République populaire de Chine
Quand le dragon s’endort, Arcelor se revigore
par Éric Cyr
L’émergence d’un nouveau joueur chinois qui rivalisera avec le numéro un de l’acier ArcelorMittal a de quoi réjouir Lakhsmi Mittal le patron de cette multinationale. Bien qu’il devra faire face à un nouveau rival de poids qui le talonnera de près, cette transaction devrait contribuer à assainir le marché mondial et cela profitera également à ce dernier
Fusion bénéfique à ArcelorMittal
Selon le renommé quotidien français Le Monde, la naissance du nouveau géant en Chine est une « bonne nouvelle » pour ArcelorMittal. Les chefs d’entreprise voient rarement d’un bon œil l’émergence d’un concurrent d’envergure, mais dans ce cas particulier la fusion en vue entre les sidérurgistes chinois Baosteel (Baoshan) cinquième producteur d’acier brut mondial qui va procéder à l’acquisition de Wuhan Iron and Steel (WISCO) qui se classe au 11e rang sur la planète constitue plutôt une annonce positive pour ArcelorMittal. Selon un analyste de Standard & Poor’s, l’une des principales sociétés de notation financière, Gaëtan Michel :
« À ce titre, elle constitue plutôt une bonne nouvelle pour les industriels européens de l’acier, dont ArcelorMittal. »
La Chine vise une réduction de sa production
Par son volume de production, le groupe ArcelorMittal pesait actuellement deux fois plus lourd que son principal prétendant, mais la montée en puissance de son adversaire Baosteel qui va absorber WISCO essentiellement par échange d’actions va quelque peu abaisser cet écart. ArcelorMittal demeure le meneur mondial, mais produira désormais seulement 1,6 fois plus d’acier que le futur ensemble chinois qui se classera au second rang international détrônant le plus proche compétiteur, le géant japonais Nippon Steel & Sumitomo Metal Corporation (NSSMC) qui sera propulsé en troisième place à l’échelle planétaire. Selon le plus important journal financier au monde, le Nikkei Asian Review, une publication économique japonaise, le gouvernement de Beijing (Pékin) encourage cette fusion des deux compagnies détenues par l’État chinois afin de tenter de restreindre les surcapacités aiguës dans le domaine de la sidérurgie. L’agence de presse Reuters indique que la Chine, en réponse à la critique, a pris l’engagement de s’attaquer à la chute des prix et à la surabondance des réserves afin d’éviter une saturation du marché et vise à diminuer sa production d’acier de 45 millions de tonnes cette année et de retrancher 100 à 150 millions de tonnes (8 % à 12,5 %) d’ici trois à cinq ans (d’ici à 2020). Baosteel devrait comprimer sa production d’acier de 9,2 millions de tonnes d’ici trois ans et WISCO la tronquer de 4,42 millions de tonnes en plus de rabattre sa production de fer de 3,19 millions de tonnes cette année. M. Michel explique que le rapprochement de Baosteel et de Wuhan marque une étape concrète en ce sens, mais :
« Pour le moment tout le monde se demande si cette promesse sera tenue. Ce type de fusion est en général l’occasion de rationaliser et de réaliser des économies d’échelle. »
Reprise à l’horizon
Une croissance des prix du fer est anticipée et l’agence d’évaluation financière Moody’s a récemment relevé sa perspective sur la note de crédit d’ArcelorMittal qui affichait la meilleure performance du principal indice boursier français, le CAC 40 (Paris) au troisième trimestre avec une hausse de 33 %. Selon Boursorama Banque :
« Incontestablement, l’horizon se dégage pour le leader mondial de l’acier. L’augmentation de capital fin mars a permis de baisser l’endettement. Parallèlement, le groupe redresse sa profitabilité et bénéficie d’un contexte de prix plus favorable. »
Moody’s prévoit que le marché visé par le géant devrait s’améliorer cette année et que le sidérurgiste pourrait enregistrer un résultat opérationnel supérieur à ses prévisions, soit plus de 4,5 milliards de dollars. Standard & Poor’s estime que : « Le pire est peut-être passé. » Le raisonnement d’une relance est basé sur le fait que la consommation montre des signes de reprise encourageants après une phase de déstockage. Selon le site internet boursier.com, Jefferies, la 13e plus grande banque d’investissement au monde, est plus confiante concernant ses anticipations alors que les prix tendent à s’améliorer en Europe et que les initiatives prises par les autorités chinoises pour réduire les capacités et fusionner les entreprises d’État devraient porter leurs fruits. Le titre en bourse d’ArcelorMittal a amorcé le début d’une phase d’impulsion le 20 septembre dernier alors que Barclays, la 14e banque en importance d’Europe, adoptait une opinion « positive » sur le secteur minier européen, une remontée par rapport au « neutre » affiché auparavant, ce dont profite ArcelorMittal. Selon le journal français, Le Figaro ArcelorMittal a une forte marge de rebond du cours de bourse et écrit sur son site internet lefigaro.fr sous la rubrique bourse du 29 septembre dernier :
« Le contexte actuel est plus porteur. Le groupe sidérurgique prévoit pour 2016 un excédent brut d’exploitation de 4,5 milliards de dollars, mais celui-ci a de fortes chances d’approcher plutôt les 5 milliards de dollars. »