In vino veritas
Oser goûter les affaires
par Éric Cyr
La conférencière, entrepreneure et sommelière québécoise de renommée internationale Jessica Harnois a présenté sa conférence « Oser goûter les affaires » dans le cadre de l’événement « Soirée Vegas » organisé par la Chambre de commerce de Fermont suivie d’une dégustation de vins en compagnie de sa collègue Coritha Pierre au bar La belle bêtise à Fermont, le 10 avril 2025.
Détentrice d’un baccalauréat en communication à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et d’un EMBA (administration des affaires), Jessica Harnois qui a voyagé un peu partout sur la planète adore les animaux et s’investit dans une fondation pour aider les éléphants au Sri Lanka. Dès son plus jeune âge, elle a souffert d’otites à répétition qui ont affaibli son audition. L’ouïe étant moins prononcée, elle a commencé à aiguiser d’autres sens comme l’odorat et le goût, les outils les plus importants en sommellerie. À 14 ans, elle tombe follement amoureuse du vin et comme sa mère évolue dans le domaine de la mode, l’autodidacte a été exposée à l’univers du vin lors des défilés de mode, ce qui la propulse vers sa future carrière dans le monde vinicole. Elle a travaillé aux quatre coins du globe dans de prestigieux restaurants comme au Toqué! à Montréal, au Tetsuya’s à Sydney en Australie et au Charlie Trotter’s à Chicago aux États-Unis où elle devient par la suite acheteuse de vins de prestige de la Société des alcools du Québec (SAQ) et présidente de l’Association canadienne des sommeliers professionnels (ACSP). Polyvalente, elle a publié dix livres à ce jour. L’entrepreneure qui a remporté le prix Femme d’affaires du Québec 2019 dans la catégorie petite entreprise décerné par le Réseau des femmes d’affaires du Québec et créatrice de la populaire gamme de vins Bù vendue à plusieurs millions de bouteilles confie : « J’ai besoin de nature. Ma vie est un feu roulant. J’ai deux vitesses, zéro ou turbo ! Je ne mise pas sur mes défauts. L’union fait la force et la vraie richesse c’est l’amour, les amis, la vie qui est précieuse. Le temps est relatif. Si tu n’aimes pas ce que tu fais, c’est long. Pour moi, le vin est magique et constitue un prétexte pour rencontrer l’humain. »
Celle qui se surnomme à la blague ‘Jessico le volcano’ car elle a parfois un tempérament explosif détient aussi un diplôme en mixologie à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ). Elle explique qu’il faut s’adapter aux changements et savoir foncer. Ayant le goût d’apprendre, elle a commencé comme plongeuse dans un restaurant et a gravi les échelons pour devenir cuisinière puis cheffe. Plus tard, au restaurant de renom Le Toqué! dans la métropole québécoise, elle a l’occasion de rencontrer les plus grands chefs mondiaux du moment. « L’excellence et l’expertise font la différence, mais ça vient avec beaucoup de responsabilités. Le danger c’est de se croire invincible ou irremplaçable. En Égypte, ils disent que le véritable cerveau c’est le cœur. La vie est un jeu dans lequel on ne peut pas toujours gagner. La peur c’est l’inverse de l’amour. C’est la nature des relations qui compte et l’on est récompensés quand on trouve une pépite d’or », explique cette dernière qui considère que le secret du succès est la persévérance et de savoir bien s’entourer. Elle a rebaptisé le syndrome de l’imposteur syndrome de l’excellence lors de son séjour en Australie où elle devient sommelière au fameux Tetsuya’s avant de se diriger ensuite vers le Charlie Trotter’s au pays de l’oncle Sam, deux établissements classés parmi les meilleurs au monde. « J’ai adoré serrer les kangourous contre moi. À l’époque, je n’avais pas de diplôme en sommellerie, mais j’avais les capacités. J’ai dit la vérité et j’ai été choisie. À 27 ans, je suis devenue acheteure en chef de la SAQ, le plus important acheteur de vins dans le monde. J’ai appris l’anglais avec un excellent professeur, Bart Simpson, de l’émission de télévision homonyme. Mon truc c’était de faire boire les fournisseurs pour obtenir de bons prix », dit en riant celle qui souffre de dyscalculie (dyslexie des chiffres).
« L’important c’est ce qu’on fait de notre vie. Il faut apprendre à se connaître. On a le pouvoir de choisir selon nos valeurs. L’énergie c’est ce qui nous propulse. Une banque d’énergie ça se régénère, mais il y a une limite. Il faut gérer nos émotions et ne pas les laisser prendre le dessus. Le but du jeu de la vie c’est de s’amuser. C’est comme un manège et ce peu importe si la balançoire est un peu croche », conclut Mme Harnois qui insiste sur la connexion entre le cœur qui est le métronome et la tête ainsi que sur la nécessité d’être bienveillant avec son corps afin de cultiver la santé.
Quelques titres de livres de Jessica Harnois : Santé, boire et manger : l’alimentation en transdisciplinarité selon les perceptions et Tête, cœur, corps : cultiver l’équilibre, la clé du succès. Pour en connaître davantage, consulter le site internet jessicaharnois.com et la page Facebook Jessica Harnois.