Entente « Aganow »
Réconciliation entre Rio Tinto IOC et les Naskapis
par Éric Cyr
La nation naskapie de Kawawachikamach, située près de Schefferville, et la compagnie minière IOC ont signé, le 31 janvier 2023, une entente visant à établir des relations mutuellement avantageuses, fondées sur le dialogue, la collaboration et la confiance entre l’entreprise et la communauté pour des dizaines d’années à venir. Cet accord a symboliquement été nommé « Aganow », ce qui signifie « minerai de fer » en naskapi.
Le partenariat socioéconomique dont la signature a eu lieu à Kawawachikamach en présence du Conseil de la nation naskapie, d’aînés de la communauté et d’une délégation de représentants d’IOC a pour but de créer des occasions en faveur d’une participation active du peuple naskapi dans les activités d’IOC, notamment par la formation et le développement, l’emploi, la collaboration à des projets environnementaux et l’approvisionnement. Cette démarche permettra aussi de protéger et d’encourager la pratique des activités traditionnelles ainsi que de générer des retombées financières à long terme pour la nation naskapie.
La cheffe de la nation naskapie, Teresa Chemaganish, confie : « L’histoire récente de notre communauté est étroitement liée à celle d’IOC. Nos grands-parents ont quitté Fort Chimo (aujourd’hui Kuujjuaq) en bateau et à pied dans les années 1950 pour s’installer à Schefferville (à l’époque) la nouvelle ville minière d’IOC, et ils ont dû s’adapter à un mode de vie complètement différent. Les temps ont énormément changé depuis lors, et notre nation, qui dispose désormais d’un traité moderne, est autonome et tournée vers l’avenir depuis les années 1980. » Selon cette dernière, ce pacte aidera les Naskapis à répondre à de nombreux projets prioritaires comme la protection et la promotion de leur langue et de leur culture, la fourniture de logements adéquats, la création de possibilités d’emplois intéressantes et satisfaisantes, la protection de l’environnement ainsi que l’amélioration de la qualité de vie en général.
« Nos aînés ont souffert de préjugés et de discrimination, le plus souvent en silence. L’entente Aganow n’est pas une finalité, mais plutôt un nouveau chapitre dans le processus de réconciliation et nous espérons qu’elle aidera ceux qui ont souffert à guérir et à avancer. »
Selon le président et chef de la direction de la minière IOC, Mike McCann, cet arrangement bilatéral bénéficiera aux deux parties. « Aganow témoigne du ferme engagement d’IOC à développer des relations mutuellement profitables avec ses partenaires autochtones. Au cours des dix dernières années, nous avons réalisé d’importants progrès en signant des ententes avec l’ensemble des cinq communautés des Premières Nations présentes dans les régions où nous exerçons nos activités. Nous sommes reconnaissants des liens de collaboration que nous entretenons avec la nation naskapie et nous sommes impatients de continuer à travailler de concert afin d’intégrer notre objectif de réconciliation dans nos actions quotidiennes. »
Cette convention est l’aboutissement d’environ deux ans de négociations. IOC a exprimé ses regrets quant à son manque de compréhension, par le passé, de la réalité historique, de la culture et des moyens de subsistance du peuple naskapi. Durant les dernières années, IOC a eu l’occasion de collaborer sur plusieurs projets avec la nation naskapie, notamment en faisant profiter de son expertise à Transport ferroviaire Tshiuetin, dont la nation naskapie est actionnaire, en amenant la fibre optique dans la communauté ainsi qu’en soutenant une étude de préfaisabilité portant sur un projet d’élevage de caribous.
IOC a mené des activités d’exploration et d’exploitation minières dans le secteur de Schefferville de 1954 à 1982. Les installations d’IOC chevauchaient la frontière entre le Québec et le Labrador. On compte aujourd’hui 975 Naskapis dans la collectivité de Kawawachikamach et dans les environs.