Histoire
Cinquantenaire de Fermont
par Éric Cyr
Petite ville construite dans les années 1970, Fermont possède un parcours riche et unique. Son développement est intrinsèquement lié à l’exploitation minière du fer, une ressource abondante dans ce secteur. L’histoire de cette municipalité commence par la découverte du minerai de fer dans la fosse du Labrador, une vaste région minière s’étendant entre le Québec et le Labrador, et elle reflète l’épanouissement économique provoqué par cette industrie.
La découverte de gisements de fer dans la région remonte à la fin du XIXe siècle, mais ce n’est qu’à partir des années 1950, avec l’intensification des activités minières dans cette ceinture géologique, que l’on commence à envisager sérieusement l’exploitation du fer à grande échelle. La compagnie minière Québec Cartier (aujourd’hui ArcelorMittal) a joué un rôle déterminant dans cette dynamique. À cette époque, l’extraction du fer représentait un moteur économique important, non seulement pour le Québec, mais aussi pour le Canada dans son ensemble. L’économie mondiale nécessitait des quantités massives de fer pour alimenter les industries de l’acier, et les régions riches en minerai de fer, comme la Côte-Nord et le Labrador, étaient cruciales pour répondre à cette demande.
Fermont fut donc fondée en 1974 dans le but de loger les travailleurs nécessaires à l’exploitation de la mine de fer de Mont-Wright située à une trentaine de kilomètres de la localité. Le projet de développement urbain de Fermont fut conçu de manière novatrice et l’élément le plus marquant de cette conception est sans conteste le fameux « mur-écran ». Longue de 1,3 km, cette figure architecturale emblématique n’est pas simplement une infrastructure : elle constitue une réponse ingénieuse aux conditions climatiques particulièrement rigoureuses de la région, notamment aux vents violents et aux températures glaciales qui caractérisent l’hiver nordique. L’installation qui abrite environ 400 appartements, des commerces, des services publics, des équipements de loisirs ainsi que des écoles est un aménagement intégré qui permet non seulement de protéger les résidents des intempéries, mais aussi de créer une véritable vie communautaire à l’intérieur du mur. Ce concept innovant a permis à Fermont de se démarquer des autres villes minières nord-américaines, souvent marquées par un développement anarchique et peu structuré.
La vie fermontoise est intimement liée à l’industrie minière et le lieu connaît donc des cycles économiques dépendants des fluctuations du prix du fer sur les marchés internationaux. Pendant les années de prospérité, la ville a vu sa population augmenter, atteignant son apogée dans les années 1980. Cependant, des périodes de crise économique ont également affecté la communauté, notamment lors de la récession mondiale des années 1990 et plus récemment, dans les années 2010, lorsque la demande de fer a chuté en raison de la baisse de l’activité industrielle mondiale. Malgré ces défis, Fermont a su se diversifier et offrir à ses habitants un cadre de vie agréable, bien que souvent isolé en raison de son emplacement géographique. La communauté s’est construite autour de la solidarité et de la résilience face aux conditions climatiques extrêmes et aux aléas économiques.
L’un des aspects qui illustrent bien l’esprit de l’endroit est la place centrale des activités de plein air dans la vie quotidienne. En effet, les Fermontois profitent de l’immensité du territoire pour pratiquer des activités comme la chasse, la pêche, la motoneige et le ski. La nature environnante, vaste et sauvage, constitue un attrait majeur pour les habitants et les visiteurs.
Aujourd’hui, Fermont demeure un exemple fascinant d’urbanisme adapté aux contraintes environnementales tout en étant un symbole de la détermination humaine à prospérer dans des conditions extrêmes. La ville continue de jouer un rôle clé dans l’industrie du fer, avec des investissements continus dans les infrastructures minières et des efforts pour attirer de nouveaux habitants. Son histoire, marquée par la création du mur-écran et l’essor minier, reste une partie essentielle de l’identité de la Côte-Nord et du Québec.