Vie associative
Les organismes communautaires crient famine
par Ăric Cyr
Les organisations communautaires de la CĂŽte-Nord rĂ©clament davantage dâaide de QuĂ©bec et prĂ©parent un front commun pour exiger une aide financiĂšre accrue du gouvernement de Philippe Couillard. Ces associations font valoir quâelles souffrent de sous-financement chronique depuis plusieurs annĂ©es et ne parviennent plus Ă remplir leur mission de façon adĂ©quate. Plusieurs ont dĂ» se rĂ©signer Ă sabrer leurs services alors que dâautres ont carrĂ©ment dĂ» fermer boutique.
ExcĂ©dĂ©s de rĂ©clamer depuis longtemps et sans succĂšs un meilleur financement de leurs activitĂ©s, les groupes communautaires et populaires quĂ©bĂ©cois en gĂ©nĂ©ral et nord-cĂŽtier en particulier passent Ă lâattaque et vont exprimer leur ras-le-bol de façon tonitruante afin de tenter de parvenir Ă se faire entendre du gouvernement libĂ©ral qui fait la sourde oreille Ă leurs revendications. Le collectif qui regroupe une centaine dâorganismes affirme que le gouvernement Couillard ignore leurs aspirations lĂ©gitimes. Le front commun communautaire exige de QuĂ©bec une hausse de leur financement de base. Le sous-financement endĂ©mique de leurs activitĂ©s accompagnĂ© dâune augmentation de la charge de travail, des coupures en services sociaux et de lâĂ©tendue du territoire Ă desservir en ce qui concerne la CĂŽte-Nord, fait des ravages au sein des organismes de la rĂ©gion. Le regroupement tiendra des actions perturbantes et dĂ©rangeantes dans le cadre dâune campagne qui se dĂ©roulera du 7 au 9 novembre prochains Ă lâĂ©chelle du QuĂ©bec afin de mettre en lumiĂšre les rĂ©alitĂ©s que vivent ces formations populaires.
Triste constat
Selon un sondage, 59 % des organisations ont dĂ» faute dâargent abandonner des services et spĂ©cifiquement sur le territoire nord-cĂŽtier,
39 % doivent fermer leurs portes durant 12 semaines ou plus faute de moyens pour offrir leurs services Ă lâannĂ©e. Le regroupement exige le rehaussement significatif du financement global du rĂ©seau communautaire quĂ©bĂ©cois (le manque Ă gagner annuel sur la CĂŽte-Nord est Ă©valuĂ© Ă 6,5 millions de dollars) et rĂ©clame Ă©galement une reconnaissance de lâaction communautaire autonome comme moteur de progrĂšs social ainsi quâun rĂ©investissement majeur dans les services publics et les programmes sociaux. Une plus grosse enveloppe budgĂ©taire annuelle permettrait aux organismes dâĂ©viter le financement par projet spĂ©cifique, qui crĂ©e un effet pervers. La porte-parole du Regroupement des femmes de la CĂŽte-Nord, Anne GagnĂ© explique : « Avec le financement par projet, ce ne sont plus les membres qui dĂ©cident des actions, ce sont les programmes. »
Entreprise de démolition orchestrée par les libéraux
Selon une porte-parole de la Table rĂ©gionale des organismes communautaires (TROC) de la CĂŽte-Nord, Nancy Lamontagne : « Câest une entreprise de dĂ©molition qui est en cours et câest la population qui en paie le prix. » Un porte-parole de la Table des groupes populaires de Baie-Comeau, Michel Savard sâexcusant Ă lâavance des dĂ©sagrĂ©ments et des inconvĂ©nients qui dĂ©couleront de ces manifestations confie : « MĂȘme si ce nâest pas dans notre culture de mener des actions dĂ©rangeantes, on en est rendus Ă poser ce genre de geste et ça va dĂ©ranger Ă la grandeur de la CĂŽte-Nord. Ăa ne fait pas notre affaire, mais on nâa pas le choix. » La coordonnatrice de TROC CĂŽte-Nord, Cyndi Berger dĂ©nonce pour sa part des conditions de travail prĂ©caires, des mises Ă pied et des fermetures temporaires engendrĂ©es directement par ce sous-financement : « Il y a des employĂ©s qui doivent aller au chĂŽmage et on a des membres qui nâont pas accĂšs Ă leur groupe communautaire pendant un certain temps. »
Une importante proportion de la population nord-cĂŽtiĂšre utilise les services dâorganismes communautaires qui constituent une ressource de premiĂšre importance dans la rĂ©gion.