč tu as lâimpression de flotter sur du limon » confie « Lâarbre de NoĂ«l » qui explique que des camionneurs plus fortunĂ©s mettent des pneus larges, ce qui permet de mieux absorber les chocs afin de prĂ©server leurs radiateurs.
« Lâarbre de NoĂ«l » poursuit : « Au lieu de procĂ©der Ă la rĂ©fection de la route, le MTQ fait des expĂ©riences avec toutes sortes de matiĂšres douteuses. Nos vies sont en jeu et ils effectuent des tests et nous on est des cobayes. Ils ont appliquĂ© quatre sortes de produits, câest de la poussiĂšre, ce nâest pas du gravier. Le sable ne fait pas fondre la glace sur leur nouveau produit dans les deux tracĂ©s sinueux. Ils devraient ajouter du sel Ă certains endroits et Ă certaines tempĂ©ratures, ou du moins, en mĂ©langer avec le sable. Pourquoi ne pas dĂ©finir des zones oĂč on pourrait appliquer du sel ? Ăa nâa pas de sens de rouler lĂ -dessus mĂȘme pour les charrues (chasse-neige). Les opĂ©rateurs de machineries lourdes trouvent ça difficile et brisent leurs Ă©quipements. Jâai mĂȘme vu des camionneurs qui devaient rouler Ă reculons (en marche arriĂšre) pour monter la cĂŽte de Manic-5, ça nâa aucun sens. Ă certains endroits quand on roule, on dirait que tout veut sauter dans les airs. On brise nos camions, ce qui occasionne des frais de rĂ©paration exorbitants et les coĂ»ts dâassurance augmentent de façon considĂ©rable. Certaines compagnies dâassurance ne veulent mĂȘme plus assurer les transporteurs qui empruntent cette route mĂ©diocre. »