Mine de fer du Lac Bloom
Les audiences publiques
par Éric Cyr
Le Bureau des audiences publiques en environnement (BAPE) se penche actuellement sur le projet d’augmentation de la capacité d’entreposage des résidus et des stériles miniers à la mine de fer du Lac Bloom, exploitée par Minerai de fer Québec (MFQ), une filiale de la société Champion Iron, qui est localisée sur la Côte-Nord, à 13 km à l’ouest de la municipalité de Fermont. Avec la découverte de nouvelles réserves exploitables et l’agrandissement autorisé de la fosse en 2012, le promoteur du projet souhaite augmenter la capacité d’entreposage des résidus miniers et des stériles afin de poursuivre l’exploitation de la mine. La construction des infrastructures permettrait de maintenir la production annuelle de 15 millions de tonnes (Mt) de concentré de fer sur environ une dizaine d’années additionnelles.
Les résidus miniers et les stériles seraient entreposés à la fois dans les infrastructures actuelles et dans celles projetées à l’avenir. Les agrandissements proposés comprennent une superficie accrue d’entreposage pour les résidus miniers grossiers, HPA-Nord, l’ajout de deux haldes à stériles, la halde Sud-Ouest et la halde Sud, ainsi que l’expansion de la halde Triangle. Une halde est un amoncellement formé par les stériles issus de l’extraction du minerai. La construction de nouvelles digues et de nouveaux bassins serait également nécessaire afin de pouvoir contenir l’eau, qui serait ensuite traitée avant d’être rejetée dans le milieu récepteur. Les stériles seraient transportés par camion jusqu’aux sites d’entreposage, où ils seraient empilés en hauteur par palier afin de limiter l’empreinte au sol. Les résidus miniers seraient, quant à eux, séparés en résidus fins et grossiers. Ces deux types de résidus seraient acheminés sous forme de boue par pompage vers le parc à résidus. Les travaux de construction des nouvelles infrastructures débuteraient en 2021 et le montant du projet est d’environ 450 M$.
Répercussions et mesures d’atténuation proposées
Selon l’étude d’impact, le projet aurait des impacts sur la qualité de l’air notamment par l’émission de poussières et de gaz à effet de serre. MFQ propose d’utiliser, au besoin, un abat-poussière sur les voies de circulation pour accéder aux sites à aménager. En phase d’exploitation, les parcs à résidus et les haldes à stériles seraient revégétalisées de façon progressive. Le régime hydrologique et la qualité de l’eau de surface seraient également altérés par le projet. En phase de construction, le rétablissement des écoulements temporairement perturbés serait réalisé au fur et à mesure afin d’éviter les variations brusques de débit.
Pour le milieu biologique, la modification et la destruction d’habitats propices à la faune benthique (qui vit au fond des eaux), aux poissons, aux reptiles et aux amphibiens, aux oiseaux, ainsi qu’à certains mammifères, dont le caribou forestier, sont prévues. Les mesures d’atténuation proposées sont, entre autres, de capturer et de transférer les poissons vers un plan d’eau qui ne sera pas affecté par le projet, d’effectuer les travaux en dehors de la période de nidification des oiseaux et de mettre en œuvre un plan d’action en cas de présence d’un caribou à proximité de la mine. Des plans de compensation pour les pertes d’habitats du poisson et de milieux humides seraient également développés par MFQ.
En ce qui a trait au milieu humain, les phases de construction et d’exploitation généreraient une augmentation du niveau de bruit en périphérie de la zone des travaux et des nouvelles installations. L’initiateur du projet compte notamment mettre en place un système de réception, de gestion et de suivi des plaintes permettant à une personne médiatrice d’intervenir auprès des plaignants et d’appliquer les mesures correctives nécessaires. La perturbation de certaines activités de villégiature est également attendue, mais l’instigateur du changement envisage, entre autres, d’améliorer et de changer l’emplacement de certains tronçons du sentier de motoneige et de VTT, en plus de mettre sur pied un comité composé des villégiateurs directement concernés par les nouvelles infrastructures. Enfin, l’accroissement de la production à 15 Mt de concentré de fer par année permettra de créer 375 nouveaux emplois. Ceux-ci, en plus des 500 autres emplois actuels, pourront être préservés grâce au projet d’agrandissement proposé sur une période de dix ans supplémentaires. Pour combler les nouveaux emplois, MFQ favoriserait en priorité l’embauche de travailleurs et d’entreprises de Fermont, des communautés innues de Uashat mak Mani-Utenam et de Matimekush – Lac-John ainsi que de la région de la Côte-Nord.
La deuxième partie de l’audience publique se tiendra à compter du 17 novembre 2020 à 19 h et le dépôt du rapport au ministre de l’Environnement se fera le 18 février 2021 et sera publié dans les 15 jours suivants. Pour plus d’informations, consulter le site internet : https://www.bape.gouv.qc.ca/fr/dossiers/projet-augment-entrepos-residus-steriles-mine-lac-bloom/ et la page Facebook : Bureau d’audiences publiques sur l’environnement.