Négociations
LâACDQ souligne avec ironie un triste sixiĂšme anniversaire
par Ăric Cyr
Cela a fait six ans, le 31 mars dernier, quâest Ă©chue lâentente entre le ministĂšre de la SantĂ© et des Services sociaux (MSSS) et lâAssociation des chirurgiens-dentistes du QuĂ©bec (ACDQ). Afin de marquer cet Ă©vĂ©nement, lâAssociation a fait appel Ă la fĂ©e des dents, dĂ©clarĂ©e « service essentiel » durant la pandĂ©mie par le premier ministre Legault, pour lâaider Ă passer leur message au gouvernement et aux mĂ©dias prĂ©sents sur la colline parlementaire Ă QuĂ©bec.
Le prĂ©sident de lâACDQ, le docteur en mĂ©decine dentaire Carl Tremblay, considĂšre que lâĂ©volution des nĂ©gociations tourne en rond depuis 2017 et juge la situation dĂ©plorable. « Il est temps que ça cesse ! Câest pour cette raison que nous profiterons du mois de la santĂ© buccodentaire pour faire parler de nous et proposer des moyens de pression. » Cette visite vise Ă souligner le sixiĂšme anniversaire de lâĂ©chĂ©ance de lâentente liant le gouvernement du QuĂ©bec aux dentistes qui exercent partout sur le territoire quĂ©bĂ©cois.
Selon le dentiste Bernard Jolicoeur, qui a consacré toute sa vie professionnelle au service des communautés nordiques depuis 1985 et qui a longtemps exercé sa profession à temps plein à Fermont, soit de 1989 à 2013, et qui y revient réguliÚrement depuis ce temps à titre de dentiste-remplaçant quand les dentistes permanents prennent congé :
« Pour les dentistes en exercice privĂ© au « sud » cela signifie que les tarifs quâils reçoivent pour des soins couverts par le service public couvrent Ă peine leurs frais dâexploitation. » Ce dernier explique, Ă titre dâexemple, quâil leur reste Ă peu prĂšs 3 $ de profit pour une extraction dentaire une fois les frais dâexploitation de leurs cabinets pris en compte.
Régions éloignées et isolées
Pour les dentistes des communautĂ©s nordiques comme Fermont, mais aussi tout le Nunavik, la Baie-James et la Basse-CĂŽte-Nord, la pratique privĂ©e nâexiste pas et les dentistes sont rĂ©munĂ©rĂ©s sous forme dâhonoraires fixes ou au taux horaire et dans tous les cas, ces montants sont nĂ©gociĂ©s dans lâentente gouvernementale. Le problĂšme est quâavec des tarifs nĂ©gociĂ©s pour quatre ans, il y a maintenant dix ans, ces rĂ©gions Ă©loignĂ©es et isolĂ©es ne sont plus compĂ©titives et le recrutement dans le Nord devient de plus en plus difficile. Actuellement, il y a plusieurs postes de dentistes permanents Ă plein temps qui ne trouvent pas preneurs, aussi bien au Nunavik quâen Basse-CĂŽte-Nord Ă Schefferville ou ici mĂȘme Ă Fermont.
« Ce nâest guĂšre mieux pour les dentistes-remplaçants, comme moi-mĂȘme, qui prennent le relais quand les rĂ©guliers sont en vacances. Tous les remplaçants sont payĂ©s Ă lâĂ©chelon 1 (celui des dĂ©butants) et pour vous donner une idĂ©e de la couverture des frais de voyage, une nuitĂ©e dâhĂŽtel/motel sur la route entre QuĂ©bec et Fermont est remboursĂ©e Ă seulement 79 $. Câest le tarif prĂ©vu Ă lâentente des dentistes; or nous sommes en 2021. Imaginez-vous. Ăa fait six ans depuis que lâentente est Ă©chue ! » sâindigne M. Jolicoeur qui poursuit : « Jâai Ă©crit deux fois Ă la dĂ©putĂ©e de Duplessis, Lorraine Richard, afin de lâinciter Ă dĂ©noncer cette situation Ă son collĂšgue dĂ©putĂ© et ministre de la SantĂ©, Christian DubĂ©. Je vous confie ma dĂ©ception de ne pas avoir reçu dâappui concret ou significatif de sa part. Il est navrant dâĂ©lire Ă rĂ©pĂ©tition une dĂ©putĂ©e qui ne se prĂ©occupe pas davantage des enjeux locaux des communautĂ©s nordiques. »