Désenclavement de la Côte-Nord
Front commun historique à Ottawa
par Éric Cyr
À l’instigation du maire de Sept-Îles et sous l’impulsion de la députée de Manicouagan, Marilène Gill, du Bloc québécois, une imposante délégation, composée d’une majorité d’élus incluant des représentants autochtones et des intervenants socio-économiques nord-côtiers, s’est rendue à Ottawa, à la fin novembre, afin de faire valoir sans équivoque l’importance de désenclaver la Côte-Nord et d’obtenir l’appui inconditionnel du gouvernement fédéral en réclamant un financement dans ce dossier qui n’est pas que l’affaire de Québec.
Unité dans la diversité
L’objectif principal de cette alliance stratégique et de ce déplacement d’une quinzaine d’acteurs d’influence du milieu dans la capitale fédérale était de sensibiliser le gouvernement du Canada aux enjeux du transport et à la nécessité d’agir dans ce dossier qui traîne en longueur de promesse en promesse depuis de nombreuses années et de dissiper toute ambiguïté à ce sujet, qui a préséance et qui fait l’unanimité au sein des décideurs politiques et des intervenants de la région. La députée bloquiste, qui participait à la rencontre, était accompagnée notamment du président de la table des préfets de la Côte-Nord et maire de Sept-Îles, Réjean Porlier, du préfet de la MRC de Manicouagan, Marcel Furlong, du préfet de la MRC de Minganie, Luc Noël, du préfet de la MRC de Golfe-du-Saint-Laurent et maire de Gros-Mécatina, Randy Jones, du maire de Baie-Comeau, Yves Montigny, du grand chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, du chef de Uashat mak Mani-Utenam, Mike McKenzie et du représentant de la communauté de Pakua Shipu, Guy Bellefleur.
Message fort à l’unisson
Le groupe a rencontré le ministre des Transports, l’ancien astronaute Marc Garneau, le ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, François-Philippe Champagne et le secrétaire parlementaire de la ministre des Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord, Marc Miller, ainsi que des représentants du bureau du premier ministre Justin Trudeau, afin de discuter de cette priorité absolue qui met à l’avant-scène le prolongement de la route 138 en Basse-Côte-Nord jusqu’à Blanc-Sablon, attendu depuis plus d’un demi-siècle, afin de relier les localités isolées qui n’ont pas encore accès à un lien terrestre. Ils ont aussi abordé d’autres aspects relatifs à la question et également importants comme le pont sur la rivière Saguenay, la mise à niveau de la route 389 et les infrastructures portuaires.
Une seule voix pour paver la voie
Cette initiative ne s’est pas arrêtée là puisque les membres de la cohorte nord-côtière ont sollicité une rencontre avec le nouveau gouvernement de la CAQ afin de s’assurer que cette priorité soit reconnue par Québec. Ces démarches semblent avoir porté fruit puisque le gouvernement Trudeau a démontré un intérêt relativement à une participation financière pour la continuité et l’achèvement de la 138 et a entamé des discussions avec l’entourage du premier ministre québécois François Legault. Le ministre fédéral des Transports devait se déplacer ce mois-ci sur la Côte-Nord afin de rencontrer les élus et discuter des priorités. Son homologue québécois, le caquiste François Bonnardel, était également de passage dans la région, à la mi-décembre, et pourrait être de retour à Sept-Îles, le 23 janvier, ce qui est de bon augure.
L’union fait la force
Marilène Gill, qui a qualifié ce rassemblement d’historique, considère que les résidents de la Basse-Côte-Nord sont littéralement pris en otage. « On veut illustrer que la Côte-Nord existe et qu’elle veut obtenir tous les moyens pour assurer son développement. Pour la première fois, des ambassadeurs autochtones et allochtones étaient côte à côte pour faire valoir leurs revendications légitimes », a confié la députée du Bloc québécois. Le grand chef Ghislain Picard a souligné la solidarité entre les Innus et les municipalités. L’instigateur de la démarche, Réjean Porlier, a confié être exaspéré d’entendre parler de troisième lien et de deuxième pont pour les grandes agglomérations urbaines alors que la Côte-Nord n’a même pas un réseau routier complété et sécuritaire. Le préfet Randy Jones souhaite qu’Ottawa donne à la Côte-Nord ce qu’il estime lui être justement dû. Le préfet de la MRC de Caniapiscau et maire de Fermont, Martin St-Laurent, n’a pas pu assister à la rencontre, tout en étant solidaire de ses pairs.