Transport médical
Des tragédies évitables?
par Éric Cyr
Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord tente d’élucider les circonstances ayant mené à la mort d’un enfant de deux ans, Olivier Dégarie-Cyr, qui a été traité par des médecins au Centre de santé de Fermont avant d’être transféré par avion au Centre hospitalier de l’Université Laval (CHUL) à Québec afin d’obtenir un diagnostic plus approfondi et où son décès a malheureusement été constaté, le 5 octobre dernier. Un coroner, Donald Nicole, fait également enquête dans ce dossier.
Selon les parents, les résultats de l’autopsie auraient révélé une malformation intestinale rare et difficile à détecter qui n’était pas connue et qui aurait provoqué de graves complications. Ils s’interrogent cependant à savoir s’il aurait été possible de transférer leur petit garçon vers l’hôpital voisin le plus proche situé à Labrador City. Et, si l’issue fatale avait pu être évitée sans l’important délai de près de douze heures qui s’est écoulé entre la consultation de leur fils à l’établissement de santé de Fermont et son admission à l’institution médicale spécialisée à Québec où le bambin aurait rendu son dernier souffle une quinzaine de minutes après son arrivée.
Un doute subsiste
Et si le petit avait pu être sauvé? La mère, Stéphanie Dégarie, enceinte d’un troisième enfant, a écrit une lettre touchante publiée sur les réseaux sociaux, véritable cri du cœur décrivant le drame cauchemardesque que la famille a vécu. Elle y dénonce le fait que malgré l’état instable de son fils et l’autorisation de le transférer au CHUL à Québec vers 16 h 30, l’avion n’aurait décollé qu’aux alentours de minuit trente, soit quelques huit heures plus tard, et le petit garçon n’aurait finalement été vu par des spécialistes qu’à 4 h du matin. La raison de ce délai important n’est pas précisée.
Améliorations nécessaires
Ce n’est pas la première fois que des problèmes de transport médical surviennent sur la Côte-Nord.
Un autre cas particulier qui a retenu l’attention médiatique, en mars dernier, est celui d’un patient de la Basse-Côte-Nord, le préfet de la MRC de Golfe-du-Saint-Laurent, Randy Jones, victime d’un problème cardiaque grave requérant des soins d’urgence et nécessitant un transfert aérien que le service d’avion-ambulance mandaté par le CISSS de la Côte-Nord (à l’époque SkyJet, qui a remplacé PAL Airlines, et qui avait reçu plusieurs plaintes) a refusé de le transporter en raison de son poids. Il s’est écoulé 36 heures entre le moment où il s’est rendu au dispensaire de La Tabatière en motoneige (il n’y a pas de route dans ce secteur) et son admission dans un hôpital à Québec, où il a finalement subi une intervention chirurgicale après une évacuation en hélicoptère vers Chevery suivie de deux vols dans deux avions différents. Un petit avion nolisé par son médecin, qui a décollé de Goose-Bay au Labrador, l’a transporté jusqu’à Sept-Îles, où il fut récupéré par l’avion-hôpital du ministère de la Santé. Des intervenants du domaine médical ont confié au diffuseur public Radio-Canada que ce ne serait pas la première fois qu’un tel incident survient.
Les funérailles d’Olivier Dégarie-Cyr ont eu lieu à Chandler en Gaspésie, le 15 octobre. Nos plus sincères condoléances à la famille et aux proches.