Survivre au cancer
Le parcours d’une combattante
par Éric Cyr
L’une des premières, et la plus jeune à l’époque, à avoir bénéficié de l’aide de l’organisme caritatif Cancer Fermont, Yaneisy-Nynoska Tremblay, a reçu un diagnostic de leucémie lymphoblastique aiguë à l’âge de seulement cinq ans en 2006. Ses parents décident alors de quitter Fermont pour une période de deux mois afin de faciliter l’accès aux soins médicaux spécialisés au Centre hospitalier de l’Université Laval (CHUL).
Ce fut une période difficile, où l’enfant a enduré un traitement intensif de deux mois de chimiothérapie. Étant donné que la petite devait par la suite se présenter pour de la chimio tous les 21 jours pendant deux ans et afin d’éviter des déplacements entre Fermont et Québec, le CHUL a formé une infirmière fermontoise, Natasha Thériault, afin qu’elle puisse offrir l’intervention localement. Ces efforts ont eu des effets bénéfiques puisqu’une période de rémission du cancer a été constatée à la fin des traitements de chimio en 2008 alors qu’elle avait sept ans. C’est à cette époque que la famille choisit de s’installer à Québec après la retraite du père qui travaillait à la compagnie minière Québec Cartier.
Une dizaine d’années après sa rémission du cancer, Yaneisy-Nynoska Tremblay a pu reprendre une vie normale, mais le fait d’avoir eu cette maladie a contribué à éveiller sa curiosité pour le domaine de la recherche scientifique. Celle-ci confie que ces tribulations ont contribué à forger son tempérament en changeant sa perception de la vie. « Il ne faut rien tenir pour acquis. Je me remémore des souvenirs désagréables de ce passage qui a laissé des traces. Le goût amer des médicaments dans la bouche, les nausées, le fait que je doive me forcer à manger malgré des pertes d’appétit, les cheveux qui tombent, les vomissements, les ponctions lombaires, les piqures, ma voisine de chambre avec un tube dans le nez qui subissait beaucoup d’effets secondaires en réaction aux traitements. J’ai aussi en mémoire certains passages de Fermont. C’est un peu comme un rêve, mais je me souviens des promenades sur le mont Daviault, je me rappelle que lorsque j’étais immunosupprimée je devais expliquer aux autres enfants de maternelle, qui me questionnaient sur la raison pour laquelle je portais un bandeau sur la tête, que j’étais malade. C’est vague, mais il y a aussi quand j’étais dans le mur-écran et que je franchissais la porte de l’école, je me retrouvais au centre de santé. »
La jeune femme éprouve de la gratitude envers ceux qui l’ont épaulée en l’aidant à traverser ces moments pénibles. « Je remercie ceux qui m’ont aidée à passer à travers cette terrible épreuve, je leur suis très reconnaissante. Évidemment mes parents, Fernand Tremblay et Nadiezda Trochez, le personnel médical, et particulièrement le responsable de l’unité d’hémato-oncologie pédiatrique Charles Bruneau, le docteur Bruno Michon, mais aussi les bénévoles de Cancer Fermont, notamment Denis Grenier, et les gens qui ont appuyé mes parents parfois simplement par de bonnes paroles et des mots d’encouragement. »
Fort heureusement, le cancer n’est jamais réapparu, mais cette expérience a marqué le parcours personnel et professionnel de Yaneisy-Nynoska Tremblay qui est aujourd’hui devenue une étudiante universitaire déterminée qui, ayant constaté les bienfaits et l’évolution de la recherche sur le cancer, a été attirée par le domaine. Celle qui termine un baccalauréat en sciences biomédicales à l’Université Laval va amorcer à l’automne une maîtrise en sciences cliniques et biomédicales à la même université.
« Quand on se fixe un objectif, un but, on peut l’atteindre et les désagréments que j’ai subis durant ma maladie me motivent à poursuivre mes études afin de contribuer éventuellement à améliorer les procédures médicales grâce à de nouvelles découvertes. »