Wabush : d’une pierre deux coups
Une farandole équestre grandiose ravit les spectateurs
par Éric Cyr
Un vent d’optimiste s’est levé sur la ville de Wabush au Labrador qui a célébré son cinquantième anniversaire en grand en accueillant le Carrousel de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), du 21 au 23 juillet dernier, le tout coïncidant avec sa tournée pancanadienne pour souligner le 150e anniversaire du Canada. Un public nombreux a assisté à cet événement unique, une première dans la région.
Spectacle de notoriété mondiale
Le traditionnel Carrousel a obtenu une renommée internationale et certains chevaux ont même paradé devant la reine Élisabeth II au château de Windsor, l’une des résidences de la famille royale, au Royaume-Uni, une destination où ils se sont rendus par avion-cargo. Composé de 32 cavaliers et de leurs montures en provenance de la ferme d’élevage de la GRC de Pakenham (située à environ 45 minutes d’Ottawa en Ontario), les chevaux âgés de 7 à 21 ans ont au préalable été retenus grâce à une sélection rigoureuse et un entraînement intensif dès la fin de leur première année jusqu’à l’âge de 6 ans. Cette prestation comprend des figures complexes et des exercices chorégraphiés exécutés au son de la musique et qui exigent une grande maîtrise, un synchronisme parfait et une excellente coordination. Le public a pu assister entre autres à la haie d’honneur, le losange, l’étoile, la roue de charrette, le labyrinthe, le dôme et la charge. Le Carrousel qui se produit de mai à octobre dans plusieurs localités au pays, aide grâce à la vente de billets, à recueillir des milliers de dollars pour des organismes locaux de bienfaisance et sans but lucratif. Les nombreux spectateurs qui s’étaient déplacés à l’occasion de cet événement unique dans la région étaient enchantés et émerveillés de pouvoir admirer les prouesses des cavaliers et surtout de leurs palefrois.
Un parcours difficile
Les chevaux en partance de Halifax en Nouvelle-Écosse où ils s’étaient produits la semaine précédente sont habitués à parcourir de vastes distances dans des camions-remorques adaptés à leurs déplacements, mais leur trajet sur la route nationale 389, le seul lien routier vers le Labrador, qui bien que carrossable comporte son lot de courbes sinueuses et de montées vertigineuses, a constitué une épreuve particulièrement pénible pour les équidés selon un responsable de la logistique. Et ce malgré le fait que cinq niveleuses avaient été appelées en renfort au préalable afin d’aplanir les portions non asphaltées et ainsi contribuer à faciliter le déplacement du convoi composé de quatre unités, dont trois réservées aux solipèdes et l’autre pour les équipements et vestiaires. Selon un gendarme , 36 chevaux se sont déplacés pour l’occasion incluant les 32 qui ont brillé sur place, celui du superviseur du Carroussel et trois substituts. « Les chevaux sont de véritables athlètes qui se déplacent fréquemment en effectuant de longs trajets et sont en très grande forme, mais parfois un étirement musculaire peut malheureusement survenir. Un vétérinaire d’Ottawa était du parcours afin d’assurer le bien-être et le confort des bêtes durant le voyage comme c’est le cas lors des longs déplacements similaires comme celui de Whitehorse au Yukon vers Vancouver en Colombie-Britannique. » Le cavalier responsable précise que l’arrivée à destination a pris plus de temps que prévu compte tenu des conditions particulières de cet axe terrestre.
« Un des conducteurs de camions m’a confié que la route n’était vraiment pas belle et a exigé plus de temps que ce qu’il avait envisagé au départ et il a fallu réduire la vitesse afin de ne pas perturber inutilement les animaux logés à l’arrière, mais que ça s’était tout de même bien passé. » Ce dernier poursuit : « Les chevaux, qui s’entraînent deux fois par jour quand ils ne sont pas en tournée, ont fait des exercices pour se dégourdir une fois rendus à Wabush et ont pu se reposer le lendemain avant de préparer leur performance. »
Malgré la température maussade la première journée, beaucoup de monde a pris part à cette activité équestre qui s’est terminée par de la pluie, de la neige et de la grêle après le spectacle. « L’organisation était impeccable. Il y avait une bonne participation et nous avons été très bien accueillis.» L’étable aménagée dans l’aréna local répondait très bien aux besoins des chevaux qui sont habitués à demeurer aux écuries de la GRC dans la région de la capitale nationale quand ils ne sont pas sur la route. Les cavaliers ont rencontré les spectateurs avec qui ils ont pu échanger et répondre à leurs questions après leurs prestations entre quelques photos souvenirs. Les policiers de la GRC qui souhaitent devenir cavaliers doivent suivre un cours d’équitation de base de cinq semaines et parfaire leurs connaissances et leur art durant six mois avant d’espérer se joindre au Carroussel et ne peuvent demeurer sur l’équipe que durant deux ans et demi avant d’être affectés ailleurs. Il y a une rotation annuelle de 15 à 18 cavaliers.
Escouade canine
Charlie, le premier berger allemand de l’escouade canine de la GRC à Happy Valley-Goose Bay est arrivé au Labrador il y a près de deux ans et était aussi de la fête, mais il n’a pas réussi à voler la vedette aux chevaux bien que lui aussi ait dû prendre part à un entraînement rigoureux avant d’être sélectionné pour exercer son métier de chien renifleur de drogues et de pisteur pour retrouver des personnes disparues.