Blocus partiel de Schefferville
Grève au service de chemin de fer
par Éric Cyr
La seule liaison terrestre entre Sept-Îles et Schefferville a été partiellement rompue après que les deux syndicats de transport ferroviaire de l’entreprise Transport Tshiuetin ont déclenché une grève générale illimitée, le 27 septembre dernier. Ce scénario vient perturber l’approvisionnement en denrées essentielles de Schefferville et le mode de transport principal pour accéder à cette localité nordique isolée en plus d’arrêter complètement l’acheminement du minerai de fer vers le sud.
Bien que certains services essentiels soient maintenus, cette situation affecte le train de passagers et celui de marchandises ainsi que l’acheminement du minerai de fer des installations minières de Tata Steel qui sera totalement interrompu. L’offre du transport de passagers sera diminuée de moitié passant de deux à un aller-retour par semaine alors que la cargaison sera réservée aux provisions de nourriture et à l’essence.
Négociations infructueuses
Les propositions salariales de Transport ferroviaire Tshiuetin ont été jugées inacceptables par les travailleurs et aucune entente n’a donc été conclue. Selon le Conseil central de la Côte-Nord de la CSN, l’employeur n’a pas mis les efforts nécessaires pour régler la situation. Le directeur général de la compagnie s’était planifié des vacances au Chili et le porte-parole du comité de négociation n’a pas jugé bon de se déplacer préférant participer à la séance de négociation par visioconférence de Québec. Ça dénote le manque de sérieux de la partie patronale qui n’a fait aucune offre satisfaisante tout en disant vouloir trouver des solutions rapidement. Le syndicat explique que les pourparlers qui n’ont pas abouti ont principalement achoppé parce que l’employeur accepterait d’accorder une augmentation salariale seulement en contrepartie de suppressions de postes et d’heures de travail chez certains employés dans le cadre d’une restructuration qui demeure incertaine. Les membres syndiqués ont catégoriquement refusé la proposition qui voudrait financer les augmentations de la majorité au détriment d’un petit groupe de travailleurs.
« Ces personnes doivent se montrer conciliantes et prêtes à prendre les commandes du train durant 14 jours consécutifs pendant le mois. Or, leur travail dépend de la compagnie qui leur apporte le minerai. Il se peut qu’il n’y ait aucune marchandise à transporter durant une journée et que ces employés n’aient pas à travailler; ils doivent tout de même rester en poste, dans le bois, et l’employeur voudrait réduire de moitié leur salaire durant cette période. Ça ne passe pas », explique le président du syndicat, Guillaume Tremblay.
L’ensemble des demandes des travailleuses et travailleurs sont loin d’être excessives, estime le vice-président de la FEESP-CSN, Jean-Pierre Bourgault. Ceux-ci sont prêts à mettre de l’eau dans leur vin, le temps que le transporteur ferroviaire procède à certaines restructurations dans la gestion. Ils tiennent cependant à ce que leurs revendications soient prises en compte, car elles sont tout à fait légitimes. « Il ne faut pas oublier que les nombreux départs non remplacés de la dernière année ont occasionné une surcharge de travail importante. Nous sommes derrière eux pour les soutenir et pour qu’ils obtiennent ce qu’ils méritent », conclut-il. Pour sa part, le conseiller syndical à la CSN, Réjean Bradley, explique qu’étant donné qu’il s’agit d’une grève générale illimitée, le débrayage durera jusqu’à ce que les parties s’entendent sur une nouvelle convention collective.
Deux groupes distincts sont en grève, soit la soixantaine d’employés de Tshiuetin incorporé qui assure le service de passagers et la vingtaine de travailleurs de Tshiuetin SEC qui gère le convoyage sur rails de fret et de minerai entre ces deux destinations.