Environnement
De l’eau rouge jaillit à l’Assemblée nationale
par Éric Cyr
L’eau rouge observée autour des installations de Tata Steel qui exploite une mine de fer à Schefferville a suscité des réactions jusqu’à l’Assemblée nationale à Québec où le phénomène cause l’inquiétude. Le premier ministre québécois François Legault s’est dit préoccupé par la problématique des déversements récurrents de la minière et veut faire appel à l’expertise de spécialistes.
Le gouvernement Legault a confié le dossier au ministère de l’Environnement qui a indiqué avoir transmis en début d’année un rapport au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) afin d’étudier les informations et de déterminer la pertinence de porter des accusations. L’opposition reproche notamment au gouvernement de la CAQ son manque de transparence dans cette affaire et exige que les résultats des analyses soient rendus publics. Les porte-parole en environnement des différents partis d’opposition sont également contrariés et se soucient d’un possible danger pour les populations innue et naskapie qui vivent à proximité ainsi que des répercussions sur la faune et sur la flore.
Friction et mécontentement
Le chef de la nation innue de Matimekush-Lac John, voisine de Schefferville, Tshani Ambroise, se soucie de la qualité des frayères et des cours d’eau situés à proximité où vivent et se reproduisent des poissons et des castors consommés par les membres de sa communauté. Moins d’un an après l’adoption d’une entente relative à l’environnement, le conseil innu épaulé par un biologiste indépendant, Michel La Haye, accuse Tata Steel de bafouer ses engagements à ce sujet et affirme que les pratiques de l’entreprise n’ont pas évolué depuis, alors qu’à cette époque, 23 sites d’écoulement d’eau rouge avaient été répertoriés aux abords des infrastructures minières.
C’est essentiellement la gestion de l’eau rouge qui est rejetée dans la nature qui est la principale source de discorde puisque ce déversement serait considérablement accru lors de la fonte des neiges. Selon le scientifique, la gestion environnementale est défaillante puisqu’il n’existerait actuellement aucun traitement et l’eau dont la qualité est inconnue serait tout simplement décantée dans des bassins avant d’être relâchée dans le milieu naturel.
La source de tension entre la communauté innue et la minière ne date pas d’hier puisque déjà, à la fin juillet 2018, des Innus avaient bloqué pour les mêmes raisons l’accès à la mine forçant l’interruption de ses activités durant au moins une semaine.
Tata Steel en eaux troubles
Pour sa part, Tata Steel, qui a subi en juin dernier un bris sur le bassin de sédimentation qui a causé un déversement d’eaux chargées de matières en suspension, ayant nécessité l’intervention d’Urgence-Environnement, admet une problématique de déversements tant au Québec qu’au Labrador, mais se veut rassurante et n’a pas souhaité donner de précisions concernant les infrastructures et les procédés instaurés afin de s’assurer de la qualité des eaux rejetées et des eaux de ruissellement. La compagnie estime que la couleur rougeâtre de cette eau est causée par la présence de particules de fer et n’est pas aussi alarmante que ce que l’on prétend et que l’eau rouge ne représente aucun risque pour les humains ni pour les espèces végétales et animales environnantes.