ArcelorMittal
Investissements majeurs à Port-Cartier
par Éric Cyr
Québec et ArcelorMittal s’allient dans un projet qui réduira les émissions de gaz à effet de serre (GES) de façon importante à l’usine de bouletage de Port-Cartier sur la Côte-Nord et à travers le monde. L’entreprise va investir 205 millions de dollars pour modifier son procédé industriel afin d’y produire uniquement des boulettes de fer à réduction directe à compter de 2025. À cette fin, la multinationale bénéficiera d’un montant de 80 M$ du Programme d’aide financière à l’investissement pour les consommateurs de grande puissance offert par le gouvernement du Québec.
Le premier ministre du Québec, François Legault, en a fait l’annonce, le 3 novembre dernier, en compagnie du chef de la direction du groupe ArcelorMittal, Aditya Mittal, et du président et chef de la direction (PDG) d’ArcelorMittal Exploitation minière Canada (AMEM), Mapi Mobwano, en marge de la 26e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CoP 26) qui se tenait à Glasgow en Écosse. Le chef de l’État québécois confie : « Je suis très content d’annoncer que le gouvernement du Québec va contribuer à un projet de 205 M$ d’ArcelorMittal pour augmenter la production d’acier vert. La participation du Québec va être un rabais d’électricité d’environ 80 M$. Ça va permettre de réduire les GES de l’usine d’ArcelorMittal à Port-Cartier et ça va surtout permettre de produire au Québec un matériau stratégique pour diminuer les émissions de l’industrie de l’acier au niveau mondial. L’usine à Port-Cartier va maintenant dédier toute sa capacité de production à des boulettes qui ont une teneur plus élevée en fer. »
M. Legault poursuit : « Ça montre qu’au Québec, on peut à la fois réduire nos émissions de GES et aider le reste de la planète à faire de même. Avec ce projet, l’usine de Port-Cartier va devenir l’un des plus grands producteurs de boulettes de fer à réduction directe au monde. Le marché se dirige de plus en plus vers cette technologie. On s’assure donc qu’ArcelorMittal va continuer de créer de la richesse sur la Côte-Nord pour longtemps. On positionne nos régions au cœur de l’économie verte de demain. Je pense aussi que ça envoie aussi un message très clair aux grandes entreprises qui s’intéressent au Québec. Le Québec a tout ce qu’il faut pour être une terre d’accueil idéale pour l’économie verte. On peut offrir de l’énergie propre à un prix très compétitif. On a une expertise grandissante dans les domaines des transports électriques, des batteries, de l’hydrogène vert et de l’aluminium vert. Notre gouvernement va continuer d’investir pour accélérer les choses. »
ArcelorMittal évalue que ce projet permettra d’abaisser ses émissions annuelles de GES de 200 000 tonnes d’équivalent CO2 (gaz carbonique ou dioxyde de carbone) au Québec à compter de 2025, ce qui représente une atténuation de 16 % des GES de l’usine. C’est l’équivalent de retirer 57 600 voitures des routes québécoises. Cette initiative va aussi permettre de comprimer les émissions des aciéries de 2,7 mégatonnes (Mt) de CO2 par année au pays et à l’international. C’est l’équivalent de plus de 778 000 voitures de moins sur les routes d’ici 2030.
Le PDG d’AMEM, Mapi Mobwano, est heureux de l’aboutissement de la démarche : « Nous sommes très fiers de lancer ce grand projet qui assurera la pertinence et la pérennité de notre usine de Port-Cartier pour l’ensemble des opérations du groupe ArcelorMittal. Les boulettes à réduction directe que nous y produirons à partir de 2025 contiennent une très faible teneur en silice et une haute teneur en fer. Elles constitueront un produit nettement stratégique dans le cadre de la décarbonisation entreprise par plusieurs aciéries qui convertissent leurs opérations vers des fours à arcs électriques, positionnant de ce fait notre usine comme une référence à l’échelle internationale. »
Pour mieux comprendre …
– Les boulettes à réduction directe sont utilisées dans le circuit de production de l’acier utilisant des fournaises à arcs électriques, qui requiert des intrants présentant une concentration élevée en fer et une faible présence de silice. Ce mode de fabrication est appelé à remplacer celui utilisant les hauts fourneaux qui est plus polluant. Ces boulettes d’oxyde de fer à basse teneur en silice sont hautement stratégiques, car elles sont utilisées par les aciéries qui se convertissent aux fours à arcs électriques pour réduire leurs émissions de GES. Cette transformation, entamée par plusieurs aciéries, nécessite une augmentation de l’approvisionnement en boulettes à réduction directe.
– Le projet d’investissement de 205 M$, destiné à une transformation du procédé à l’usine de bouletage de Port-Cartier, consiste à implanter un système de flottation qui permettra de réduire de manière importante la silice qui se trouve dans le concentré de fer et de produire une boulette de fer de très grande qualité.
– ArcelorMittal prévoit la création de près de 250 emplois (avec des pointes à 300 emplois) durant la construction qui devrait commencer à la mi-juin 2023 et se terminer à la fin de 2025. Une dizaine d’emplois permanents seront par la suite créés pour l’exploitation.
– La multinationale doit bénéficier du Programme d’aide financière à l’investissement pour les consommateurs de grande puissance offert par le gouvernement du Québec. Une fois le dossier complété, cette aide, sous la forme d’une réduction de ses coûts d’électricité, devrait s’élever à près de 80 M$. L’aide est sujette à une bonification si certains critères concernant la réduction de GES sont atteints.
– Le groupe ArcelorMittal vise la carboneutralité pour l’ensemble de ses activités internationales d’ici 2050.