CISSS de la Côte-Nord
Nouvelle brèche anticipée dans les finances
par Éric Cyr
Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord envisage d’inscrire un nouveau déficit d’au moins 15 M $ qui est appréhendé pour l’année financière 2018-2019 après avoir dû réclamer une aide de 13,9 M $ à Québec en mars dernier afin de boucler le précédent budget.
Bien que la distance géographique puisse constituer un phénomène aggravant, les dettes constituent cependant un phénomène récurrent au sein de l’administration du CISSS de la Côte-Nord qui semble collectionner les découverts. Tout comme l’an dernier, les gestionnaires ont l’intention de demander une aide d’urgence au ministère québécois de la Santé pour absorber le manque à gagner. C’est le président-directeur général de l’institution de santé, Marc Fortin, qui a dévoilé cette information, le 3 octobre dernier, à l’occasion de la séance du conseil d’administration qui s’est tenue à Sept-Îles.
Le principal intéressé, qui souhaite rationaliser les dépenses, considère que le déficit est surtout imputable aux coûts reliés à la main-d’œuvre et au prix élevé de certains médicaments en oncologie qui pourraient l’inciter à devoir aller chercher une assistance financière additionnelle de 3 M $. Ce dernier attribue le blâme au recours à des agences privées qui emploient des travailleurs indépendants, en croissance exponentielle impressionnante pour l’année financière, et qui a été beaucoup plus important durant la période estivale où le personnel était réduit. Entre avril et août dernier, ce serait l’équivalent de près de 59 000 heures de travail qu’il aurait fallu combler. Il pointe aussi du doigt les heures supplémentaires qui sont très onéreuses et amplifiées par les nombreux postes à pourvoir dans la région qu’il évalue à une quarantaine d’infirmiers/infirmières et à une trentaine de préposés aux bénéficiaires.
Les administrateurs reconnaissent qu’il existe une problématique importante au niveau de la rétention de personnel. Le CISSS nord-côtier a en effet embauché 333 nouveaux employés du début janvier à la fin juillet, mais a dû essuyer simultanément 266 départs. Le PDG précise que des démarches de recrutement sont en cours dans des pays européens de langue française afin de tenter d’attirer des travailleurs qualifiés, mais il précise que cela risque de prendre un certain temps.
M. Fortin confie que certaines solutions ont été planifiées afin de tendre vers un redressement budgétaire, mais que celles-ci ne pourront être appliquées avant la fin des négociations avec les syndicats qui s’éternisent depuis près d’un an. Il juge qu’il faut respecter les conventions collectives et les décrets et qu’il sera difficile d’instaurer de nouvelles mesures avant la signature des conventions collectives dont l’exercice vise à harmoniser les conditions de travail des neuf établissements fusionnés au sein du CISSS de la Côte-Nord tout en tenant compte des particularités locales.
Des représentants syndicaux de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) de la Côte-Nord, qui regroupe 900 membres, et de la CSN étaient sur place lors de la rencontre afin de demander la poursuite des négociations qui ont été rompues quelques jours plus tard, le 9 octobre, par l’employeur qui s’est retiré de la table de négociations, ce qui a fait dire à l’APTS que la partie patronale a ralenti volontairement les négociations pour tenter d’imposer ses vues dans le cadre d’une médiation en arbitrage.