Côte-Nord
Le château fort péquiste tient bon
par Éric Cyr
Alea jacta est. Le sort en est jeté. La volonté populaire s’est fait entendre durant l’élection québécoise du 1er octobre dernier et la forteresse péquiste de la Côte-Nord peuplée de « quelques irréductibles Gaulois » a résisté à une vague caquiste bleu pâle qui a déferlé sur l’ensemble du Québec. Les circonscriptions de Duplessis et de René-Lévesque demeureront donc sous le giron du Parti québécois (PQ) au sein de ce retranchement nord-côtier qui « résiste encore et toujours à l’envahisseur » et dans le cas de Duplessis qui demeure le bastion historique du PQ depuis la formation du premier gouvernement de René Lévesque en 1976.
Au Québec
La démocratie s’est exprimée en sol québécois alors qu’un total de 67 % des électeurs ont exercé leur devoir de citoyen en se prévalant de leur droit de vote. La Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault qui formera un gouvernement majoritaire a récolté la plus forte proportion de la faveur populaire avec 37 % des voix, ce qui lui a permis de rafler la majorité des circonscriptions sur l’ensemble du territoire québécois en cumulant un total de 74 comtés. Le Parti libéral du Québec/Quebec Liberal Party (PLQ) au pouvoir depuis 15 ans, avec une brève incursion péquiste de 18 mois, a subi une cuisante défaite en ne réussissant pas à s’adjoindre la bénédiction des locuteurs du français et en ne recueillant que 25 % des votes, équivalant à 32 circonscriptions, principalement concentrées sur l’île de Montréal. Le PLQ n’a pas performé en périphérie de la métropole québécoise et encore moins dans les régions. Le premier ministre sortant Philippe Couillard a confié après ces résultats décevants être en réflexion concernant son avenir politique et pourrait prendre la décision de disparaître du paysage médiatique.
Le 9e chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée, a été défait par l’ancien journaliste Vincent Marissal de Québec solidaire (QS) dans Rosemont. L’ancien conseiller au cabinet de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard a pour sa part annoncé qu’il quitte ses fonctions de chef de parti en constatant que le PQ n’obtient qu’un maigre 17 % des voix, son pire nombre de sièges depuis 1973, et qu’il perdra son statut de groupe parlementaire à l’Assemblée nationale puisqu’il ne récolte que neuf députés, ce qui est insuffisant pour atteindre le minimum requis de 12 députés et 20 % des voix. L’autre parti qui se proclame souverainiste, Québec solidaire, a surpris en s’emparant de 10 sièges, soit un de plus que le PQ, malgré qu’il ait obtenu moins de votes que son prédécesseur avec 16 % des voix.
Une éventuelle réforme du mode de scrutin est à envisager durant un mandat de la CAQ puisque le nouveau premier ministre québécois, François Legault, qui a affirmé vouloir gouverner pour l’ensemble des Québécois à la suite de sa victoire historique, s’est dit en faveur d’un tel changement durant la campagne électorale tout comme le PQ et QS.
Et les Nord-Côtiers…
Sur la Côte-Nord, le député péquiste Martin Ouellet a été réélu pour un second mandat avec 42,2 % des votes dans la circonscription de René-Lévesque, freinant la houle caquiste qui n’a pas réussi à percer ce cuirassé du PQ qui résiste depuis 15 ans. Une lutte extrêmement serrée a aussi eu lieu dans Duplessis entre la candidate de la CAQ, Line Cloutier, et la députée sortante du PQ, Lorraine Richard, qui l’a finalement emporté avec 34,29 % des voix et un écart de seulement 126 votes, protégeant ainsi ce vaisseau amiral qui n’a jamais changé d’allégeance depuis la formation du gouvernement de René Lévesque en 1976.