Politique commerciale
Tarification douanière abusive et injustifiée
par Éric Cyr
Le 45e président des États-Unis, le républicain Donald Trump, s’est mis en porte à faux avec les chefs d’État des pays les plus riches du monde lors du Sommet du G7 dans Charlevoix au Québec. Préalablement à cette rencontre, le Syndicat des Métallos/Steelworkers dénonçait déjà les tarifs douaniers injustes sur l’acier et l’aluminium récemment imposés par le gouvernement américain, qui nuiront au commerce et aux travailleurs des deux côtés de la frontière canado-américaine, tout en freinant l’économie.
Quece soit au plan économique ou sur celui de la sécurité nationale, rien ne justifie l’imposition par les États-Unis d’une protection tarifaire sur ces deux alliages métalliques provenant du Canada, fait valoir le syndicat qui représente des dizaines de milliers de travailleurs des secteurs de l’acier et de l’aluminium, tant au Canada qu’aux États-Unis. Cette montée du protectionnisme pourrait mener à un ralentissement du marché nord-américain.
Souricière économique
Les Métallos ont réagi à la suite de la sortie du secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, qui a annoncé que l’administration Trump imposera des tarifs douaniers de 25 % sur les exportations d’acier canadien et de 10 % sur celles d’aluminium. « Le Canada a toujours été exempté de tels tarifs par le passé parce que rien ne justifie le recours à une telle mesure, tant au chapitre de l’économie que de la sécurité nationale. L’acier et l’aluminium canadiens n’ont rien à voir avec le problème qui préoccupe l’administration américaine, ils ne font pas partie du problème. Imposer ainsi des tarifs à l’acier et l’aluminium canadien risque de nuire aux économies et aux travailleurs des États-Unis et du Canada », fait valoir le directeur canadien des Métallos, Ken Neumann.
Solidarité continentale
Les dirigeants du Syndicat des Métallos des deux pays avaient fait des représentations pour éviter de telles barrières commerciales, menant à une exemption temporaire pour les producteurs canadiens. « Le Canada n’est pas le problème. La décision de retirer le Canada de la liste des exemptions est inacceptable, elle remet sérieusement en question la conception et l’orientation de la politique commerciale de l’administration Trump », fait valoir le président international du Syndicat des Métallos, Leo W. Gerard.
« Cette décision fait fi de la nature équitable des échanges commerciaux d’acier et d’aluminium entre le Canada et les États-Unis. Elle passe outre à la volonté du gouvernement canadien de renforcer ses lois et la coopération avec les États-Unis pour combattre les pratiques commerciales déloyales menées par d’autres pays », poursuit le syndicaliste.
Mercantilisme erroné
« Ces nouveaux tarifs douaniers destinés aux producteurs canadiens d’acier et d’aluminium sont intenables pour l’économie américaine, laquelle a besoin de notre aluminium et de notre acier. Nos industries manufacturières sont fortement interreliées et ça profite aux travailleurs des deux pays. Ces tarifs injustifiés entraîneront des répercussions économiques de chaque côté de la frontière », souligne le directeur québécois des Métallos, Alain Croteau. Selon le directeur des Métallos pour l’Ontario et l’Atlantique, Marty Warren, le Canada n’est pas un mauvais joueur et rien ne justifie d’imposer de telles sanctions sur les importations canadiennes : « Le Canada et les États-Unis doivent se concentrer sur les pays ayant des pratiques commerciales prédatrices et destructrices qui nuisent aux industries et aux emplois dans nos deux pays comme la Chine, l’Égypte, l’Inde, la Malaisie, la Corée, la Russie, la Turquie et le Vietnam. » Le directeur des Métallos pour l’Ouest canadien, Stephen Hunt, ajoute : « Même la preuve réunie par l’administration américaine montre que le Canada est un partenaire commercial fiable et équitable et ne constitue pas une menace pour la sécurité nationale aux États-Unis. »