Mine du lac Bloom
Champion et les Innus s’entendent
par Éric Cyr
La société Champion, par l’intermédiaire de sa filiale Minerai de fer Québec (MFQ), s’est entendue avec le Conseil innu Takuaikan Uashat mak Mani-utenam (ITUM) pour la reprise des activités de la mine de fer du lac Bloom située près de Fermont. La nation Uashaunnuat représentée par ce conseil de bande est composée des Innus des communautés d’Uashat et de Mani-Utenam à Sept-Îles. En vertu de la conclusion de cet accord sur les répercussions et avantages concernant les activités futures de ce gisement minier, MFQ peut ainsi envisager un redémarrage des opérations suspendues depuis la faillite de Cliffs ressources naturelles.
La signature de cette entente, valide pour la durée de vie de la mine évaluée à plus d’une vingtaine d’années, témoigne du soutien du peuple Uashaunnuat pour le projet et permettra aux Innus de prendre part à celui-ci de façon concrète grâce à des mesures concernant la formation, les emplois et des possibilités de contrats pour les membres de cette collectivité amérindienne, en plus de leur garantir des avantages financiers et socio-économiques. Cet arrangement contient également des dispositions qui reconnaissent et appuient la culture, les traditions et les valeurs des Uashaunnuat, dont leur lien avec l’environnement naturel. Par cette signature, ITUM et MFQ reconduisent et bonifient le cadre de travail qui avait été approuvé en 2008 par les Innus lors d’un référendum. L’engagement de type « répercussions-avantages » demeure confidentiel et prévoit des redevances au conseil de bande. Il représente selon ITUM une nette amélioration par rapport à l’accommodement initial conclu avec les prédécesseurs en ce qui a trait aux moyens de limiter les impacts négatifs sur l’environnement ainsi que sur le suivi qui sera assuré sur ces aspects notamment par la création d’un comité environnemental incluant des inspections sur le site minier.
Pour le chef de Uashat mak Mani-utenam, Mike McKenzie, les éléments les plus importants sont reliés à l’écologie. « Au-delà de l’enjeu économique et des retombées pour la communauté, la protection de l’environnement est fondamentale. L’équilibre entre le développement durable et la préservation du territoire reflète nos valeurs et nous sommes satisfaits de travailler en ce sens », a-t-il mentionné.
Ce dernier considère que cet apport contribuera à raviver l’espoir des jeunes de sa communauté. Un autre membre du conseil de bande, Antoine Grégoire, affirme pour sa part qu’il est très satisfait de l’issue des négociations et que les erreurs du passé ont permis d’améliorer les aspects relatifs à l’emploi, à la formation et à l’environnement. ITUM rappelle que la nation innue est incontournable lorsqu’il est question d’exploiter des ressources sur son territoire et que le droit international reconnaît la légitimité des peuples autochtones, notamment en ce qui a trait au consentement libre, préalable et éclairé sur l’exploitation de leur territoire ancestral. « Pour nous, la règle est claire : si une entreprise souhaite exploiter nos ressources naturelles, elle doit le faire en respectant nos droits comme premier héritier du Nitassinan. Certaines [compagnies] s’entêtent à ne pas respecter notre position, alors que d’autres, comme Champion, se comportent en citoyens corporatifs responsables et sont respectueux des lois et des Premières Nations. Le partenariat avec Champion demeure un exemple positif de collaboration entre les Premières Nations et l’industrie », poursuit M. McKenzie.
Enthousiasme réciproque
Le chef innu Mike McKenzie et le président et chef de la direction de Champion et de MFQ, Michael O’Keeffe, ont tous deux manifesté un grand enthousiasme relativement à cet engagement, qui officialise le début d’une période de collaboration mutuelle, de dialogue constructif et de négociation féconde. Pour Champion, il était important de conclure cet accord avec le peuple autochtone qui a des revendications sur le territoire touché par le projet d’extraction de fer. « La signature de l’entente renforce la relation déjà positive entre Champion, Minerai de fer Québec et le peuple Uashaunnuat, et nous espérons que le projet du lac Bloom, qui est maintenant prêt à passer à la phase suivante après une étude de faisabilité réussie, aura des répercussions bénéfiques pour toutes les parties dans le futur. Elle nous permet de franchir une étape importante vers la réouverture de la mine du lac Bloom. » Le chef des opérations, David Cataford, confie qu’il était essentiel de s’entendre avant d’amorcer la relance des activités. « C’est un enjeu majeur pour nous. On voulait travailler avec les communautés locales et Uashat-Maliotenam est l’une des parties prenantes les plus importantes à nos yeux. »
La minière s’engage à assurer une formation, garantit la création d’une cinquantaine d’emplois destinés aux Innus et prévoit l’octroi de certains contrats aux entreprises autochtones.