Cultiver l’avenir
Un terreau fertile à Fermont
par Éric Cyr
La jardinerie Pousse partout!, située dans le parc industriel de Fermont, a accueilli un agronome, le 1er octobre dernier, dans le cadre du projet innovateur de coopérative de solidarité agroalimentaire que souhaitent implanter des citoyens fermontois. Laurier Tremblay qui travaillait auparavant à Agriculture, Pêcheries et Alimentation Québec (MAPAQ) a été mandaté par Permanord, qui aide au démarrage de projets locaux et dont l’objectif est de mettre en place une nouvelle approche communautaire développée dans les années 1970 et qui prend de plus en plus d’essor au Québec, la permaculture. Cette méthode permet de dynamiser le secteur maraîcher et de répondre aux besoins de diversification d’un marché local et régional. Le spécialiste est venu enseigner les rudiments de la permaculture aussi appelée agriculture permanente. Ce dernier était épaulé par un technicien, Philippe Arnaud-Tremblay, d’Agriboréal Service-conseil, qui offre une expertise en agriculture partout sur la Côte-Nord et la Basse-Côte-Nord.
Une quinzaine de bénévoles locaux ont pu profiter d’une formation pratique où ils ont été initiés à l’adoption de pratiques de conservation inspirées d’une philosophie qui prône de travailler de concert avec la nature plutôt que contre celle-ci grâce à une approche agroécologique. Celle-ci vise l’amélioration de la biodiversité et une cohabitation harmonieuse avec le milieu incluant la gestion des matières fertilisantes et la protection des cours d’eau. La permaculture est une approche favorisant l’aménagement des écosystèmes « artificiels » ou « cultivés » basée sur les structures et les interrelations qui existent déjà dans la nature. Cette stratégie s’oriente vers la conception et la réalisation d’aménagements écologiques, socialement équitables et économiquement viables puisqu’une production agricole basée sur les principes de la permaculture doit absolument être rentable tout en tenant compte de la notion d’équité, autrement, elle n’est pas durable. Pour être durable, elle doit également être écologiquement soutenable tout en permettant une intégration des activités humaines avec les écosystèmes naturels. En bref, c’est un instrument de développement d’une agriculture basée sur une approche systémique qui tient compte de l’impact de l’humain sur la terre et ses ressources et qui regroupe plusieurs disciplines dont l’agronomie, la science des sols, la microbiologie, l’économie et les sciences sociales entre autres.
La permaculture vise l’adaptation des systèmes de production aux écosystèmes locaux en privilégiant le recyclage, la réutilisation des intrants et l’utilisation des ressources disponibles sur place. Les produits issus de la permaculture s’inscrivent dans les tendances actuelles : produits locaux, frais, santé, exempts de pesticides et d’OGM.
Les bénévoles ont réalisé, dans le cadre d’une formation pratique, un premier jardin qui constituera un échantillon représentatif qui pourra servir à faire la promotion de leurs aspirations. Selon l’agronome Laurier Tremblay, qui envisage de revenir cet hiver afin de donner un enseignement théorique : « Le principe est associé à ce qui se passe en forêt et s’inspire d’un modèle forestier. C’est une agriculture axée sur la performance, mais adaptée au milieu avec le moins d’intervention possible tout en respectant l’écosystème et en utilisant les intrants sur place. »