Enquête publique
Le fiasco de Muskrat Falls
par Éric Cyr
Une vérification juricomptable qui se penchera sur les dépassements de coûts et les retards des échéanciers du mégaprojet de développement électrique de Muskrat Falls au Labrador, un compétiteur direct d’Hydro-Québec, devait commencer ce mois-ci. C’est le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, le libéral Dwight Ball, qui a fait l’annonce de la tenue de cette commission à la fin de l’année dernière sans rater l’occasion d’écorcher au passage les quatre précédents gouvernements provinciaux progressistes-conservateurs.
Le stade olympique du Labrador
C’est le premier ministre progressiste-conservateur Dany Williams qui, avant de quitter l’arène politique en 2010, a été l’instigateur de cette démarche initialement estimée à 6,2 milliards de dollars lors de son approbation en 2012. La construction de Muskrat Falls aura par la suite gonflé à 12,7 milliards, soit plus du double de ce qui avait été anticipé. Selon l’actuel PDG de Nalcor Energy, le vis-à-vis d’Hydro-Québec dans cette province, Stan Marshall, une fois le projet de Muskrat Falls enclenché, la province ne pouvait plus faire marche arrière malgré l’explosion des coûts puisqu’elle aurait dû débourser encore de grosses sommes pour l’annuler sans obtenir de gains énergétiques. Bien que la centrale hydroélectrique soit pratiquement terminée, elle ne devrait atteindre sa pleine capacité de production d’électricité qu’en 2020 avec près de trois ans de retard et des dépassements de coûts exorbitants. M. Mashall nommé par les libéraux après leur élection en 2015 pour tenter de redresser le tir a qualifié Muskrat Falls de « gâchis » et de « trou financier » après avoir pris le relais de son prédécesseur.
Injustice
Le gouvernement québécois a déjà dénoncé cette « concurrence déloyale » et exigé une compensation du gouvernement fédéral (qui a absorbé une partie de cette somme notamment grâce à une garantie de prêt de 9,3 milliards de dollars) étant donné qu’Hydro-Québec n’a jamais obtenu de telles garanties ni bénéficié d’une pareille aide de la part d’Ottawa lors de ses grands chantiers.
Les véritables perdants
Bien que le premier ministre Dwight Ball souhaite minimiser les déboires occasionnés par cette débandade monumentale, une famille moyenne à Terre-Neuve-et-Labrador pourrait tout de même payer 18 % d’augmentation ou environ 150 $ de plus par mois pour son électricité à partir de 2022.