Rencontre littéraire
L’écrivaine Monique Durand sort du rang
par Éric Cyr
La bibliothèque publique de Fermont a accueilli l’écrivaine et journaliste indépendante Monique Durand, le 6 juin dernier, pour présenter le livre qu’elle est actuellement en train d’écrire et qui s’intitulera « Le Nord est une route. » La globe-trotter qui a arpenté la planète a amorcé une discussion où elle a dialogué avec le public du sujet de sa démarche littéraire et a parlé entre autres de son imbrication dans les paysages et la vie du Nord et du Labrador.
Après avoir publié un recueil de nouvelles, Eaux, en 1999, suivi d’un premier roman, en 2003, La femme du peintre, l’histoire d’Evelyn qui rencontre un malotru plutôt désagréable qui deviendra son mari, tous deux encensés par la critique en France et au Canada, l’auteure n’a rien perdu de son inspiration et obtient le prix du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) – Oeuvre de l’année sur la Côte-Nord pour son roman, Le petit caillou de la mémoire, sorti en 2016, une fiction directement inspirée de son voisin gaspésien. « J’avais envie d’archiver des vies qui n’existeront plus. » Vient par la suite, Saint-Laurent mon amour, en 2017, qui réunit ses textes publiés dans le journal Le Devoir sur le majestueux fleuve et où elle s’est permis pour la première fois de parler au « je » afin d’introduire son lien intime avec ce cours d’eau. Malgré son succès, cette dernière considère que c’est toujours un privilège quand un éditeur accepte de publier une de ses œuvres.
Vécu et inspiration
« La mode actuelle est à l’autofiction où grosso modo l’auteur se raconte. Dans mon cas, il n’y a pas un seul paragraphe qui n’est pas relié à du vécu. Je suis restée hantée par une histoire de mon père qui racontait qu’un fort vent a fait se détacher un continent de glace alors qu’il était sur le fleuve. Ce souvenir m’a beaucoup inspirée. Par contre, l’écriture ne doit pas être une thérapie sinon ce n’est pas de la littérature », confie la femme énergique qui a aussi fait paraître un livre de récits, Carnets du Nord, en 2012, qui propose une traversée intime au cœur des communautés nordiques. « J’ai longtemps pensé que l’inspiration c’était des langues de feu qui nous tombent dessus, une espèce d’opération du Saint-Esprit. »
Monique Durand, qui a fait une carrière de journaliste et de réalisatrice à Radio-Canada, a obtenu le prix Jules-Fournier du Conseil supérieur de la langue française en 2014 pour l’ensemble de son œuvre dans la presse écrite québécoise.
Durant la rencontre, elle a raconté avec passion et enthousiasme aux Fermontois le périple qu’elle a amorcé de Baie-Comeau vers Baie-Comeau en passant par l’incontournable route 389 et le Labrador, qu’elle a déjà visité, en bifurquant quelque peu afin de s’adapter aux questions qui lui étaient posées. Ses livres sont offerts pour emprunt à la bibliothèque locale.