Course d’endurance à motoneige
La seule femme à avoir terminé le Cain’s Quest
par Éric Cyr
Originaire de North West River au Labrador, Coreen Paul, est la seule femme à avoir pris part à la plus longue course d’endurance à motoneige au monde, le Cain’s Quest en 2012, un événement dominé par les hommes. Cette dernière est aussi la seule motoneigiste féminine à avoir terminé l’épreuve. Elle savait que ce ne serait pas facile, mais voulait relever ce défi d’envergure pour se prouver qu’elle était capable de réaliser cet exploit inégalé qui nécessite une discipline et une détermination exemplaires.
« Je coursais à l’époque avec mon mari, Jason Paul pour l’équipe 39. Nous étions aussi le premier couple à participer à l’événement. Il faut dire que nous avons tous deux passé notre jeunesse en apprivoisant la nature sauvage du Labrador. On coupait du bois, on chassait, on pêchait, on pratiquait le trappage. Nous adorons les grands espaces et les vastes étendues nordiques et nous avons développé une passion pour la motoneige », confie-t-elle.
De l’audace et du courage
Cette dernière savait que le parcours de 2800 kilomètres (cette année-là) serait difficile, mais cela ne l’a pas découragée. Elle et son conjoint sont partis derniers en 35e place et ont rapidement rejoint le peloton des autres concurrents. « Il faut de l’audace et du courage pour entreprendre une telle expédition. Ça nous a pris six jours pour parcourir cette distance. Nous avons été éprouvés par la pluie, le vent, la gadoue (sloche), l’eau de surface, la neige épaisse et la glace avant de franchir le fil d’arrivée. » Coreen Paul a initialement étudié des cartes avec son coéquipier afin de bien planifier son trajet, mais celle-ci explique qu’il faut savoir s’adapter puisque des changements s’imposent parfois et ils ne sont pas toujours favorables. « Nous avons travaillé de concert avec d’autres équipes afin de tenter d’éviter la neige épaisse et les côtes escarpées », confie la motoneigiste qui se considère privilégiée d’avoir eu la chance d’admirer de magnifiques paysages bien que la majorité du parcours s’est effectué dans le noir.
« Je me souviens après être partie de Goose Bay de nuit en direction de la côte nord-est du Labrador, je suis tombée sur une portion du lac Nipashish où des coureurs qui nous précédaient s’étaient embourbés dans de la sloche qui a par la suite gelé à cause de la température froide en créant des tranchées profondes qui m’ont fait perdre le contrôle de mon engin à 60 km à l’heure et je me suis plantée. J’étais alors convaincue que ma motoneige était brisée et que la course était terminée pour moi, mais finalement les dommages se situaient au niveau du levier de l’accélérateur (manette d’accélération) et nous avons improvisé une réparation de fortune avec du ruban adhésif Duck Tape jusqu’à la prochaine étape où notre équipe technique a remplacé la pièce. »
Coreen Paul n’a pas repris les guidons pour entamer cette épreuve depuis, mais conserve de très bons souvenirs de son expérience et des fabuleux décors hivernaux féeriques du panorama nordique du Labrador. Elle s’implique depuis quelques années au soutien technique pour d’autres équipes avec son compagnon de vie et souhaite prendre l’alignement de la prochaine édition du Cain’s Quest pour une seconde fois, cette fois-ci au sein de la première équipe totalement féminine.