Énergie cinétique
Le vent dans les voiles à Fermont…
par Éric Cyr
Une initiative d’implantation d’éoliennes dans la région de Fermont est actuellement à l’étude par le promoteur Tugliq Énergie. Un avis de projet, portant le nom « Le projet éolien du fer phase 1 », a été déposé auprès du gouvernement du Québec, le 28 juillet 2022, par l’instigateur de la démarche dans le cadre d’un appel d’offres de la société d’État Hydro-Québec, qui cherche à conclure des contrats d’approvisionnement en électricité à partir d’énergie aéromotrice. Cette action s’inscrit en conformité avec la procédure d’évaluation et d’examen des impacts sur l’environnement (PÉEIE) exigée par la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE).
Le parc éolien que souhaite installer l’entreprise québécoise fondée en 2011 qui se spécialise dans la décarbonation (élimination des gaz à effet de serre) de l’industrie lourde serait composé de 12 aérogénérateurs d’une puissance de 4,2 mégawatts (MW) pour un total de 50,4 MW. Les infrastructures seraient situées à l’intérieur des limites du territoire de la localité nordique. D’autres volets pourraient éventuellement s’ajouter par la suite.
Tugliq Énergie offre des solutions énergétiques propres et durables produites localement aux consommateurs industriels et aux populations isolées notamment à l’aide d’énergie renouvelable et de stockage d’énergie en fournissant des services « clés en main » en diversification énergétique. Selon les documents présentés au ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC), le parc d’éoliennes, qui ciblait à l’origine le déploiement de la moitié des aéromoteurs en périphérie (autour) du lac Tupper, occuperait une superficie de 25 kilomètres carrés avec des éoliennes disséminées dans certains secteurs au nord de la route nationale 389. Le modèle de conception allemande serait de type Enercon E-115 EP3 E, une technologie d’entraînement direct sans boîte de vitesse à régime de rotation variable d’une puissance nominale de 4200 kilowatts (kW) ou de 4600 kilovoltampères (kVA). La hauteur du moyeu est de 92 mètres (m) et la longueur des pales à orientation individuelle est de 56 m avec un diamètre du rotor de 115,7 m.
Le maire de Fermont, Martin St-Laurent, explique que les besoins énergétiques de la région sont en forte croissance et que ce phénomène constitue un enjeu majeur qui coïncide avec le virage vert des minières qui ont besoin d’un approvisionnement accru en électricité afin de s’adapter à la demande mondiale d’acier à l’empreinte carbone réduite.
« Je considère que le périmètre initialement prévu pour l’installation n’est pas idéal, car il est trop près de la ville. La problématique d’aménagement au lac Tupper a été ultérieurement abordée et des solutions de remplacement mieux adaptées aux besoins seront proposées. J’ai pris l’initiative d’effectuer une visite de certains endroits stratégiques en compagnie de représentants du promoteur lors de leur passage sur place afin de leur montrer d’autres lieux qui pourraient être envisagés notamment le long du tracé anticipé d’une possible nouvelle ligne de transport d’électricité de 315 kV entre le poste Montagnais et Fermont ainsi qu’à Fire Lake. »
Le vice-président développement projets et opérations chez Tugliq Énergie, l’ingénieur en génie électrique Nicolas Seguin, confie que la cartographie déposée en juillet dernier est antérieure à la visite subséquente du secteur effectuée par des intervenants municipaux et des responsables de l’entreprise et ne reflète pas le cheminement actuel. L’emplacement exact du parc d’éoliennes n’est pas encore défini. « Avant la visite de terrain effectuée avec des représentants locaux, en septembre dernier, des endroits ont été ciblés afin de pouvoir procéder au dépôt de l’avis de projet pour l’appel d’offres, en juillet 2022. À la suite de ce déplacement à Fermont, les secteurs d’intérêts pour le déploiement éolien se sont éloignés des zones initialement pressenties et nous comptons sur les consultations à venir pour déterminer les meilleurs endroits pour le projet. »
Le directeur général de la Ville de Fermont, Claude Gagné, invoque l’importance de la diversification économique actuellement essentiellement monoindustrielle dans la région et précise qu’une collaboration est souhaitée entre la municipalité et les Innus de Uashat mak Mani-Utenam (Sept-Îles) afin de conclure des ententes et d’établir un partenariat.
Une première rencontre à ce sujet se tiendra à la fin novembre dans la communauté innue et d’autres discussions devraient suivre.
En résumé
– Première phase du projet = 50 MW, soit 12 éoliennes de 4,2 MW.
– Présenté dans le cadre de l’appel d’offres 300 MW éolien d’Hydro-Québec dont le résultat devrait être connu à la fin de l’année 2022/début 2023.
– Mise sur l’implantation de grands projets industriels et sur la qualité des ressources disponibles dans la région pour développer un projet compétitif.
– L’objectif s’inscrit dans les initiatives d’électrification relatives à la mouvance de décarbonation des industries lourdes et des besoins grandissants d’énergie propre.
– Désire harmoniser le développement et l’utilisation des ressources du milieu en tentant de combiner les besoins d’accès au territoire avec les chemins qui seront requis pour se rendre aux éoliennes.
– Cible les zones les plus élevées en altitude et une proximité des postes électriques d’Hydro-Québec.
– Le déploiement d’une tour de mesure pour quantifier précisément la vitesse du vent est en préparation.
– Le grand potentiel de la région offre la possibilité de développer des phases subséquentes et répondre à d’autres besoins d’Hydro-Québec à venir, avec l’appui du milieu local et des partenaires innus.
– Si le projet passe la prochaine étape avec Hydro-Québec, une étude d’impact environnemental et social sera entreprise.