De la boucane aux yeux
Sensibilisation à la culture innue
par Éric Cyr
Le représentant de la culture innue Alfred McKenzie était de passage au chalet de service de Fermont le 10 septembre dernier dans le cadre d’une rencontre interculturelle visant à sensibiliser la population aux us et coutumes de son peuple incluant une dégustation de nourriture d’inspiration traditionnelle adaptée à la sauce moderne.
Alfred McKenzie qui cuisine depuis une trentaine d’années et travaille avec des produits culinaires locaux et régionaux, en passant du canard et de l’outarde au caribou et au castor, confie qu’il évite d’utiliser des épices afin de ne pas masquer les saveurs des aliments.
« J’essaie de conserver le gout original et de perpétrer les recettes de mes ancêtres. » confie-il.
Ce dernier qui a une formation en tourisme d’aventure et de plein air a déjà été guide de chasse et pêche et c’est dans la nature qu’il communie le mieux avec ses racines. Discutant avec les gens pendant qu’il fait fumer de la viande de gibier et du poisson à l’aide de branches d’épinette, une tradition qui remonte à des temps immémoriaux, Alfred McKenzie répond aux questions et parle de ses traditions aux personnes venues à sa rencontre. Celui-ci déplore que plusieurs jeunes innus aient perdu leur langue, l’innu-aimun qui fait partie de la famille linguistique algonquine.
« La nouvelle jeunesse ne croit plus aux réponses de la nature. » Il est nostalgique de l’époque où les Innus s’adonnaient à la chasse et à la pêche sur le vaste territoire boréal. Les Innus se déplaçaient en canot l’été et en raquettes et en toboggan l’hiver et vivaient dans des wigwams faits d’écorces de bouleaux au sud et de peaux de caribous au nord.
« Le garde-manger traditionnel c’était la forêt et les lacs. Je me souviens d’une vieille aînée innue qui décrivait ce temps-là en parlant de belle misère. Si une catastrophe majeure se produisait, les survivants vont être ceux qui pourront maitriser les techniques traditionnelles.»
Selon M. McKenzie, le monde occidental et la mondialisation vont à l’encontre du mode de vie ancestral traditionnel. « L’appât du gain tue les minorités. » explique celui qui souhaite créer des ponts et sensibiliser le public au fait qu’il existe encore un petit noyau de culture innue qui résiste à la globalisation et qui tente de façon légitime de préserver ses origines.
Le terme Montagnais, archaïque de nos jours, a été utilisé par les Européens pour désigner les Innus, ce qui signifie « humains » ou « hommes véritables ».