Documentaire
Une équipe de tournage à Fermont
par Ăric Cyr
Une Ă©quipe cinĂ©matographique qui sâest dĂ©jĂ dĂ©placĂ©e Ă Fermont dans le cadre dâun sĂ©jour exploratoire, en mai dernier, sera de retour localement, du 20 au 28 mars, pour capter de premiĂšres images sur le terrain. Cette production artistique indĂ©pendante ira Ă la rencontre de Fermontois Ă une pĂ©riode charniĂšre qui coĂŻncide avec le cinquantenaire de la fondation de leur municipalitĂ© en mettant lâaccent sur la vie des gens et en abordant des facettes peu connues de la localitĂ© nordique qui est souvent prĂ©sentĂ©e par lâintermĂ©diaire de lâindustrie miniĂšre.
Le court-mĂ©trage intimiste destinĂ© Ă ĂȘtre prĂ©sentĂ© dans des festivals de cinĂ©ma traitera notamment de questions sociologiques gĂ©nĂ©rales relatives aux habitants du territoire comme lâappartenance au milieu ainsi que la vie courante en dehors du travail. Les rĂ©alisateurs aimeraient explorer plusieurs aspects de la rĂ©alitĂ© de lâendroit comme les expĂ©riences vĂ©cues par des rĂ©sidents aux diffĂ©rents Ăąges de la vie, allant de la jeunesse Ă la retraite.
Le Conseil des arts et des lettres du QuĂ©bec (CALQ) a rĂ©pondu favorablement Ă une demande de financement, ce qui permet dâaller de lâavant avec la phase de dĂ©veloppement. Lâune des membres de lâĂ©quipe, la sociologue et professeure Ă lâUniversitĂ© dâOttawa, Dahlia Namian, qui a reçu le prix des Libraires 2024 pour son essai La sociĂ©tĂ© de provocation, explique la dĂ©marche, « On va commencer Ă capter des images Ă notre retour qui coĂŻncide avec le TaĂŻga Carnaval, mais ce nâest pas lâobjectif principal puisquâon anticipe de revenir jusquâĂ quatre reprises par la suite. Cette fois, on va ĂȘtre quatre, incluant un preneur de son. Pour lâinstant, on se laisse imprĂ©gner du premier passage oĂč lâon a effectuĂ© une approche sous forme de survol. Nous avons lâintention cette fois-ci dâaccoster des gens sur le terrain dans le cadre de rencontres planifiĂ©es et spontanĂ©es afin de saisir lâessence de leurs rĂ©alitĂ©s. » En plus des suggestions reçues de bouche Ă oreille lors de leur premier dĂ©placement, dâautres candidats potentiels se sont manifestĂ©s par Ă©crit dont certains sâajouteront Ă la liste des personnes qui apparaĂźtront dans ce film. « Nous en sommes Ă lâĂ©tape de fignoler le plan du scĂ©nario qui demeure en construction. Il nây a rien de dĂ©finitif et nous conservons une flexibilitĂ© nĂ©cessaire qui inclut des rencontres non prĂ©vues avec dâĂ©ventuels participants au grĂ© de lâĂ©volution sur les lieux ».
Son collĂšgue, le professeur Ă lâUniversitĂ© Laurentienne de Sudbury en Ontario et travailleur social, Jonathan Binet, confie que lâĆuvre cinĂ©matographique sâoriente autour de deux axes narratifs principaux soit un tableau visuel de la municipalitĂ© et de ses infrastructures emblĂ©matiques incluant le fameux mur-Ă©cran ainsi que des portraits humains dont les parcours reflĂštent les dĂ©fis et les rĂ©alitĂ©s de la communautĂ©, mais aussi des gestes de solidaritĂ© et dâingĂ©niositĂ© qui tĂ©moignent dâun attachement profond Ă ce microcosme unique.
« Nous cherchons Ă traduire lâatmosphĂšre particuliĂšre de Fermont. Ce qui mâa le plus frappĂ©, aprĂšs quelques jours sur place, câest comment les habitants que nous avons rencontrĂ©s se dĂ©marquent par leur caractĂšre chaleureux et expressif, leur exubĂ©rance et leur humour. Câest lĂ un contraste fascinant. »
Le cinĂ©aste et photographe reconnu pour son approche esthĂ©tique singuliĂšre, Matthieu Brouillard, qui a dĂ©jĂ rĂ©alisĂ© deux films marquants Quâimporte la gravitĂ© (2017) et Lâangoisse du HĂ©ron (2024) fait partie du trio de crĂ©ateurs passionnĂ©s. DerriĂšre la camĂ©ra, il espĂšre capter avec sensibilitĂ© le caractĂšre brut de ce territoire aride, qui rĂ©sonne avec son univers pictural. AÌ travers ce nouveau film, il souhaite continuer dâexplorer son art du portrait, en donnant vie aÌ des rĂ©cits dâhommes et de femmes quâon ne voit pas souvent Ă lâĂ©cran, un thĂšme dĂ©jĂ prĂ©sent dans ses prĂ©cĂ©dents documentaires. « Ce qui mâa marquĂ© câest que malgrĂ© des conditions de vie parfois rudes, lâisolement gĂ©ographique et de longs hivers, les Fermontois font preuve de rĂ©silience et dâingĂ©niositĂ©. »