Boulevard Jean-Claude Ménard
Implantation d’une écoroute d’hiver
par Éric Cyr
Le boulevard Jean-Claude Ménard, qui relie l’intersection de la route nationale 389 à la ville de Fermont, a été désigné autoroute d’hiver sur sa totalité à compter du début de la saison hivernale 2023-2024 devenant ainsi l’une des 32 routes de ce genre au Québec. Cette modification est presque passée inaperçue et n’a pas fait grand bruit compte tenu de l’infime quantité de neige aperçue au sol localement depuis cette nouvelle attribution.
L’un des facteurs déterminants ayant occasionné la mise en place de cette modification par le ministère québécois des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) dans le cadre de sa « Stratégie québécoise pour une gestion environnementale des sels de voirie » découle d’une volonté d’atténuer les effets néfastes des produits de déglaçage (chlorures de sodium, calcium ou magnésium, urée et mélanges) beaucoup plus nocifs pour l’environnement que les abrasifs (sable, gravier fin, pierre concassée, copeaux de bois, mélanges d’abrasifs et de sel, pierre volcanique) moins dommageables pour le milieu naturel.
Limiter les impacts environnementaux
En effet, ce type de route, qui représente une solution pour faire cohabiter développement durable et déplacements sécuritaires, fait l’objet d’un mode d’entretien différent des méthodes habituelles pendant la période hivernale afin de réduire les répercussions environnementales des fondants dans les zones visées considérées comme vulnérables à l’épandage de sels de voirie telles que les sources d’eau potable, les milieux humides, certains cours d’eau et lacs ainsi que les terres agricoles. Le Centre d’interprétation de l’eau (C.I.EAU) explique que les sels de voirie réfèrent aux sels à base de chlorure, dont le plus couramment utilisé, le chlorure de sodium (NaCl), est communément connu comme du sel de table. Il est idéalement employé pour faire fondre la glace à des températures oscillant entre 0 et -10 degrés Celsius alors que des abrasifs sont quant à eux généralement appliqués à des températures inférieures à -15 degrés.
Déneigement plus fréquent
Selon Transports Québec, qui se considère comme un chef de file en matière de gestion des sels de voirie, ce mode d’entretien innovateur privilégie une intensification des interventions de grattage et l’utilisation d’abrasifs aux endroits critiques pour assurer la sécurité des usagers de la route qui demeure une priorité absolue. Il est toutefois possible que, dans certaines circonstances, l’utilisation de sels de voirie constitue la méthode la plus efficace notamment lorsque la chaussée est glacée de même qu’aux endroits plus problématiques comme dans des pentes, des courbes et à l’approche des arrêts. Selon les récentes données du MTMD, environ 800 000 tonnes de sels de voirie sont utilisées annuellement pour entretenir le réseau routier québécois.
Le choix d’une telle approche qui a nécessité l’adhésion du milieu s’est fait en collaboration avec la Ville de Fermont. Le Ministère compte sur la collaboration essentielle des automobilistes afin qu’ils adaptent leur conduite aux conditions hivernales.
Historique
Le Ministère a d’abord testé cette méthode d’entretien hivernal sur quatre tronçons de route en Estrie et au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en 2008, avant d’introduire les deux premières écoroutes d’hiver en bordure des lacs Mégantic et Memphrémagog en Estrie, en 2008-2009 et en 2011-2012, et d’en instaurer deux autres au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en 2012-2013. À l’origine, cette méthode d’entretien était nommée « route blanche » cependant, en raison d’un risque de confusion avec le sentier de motoneige de la Basse-Côte-Nord qui porte ce même nom, le MTMD a changé son appellation pour écoroute d’hiver.