Archéologie
Découvertes importantes par des Fermontois
par Éric Cyr
Deux Fermontois ont contribué par hasard, lors d’une escale aérienne en hydravion, à des avancées en archéologie, la science qui cherche à comprendre la culture humaine à travers ses vestiges matériels, avec leurs trouvailles fortuites d’artéfacts. Dans la foulée de la découverte, à environ 250 km au nord de l’embouchure de la rivière Moisie, en août dernier, par Timothée Beaulieu, d’une pointe de projectile millénaire façonnée en chert de Ramah, une roche sédimentaire siliceuse à grain fin, dans ce cas particulier, une pierre grise translucide parcourue de veines noires qui se retrouve dans la baie Ramah au Labrador qui était probablement fixée à l’origine au bout d’une lance et dont la fabrication pourrait remonter à 9000 ans, un autre Fermontois originaire de Gagnon, Jean-Louis Turbide, s’est replongé dans ses souvenirs en se remémorant le moment où il a, lui aussi, trouvé un objet similaire.
C’était en juillet il y a une quinzaine d’années. Le retraité qui a travaillé durant 35 ans pour la minière Québec Cartier et qui a déménagé à Fermont après la fermeture de Gagnon en 1985, est copropriétaire de la pourvoirie du lac Justone, située à environ 54 miles en avion de Fermont. Il y passe alors ses étés et travaille à l’époque avec son frère Jean-Yves à améliorer un chemin forestier. L’objectif est de rendre un ancien sentier de VTT carrossable à l’aide d’une pelle mécanique afin de retirer la boue d’un lieu marécageux à proximité du rivage. C’est à ce moment qu’il aperçoit l’article inusité de façon inattendue dans le secteur des chutes de Facolli près du lac Rimbaud, qui fait partie de la source de la rivière Caniapiscau.
« C’est une pure coïncidence, une chance inouïe. Je travaillais dans le bois à environ 500 pieds du bord de l’eau quand je suis tombé sur cet objet ressorti tout droit de la boue qui a piqué ma curiosité. J’ai saisi ce qui ressemblait au premier abord à une roche pour me rendre compte que ce matériau avait certainement été travaillé par l’homme. J’ai été agréablement surpris et heureux de cette trouvaille. Je suis impressionné qu’un homme ait pu réaliser un ouvrage si minutieux avec le peu d’outils et de moyens techniques dont il disposait alors. »
Traverser les époques
M. Turbide devine qu’il a fait un important saut dans le temps et souhaite en apprendre davantage sur cette pierre solide qui a traversé les âges en ne se laissant pas désagréger (gruger) par les frottements et les intempéries. Il l’a confie donc à un autre de ses frères qui se renseigne auprès d’un archéologue amateur qui juge que c’est probablement du silex, un type de roche sédimentaire qui ne se retrouve pas dans la région. Avait-elle été charriée là par les cours d’eau ? Le secteur de la MRC de Caniapiscau et du Labrador serait-il un lieu migratoire ancien, un territoire ancestral de chasse des premiers peuples autochtones ? Serait-il situé à l’intérieur d’un réseau commercial oublié qui constituait un espace de troc entre tribus ? Le mystère demeure entier et il faudrait des études plus approfondies afin de percer à jour ces secrets. Pour l’instant, M. Turbide se contente de conserver précieusement ce qu’il se plait à considérer comme une sorte de porte-bonheur archaïque issu d’une civilisation ancienne et qui lui rappelle qu’il est loin d’être le premier à avoir foulé le sol à cet endroit.
Les deux archéologues en herbe passionnés de grands espaces, Timothée Beaulieu et Jean-Louis Turbide, se sont retrouvés, le 12 novembre dernier, au domicile de M. Turbide le long de la route nationale 389 afin de partager leur expérience et de comparer leurs découvertes.