Commémoration du 28 avril
Malgré 173 morts, le gouvernement s’entête à faire reculer le Québec
par Éric Cyr
Lors de la Journée internationale de commémoration des travailleuses et des travailleurs morts ou blessés au travail, le 28 avril dernier, le Québec a pleuré les 173 personnes qui ont perdu la vie en tentant de la gagner en 2020. Les Québécois se sont aussi souvenus de tous ceux et celles qui se sont blessés en travaillant. En cette année de pandémie, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et le Conseil central Côte-Nord–CSN expriment leur solidarité avec les victimes de la Covid-19, virus souvent propagé au travail.
« Ayons une pensée pour les 40 000 personnes des secteurs de la santé et des services sociaux, et tout le personnel qui participe à l’éducation de nos enfants, bien souvent des femmes, qui ont contracté le virus. N’oublions pas, non plus, les milliers de travailleuses et de travailleurs du secteur privé qui ont souffert de la maladie. Ayons une pensée pour l’ensemble de ces gens issus de tous les milieux de travail de la région », demande le président du Conseil central Côte-Nord-CSN, Guillaume Tremblay.
« La réforme proposée par le projet de loi 59 va compliquer et judiciariser la réadaptation des victimes en échange de trop maigres avancées en prévention. Pire encore, l’abolition des groupes prioritaires prévue par la loi actuelle privera les milieux de travail industriels des mécanismes éprouvés depuis les 40 dernières années », poursuit le syndicaliste. « La prévention, c’est non négociable. Ce qu’il faut, pour que le Québec cesse d’être le cancre en matière de santé-sécurité au Canada, c’est plutôt d’étendre les mécanismes de prévention à l’ensemble des milieux de travail et de leur donner les outils nécessaires à leur prise en charge. Les travailleuses et les travailleurs ne doivent pas devenir les victimes de la réforme qui semble vouloir économiser sur leur dos », déplore Guillaume Tremblay qui s’indigne et juge ironique qu’au cœur de cette funeste tragédie sanitaire, le gouvernement Legault choisisse de déposer une réforme en santé-sécurité aussi désolante. « Ce projet de loi fait reculer les droits des travailleurs et des travailleuses en limitant l’indemnisation et en reculant sur des acquis en prévention. »
Des conséquences durables
Selon le regroupement syndical, il est minuit moins une pour bonifier le projet de loi 59, qui est toujours à l’étude. À quand une vraie reconnaissance des problèmes d’épuisement au travail ? Quand va-t-on répandre les mécanismes de prévention efficaces, décentralisés avec des moyens encadrés pour les faire fonctionner ? Quand va-t-on admettre que lorsque le travail nous blesse, physiquement et psychologiquement, il faut le reconnaître, sans tracasseries administratives ?
« Il aura fallu 40 ans pour accoucher d’une nécessaire réforme en santé-sécurité au travail. Nous sommes en train de rater un rendez-vous historique. Les conséquences de l’éventuelle adoption du projet de loi 59, sans modifications, risquent de nous affliger collectivement pour longtemps. Cette réforme ne doit pas être un affront à la mémoire des disparus dont nous nous souvenons », conclut le président du Conseil central Côte-Nord-CSN.